top of page

La page du mélomane III - Giuseppe Di Stefano

Dernière mise à jour : il y a 18 heures

C’est un chanteur d’opéra, un ténor italien, né en 1921 dans la province de Catane en Sicile et mort au nord de l’Italie à Milan en 2008.

 L’enfant révèle un don inné, instinctif,  une voix chaleureuse qui porte, sa famille se serre les coudes pour le laisser suivre des cours de chant. Il gagne les concours auxquels il  se présente, poussé par les succès populaires qu’il obtient en se produisant dans les cafés et les restaurants. Ses amis l’appellent « Pippo », le chanteur de charme déplaçant sur lui toute l’exubérance de l’âme italienne.


A partir de 1941, il entame une longue carrière de ténor lyrique qui va de 1941 à 1975. On dit qu’il est né avec un don miraculeux. Il chante juste et fort, l’expressivité est déjà dans  sa voix, c’est le modèle incarné du ténor qui prend à cœur tous les rôles de l’opéra classique.  

C’est donc  avec assurance qu’il fait  ses débuts professionnels au théâtre municipal de sa ville.

En 1946, il fait le tour du répertoire lyrique occidental :

  • Il joue Des Grieux dans Manon de Jules Massenet.


  • Il chante dans Les  pêcheurs de perles de  Georges Bizet.




  • Il chante dans Pagliacci de Leoncavallo.




  • Il se singularise dans  Faust de Gounod en émettant un contre-ut  spectaculaire dans « Salut, demeure chaste et pure »

qui s’achève sur un diminuende en voix mixte impeccablement maîtrisé dont l’effet est irrésistible. ( affirme Christian Peter, baryton basse et enseignant, art du chant )




  • Le jeune Di Stefano interprète  le répertoire italien, Verdi, Puccini, Leoncavallo. S’il est un "No, Pagliaccio no son" inoubliable,  son « E lucevan le stelle »  dans la Tosca de Verdi est bouleversant  au point  qu’il est réclamé pour le rechanter.




  • Il est Rodolfo dans La bohème de Puccini.




Le duo de Rodolfo et de Mimi se termine par le cri de Rodolfo qui perce  les cœurs  d’une émotion relayée par la tension dramatique de la musique.

Le chef d’orchestre et critique musical Gianandrea Gavazzeni  considère Di Stefano comme un grand interprète de Puccini.


Le ténor italien entreprend une carrière internationale. Les théâtres des capitales internationales l’invitent à cor et à cris. En 10 ans,  il a  déjà chanté  tout le répertoire de l’opéra.


En 1951, il rencontre Maria Callas avec qui il produit plusieurs concerts et des enregistrements. C’est une association artistique qui les unit jusqu’à leur séparation en 1974.

Ses problèmes de voix, de baisse de réactivité des cordes vocales maintes fois sollicitées le cantonnent ensuite dans  des rôles moins élaborés.

Un accident suite à une agression en 2004 le laisse invalide. Il meurt en 2008 à Milan.

 

 Le démarrage fulgurant de Giuseppe Di Stefano


 Il a 21 ans. Ses prestations ont été plusieurs fois plébiscitées, bissées en concert pour le timbre de sa voix, l’expressivité tonique et captivante de sa diction. Sa présence scénique en fait un personnage atypique. Il travaille à l’instinct, une fois le rôle assimilé, il est connu pour être un chanteur né, expression qui le cheville au corps. Il est connu pour le souffle  de sa voix qui lui permet d’aller d’un contre-ut à un pianissimo sans reprendre son souffle.

Mais en 1960, il a fait le tour de sa voix, le tour du répertoire auquel sa voix est habituée. Le ténor lyrique a joué tout le répertoire lyrique occidental.

 Un autre chanteur lyrique arrive en scène. C’est Luciano Pavarotti, plus jeune, plus habitué à interpréter des rôles que Di Stefano ne parvient pas à maîtriser. Pourtant Pavarotti fait de Di Stefano son idole. Dans le paysage lyrique, d’autres voix apparaissent comme le ténor espagnol José Carreras,  une voix ardente, solaire.

Di Stefano laisse de lui l’image d’un ténor lyrique qui a tenté d’élaborer et d’aborder des rôles qui lui résistaient. De guerre lasse, il se résigne à rester dans ses arpents pendant que d’autres ténors prennent le devant de la scène.


 Le déclin


Sa voix s’essouffle, il perd ses repères.

Il se contente dès lors de chanter dans des concerts jusque dans les années 1990. Commencée à l’âge de 25 ans, sa carrière s’immobilise, est en perte de vitesse.

Son caractère fanfaron et gai luron est tempéré par sa voix qui stupéfie ceux qui l’entendent. Di Stefano a travaillé le chant, les airs d’opéra qui s’aimantent à sa voix. Il  bloque sur les tessitures qu’il ambitionne de développer sans succès.

Sa voix au bout de 15 ans de services subit des altérations. Il faut le dire aussi que sa voix est mise à mal  par le rythme de vie du ténor qui enchaîne les représentations tous les soirs. Il voyage beaucoup, accepte sans discernement les rôles peu adaptées à sa voix.  Son emploi du temps devient infernal. Les organisateurs redoutent ses retards, ses  égarements.

 A partir de 1965, c’est le déclin.

 En 1973, il n’y a plus rien de l’étoile qui a marqué les années 1950.

Le mode de vie du chanteur porté par des habitudes désastreuses a diminué sa résistance aux excès médiatiques. Son corps ne réagit plus aux sollicitations infernales que  lui impose le ténor.

En 1991, il quitte la scène, s’installe au Kenya où il est agressé en  2004, qui le laisse invalide et impotent. 



Le destin de Giuseppe Di Stefano


La nature lui a donné une voix pure, claire, distincte et un physique résistant au stress  d’une vie de chanteur adulé par une foule conquise par ses interprétations.  

S’il y a eu une splendeur météorique, c’est grâce à son génie d’avoir su canaliser ses dons et les développer au mieux. La passion qui se dégage de sa voix qui cisèle les mots, reste le miracle d'une résonance intérieure qui subjugue.

 Le mélomane

 Juin 2025 

Comments


bottom of page