La page de Patricia - Au vent naguère

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Qui n'a pas rêvé un jour de voler comme un oiseau, au plus haut du plancher des vaches, pour voir notre Monde à 360° ?

C'est à quoi pensait Rémi en ouvrant un album de famille consacré à son oncle, un héros ordinaire de la seconde guerre mondiale. Pourtant rien ne le prédestinait à cet avenir, mais un événement familial et la guerre allaient changer son destin. Pierre était un adolescent destiné à devenir un militaire dans le Génie comme son père. Enfant il adorait les jeux de construction et la technique du pont-levis des châteaux forts le fascinait en particulier. Alors il imaginait des ponts mobiles pour l'ouverture de voies nouvelles, pour se frayer un chemin et se défendre contre l'ennemi. Après son Bac, il intègrerait, c'était sûr, l'école des Arts et Métiers à Paris, prêt à quitter sa famille.

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Mais un événement allait bouleverser sa vie et l'amener à prendre une autre décision : sa mère qu'il adorait tant, un matin, eut une crise cardiaque et on ne put la réanimer.. Pierre était effondré; n'ayant plus l'amour indéfectible maternel qui le suivait où qu'il aille, il tomba comme dans un gouffre, et rien ni personne n'arrivait à le tirer de ce marasme.. Dans sa chambre un soir, en regardant les photos au mur d'avions et de pilotes de tout bord, il eut comme un déclic : il ne serait pas pilote, non, mais parachutiste ! Au grand dam de son père qui essaya de l'en dissuader, il devança l'appel malgré tout et se retrouva à l'école des paras pour y faire ses classes. Il adorait cette tenue militaire de camouflage, ce treillis qui lui donnait fière allure étoffant un peu sa silhouette d'adolescent androgyne. Ici, il ne pensait plus, ne ruminait plus, ne pleurait plus. Il vivait chaque jour dans l'ombre de l'armée avec ces troufions qui allaient être ses potes. Les entraînements, certes difficiles, lui donnaient l'impression d'être toujours vivant et dans le ciel il se sentait près de sa mère et çà le rassurait, et çà lui donnait du courage ! Les sauts renouvelés quotidiennement le menaient  petit à petit vers  la voie au  professionnalisme avec un courage exacerbé à chaque fois. -Go...go...go...! C'était un défilé d'hommes volants, le stick comme ils disent, avec le trac des comédiens sur la scène du ciel !

Comme cela devait être grisant de flirter avec l'air pur, imiter les ailés étonnés sans doute de voir ces drôles de bipèdes, se dit Rémi ! Et il continua son exploration en images...

Pierre, après quelques chutes ratées, quelques bleus par-ci par- là, maîtrisait parfaitement l'art du saut et il était l'un des meilleurs pour ne pas dire le meilleur !

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C'est ainsi qu'à la fin de la guerre, après le débarquement de Normandie, il fut choisi parmi les élites pour une mission spéciale aux Pays-Bas. il fallait une équipe de choc pour surprendre les allemands et leurs V2 mobiles prêts à frapper l'Angleterre, et il faisait partie du lot. Sa soif de donner un sens à la vie se précisait enfin, même si le danger compromettait la sienne et il fallait tout donner pour la liberté au bout du chemin. Il fut décidé qu'ils seraient largués de nuit, avant le lever du jour, et ils étaient tous prêts à affronter le pire. Le vent, d'abord calme lors de leur saut, d'un coup se mit à souffler si fort que Pierre fut dévié de sa trajectoire et eut beaucoup de mal à maîtriser les cordes de son parachute. De gros nuages agglutinés en une seule masse soudain crachèrent leur eau en un rideau compact au dessus d'un moulin à vent retenant ses ailes. Le but était atteint, Amsterdam et ses polders surmontés de moulins qui gardaient le pied au sec s'étalait en amont de la mer.. Mais pour la première fois, Pierre se mit à paniquer. Alors qu'il manœuvrait pour atterrir, son parachute se bloqua et il dut sans tarder actionner le ventral... Il aurait dû tomber regroupé avec les autres dans la plaine environnante mais le mauvais temps en avait décidé autrement et il était tombé là, en plein marécage, trempé jusqu'aux os! Tant bien que mal il se hissa et se traîna jusqu'au moulin le plus haut habité par une famille à l'accueil chaleureux.

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 Bientôt, revigoré, il put rejoindre les siens en pleine action déjà de conquête du territoire aidés par les blindés pour dézinguer le 3ème Reich. Il arbora fièrement son béret rouge le jour de la remise de médaille, fier d'avoir participé à une mission en vue de la victoire finale.

Rémi referma l'album photo en souriant. Il venait de revivre l'épopée de son oncle en ces temps de guerre où chacun pouvait participer à sa façon à la lutte contre les forces du mal comme les ailes du moulin luttaient contre le vent mauvais... Pierre lui avait ouvert la porte du courage, appris à ne jamais rien lâcher même au prix de grandes difficultés. Rémi serrait entre ses mains le béret à l'insigne tant aimé, et dont la symbolique sonnait plus fort aujourd'hui encore : << Qui ose gagne >>

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La page de  Patricia

Sur une présentation de Ginette Flora

 Septembre 2025