top of page

La page de Marcel Faure- Poésies Novembre 2024

ree

Onagre

 

Fleur ouvrant son cœur

À heure fixe

Enfin à l'heure du couchant

Qui change chacun sait

Avec l'été déclinant

Cette frénésie jaune

Cherche un amant

Un insecte baraqué ferait l'affaire

Et de l'ombre naissante jaillit l'amoureux

Pour combler de sa trompe

La belle onagre

 

**

 

Le vent par la fenêtre ouverte

Bizarrement s'engouffre dans ma tête

Et c'est la mer là-bas qui me berce

La rumeur des quais et les bateaux qui tanguent

Je m'en vais

 

Suis-je assez loin pour t'oublier

Les îles se ressemblent

Et les nuages filent

Tournent autour de la terre

Et te cherchent

En vain

 

Au long des quais des cheveux flottent

Sous l'œil des marins en partance

Sérieux comme des clowns tristes

Pour crier ton nom j'ai pris un porte-voix

Le grand large absorbe ton souvenir

Je ferme la fenêtre

Je somnole

 

**

  

La fenêtre qui s'ouvre

Et le vent se balance

Au rideau de la chambre

 

**

 

La source qui chante

Qui chante dans la cour

Rafraichit la maison

 

Au cœur de l'été

C'est un éclat de rire

Résonnant sur les pierres

 

L'arbre se dandine

Sous la brise légère

Les oiseaux chantent aussi

 

Et dans le ciel si clair

Le matin frise l'air

D'un zeste de rosée

 

**

ree

  

Ah vivre d'un seul jet

 

Un oiseau mécanique

Musique les heures

Aux caresses trompeuses

 

Un livre pages blanches

Attend des plumes

Pour agrandir le monde

 

Et l'horizon qui tourne

Sur l'axe des saisons

Aveugle les voyants

 

Desnos paupières clauses

Choisit quelques mots

Dans les éclats de voix

 

L'univers surréel

Dispute un nouveau jeu

Pour casser l'habitude

 

En grand charivari

Conspuer le bourgeois

Spectacle dans le spectacle

 

Ah vivre d'un seul jet

Dans un monde nouveau

Naître d'un seul poème

 

**

 

Villégiature

 

La ville-décors tente de rafraîchir

Par de maigres arbustes

La fournaise du jour

 

Il fait un temps à ne pas mettre un touriste dehors

 

Graissée à l'ambre solaire

La plage somnole

 

Dans un ciel d'or fané

Le soleil mourant

Tarde à s'effacer

 

Odeurs de poissons et de mazout

La mer prête à bouillir

Fricasse une drôle de soupe

 

Le ciel ensanglanté

Condescend à noircir

Mais qui pourra dormir

Dans l'étuve des chambres

 

**

ree

 

  Au milieu des terres

Ile liquide

 

Un bras oublié

Déploie son coude

Eau libellule

Menu fretin

 

Un oiseau rit

D'un facile festin

 

Tout près

Ça craque

Un arbre casse du bois

 

Loin des crues

L'eau n'est que pluie

Qu'un rien évapore

 

Au loin le fleuve

Se forge un nouveau lit

**

Berges alanguies

 

Deux branches sous le vent

Baignent leurs feuilles

D'un trop plein de soleil

 

Un couple immobile

Rivalise d'amour

Mots doux dans le courant

 

Un petit pont reçoit

Des messages éternels

Qu'il jalouse en silence

 

Immobiles aussi

Sur la piste des fleurs

Des insectes badinent

 

Un nuage qui baille

Déploie son ombre douce

Sur le miroir de l'eau

**

 

Salle des pas perdus

Amours croisés

Sitôt envolés

 

Quai des grands départs

Une voix inconnue

Annonce mon désastre

 

Aigrette d'un chapeau

Est-ce toi là-bas

Aux bras d'un quidam

 

Pagayant dans la foule

Pataud avec mes rêves

Je ne sais où aller

 

**

 

Ainsi le fleuve

 

Pont des amours

Pont des suicidés

Pont du diable

Pont des soupirs

 

Presque pataud

Avec nos sentiments

 

Nous engage à la mer

 

Une barque portée par le courant

Passe sous une arche

 

Discrètement

Suivre le fil de l'eau

 

**

ree

Une barque clapote

L'eau roucoule sa chanson de mer

Roulez galets

La route est encore longue

 

Marchant sur le halage

Le randonneur compte en semaines

Traces stridentes

Un oiseau file

Grand ouest

 

**

 

Entre verts et bleus

Les courants chavirent

Et puis le soleil

Fleuve d'or

Bancs de sable

Mirages d'îles

L'eau s'égare

Labyrinthe des bras

Berges provisoires

Herbes nonchalantes

 

Une mouette trompeuse

Crie à la mer

 

Chaleur pesante

Le fleuve alangui

Transpire un brin de brume

Espère l'orage

Grondements

Ce n'est qu'un train

Que la moiteur étouffe

 

**


Boîtes à livres

 

Dans les boîtes à livres

Glaner quelques ouvrages

Et découvrir le choix des autres

Mis au rebus

Pour toi qui as lu

Ces pages avant moi

Quelques mots récupérés

Au gré de mes humeurs

Ils ne sont plus tout neufs

Mais le vent dans ma tête

Est toujours frais

Grand large des pages

J'ai hissé les voiles

Partons

 

**

 

Pour habiter le monde

Écrire le minuscule

Qui comble les vides

 

Pour créer l'équilibre

Poser le grain de sable

Du bon coté de la balance

 

Entre les bras du jour

Déposer un sourire

Pour conforter l'amour

 

Des mots peut-être

Mais dire ce que l'on est

Contre les vents contraires

 

Ailes de papillon

Légende colibri

N'être qu'un grain de sable

 

Mais pleinement

Sans plus tergiverser

Agir pour s'estimer

 Marcel Faure

"Portes" -Anthologie- Lisière Editions - Nov 2024

ree

1 commentaire


viviane parseghian
11 déc. 2024

La plume de Marcel est un bonheur de poésie ...à résonner au coeur longtemps !❤️

J'aime
bottom of page