La page de Marcel Faure Poésies Juin 2024
- Ginette Flora Amouma

- 7 juil. 2024
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 25 janv.
Maisons pétrifiées
La mer trousseuse de falaises
Toute d'écume braillant
Des embruns en ordre de bataille
Ratissent le paysage
À gorge déployée
La pluie assourdissante
Maugréant des prières
Des hommes croient encore
Qu'ils seront épargnés
Aux ordres de leurs désirs
Ils ont tout fait pourtant
Pour qu'il en soit ainsi
La mer sans remord
Embarque un trait de côte
**
Chauffé à blanc
Dans l'air saturé
Il ourdit des complots
Le réel plein d'épines
Nourrit quelques rancunes
Envers les hommes
Et toi tu vaporises
Une odeur de forêts
Pour adoucir l'azur
Entre l'enfer et nous
La course est lancée
L'issue est incertaine
Arbre après arbre
Tu persistes à planter
Tes petites gouttes vertes
**
Pylônes électriques
Tour Eiffel des champs
Qui agrafent les collines
Je marche et tous mes poils
Se dressent à votre approche
Vite passer au large
Ces chemins d'énergie
Tracent leurs lignes droites
Et me laisse indécis
Les volts de ma vie
Sont-ils si gourmands
Pour rayer la campagne
**
Bord de mer au musée
Offrant ses coquillages
Aux regards des méduses
Elles passent médusées
Photographiant les flots
Un mur pour horizon
La vague aux reflets d'or
Etranglée de pixels
Se meurt dans un boitier
La femme au chevalet
Ténébreuse et sauvage
Sauve un coin de marée
**
Salut la compagnie
Vie à crédit
L'ordinaire des jours
Sous hypothèque
La terre prête et reprend
La mort pour solde de tout compte
Visibilité presque nulle
Ô mes sources profondes
J'écris pour sauver l'instant
Du naufrage commun
Souvent je croise des frères
Qui rament qui écopent
Je ne suis pas seul
Mes conflits intérieurs
Traversent des tempêtes
Que de guerres perdues
Pour un peu de confort
Se mutiler du superflu
Etre sans intérêts
Equilibrer les comptes
Allégé je flotte
Salut la compagnie
Vous êtes si nombreux
À aimer cette vie
Non je ne suis pas seul
**

Défilé de citrons
Sous un air mimosa
Carnaval
Masques d'ici
Masques d'ailleurs
Les hommes se cachent
Pollen
**
Défit aux lois élémentaires
La pesanteur s'obstine
À me clouer au sol
Souvent le ciel m'enchante
D'un nuage qui passe
Et l'oiseau qui me nargue
Je l'ai peint sur la toile
Sans plume et sans duvet
Ah il fait moins le fier
J'ai posté sur le net
Son portrait tout rôti
Et quand volent mes mots
Je me sens plus léger
**
Premier baiser
Ce premier baiser que j'avais espéré
La mer me l'a donné de sauvage façon
Le jour où sur tes lèvres
J'ai posé les miennes
Oh ce goût de sel
Et ton corps allongé
Attendait que je souffle
Mon trop plein de passion
Pour remplir tes poumons
Tu n'avais rien demandé
Et ton cœur en cavale
Lorgnait du coté des abysses
T'en souviens-tu de mon premier baiser
Où la peur de perdre
Se mêlait au désir de t'aimer
Oh ce goût de la vie
La stupeur de ton souffle
S'accrochant à ma bouche
Jusqu'à t'ouvrir les yeux
Sur les miens éperdus
Ne fais pas l'étonnée
Je t'ai toujours aimée
**
La maison dormira
J'arriverai sans bruit
Avec ma faim de toi
La lumière de ta nuit
Guidera mes gestes
Comme aujourd'hui
Je crois aux boucles
À l'amour enlacé
À toi qui me dénoues
Murs et portes fermées
Je les traverserai
J'irai jusqu'à tes songes
Tout habillé de toi
Je serai ton fantôme
Mais en chair et en os
**
J'aspire la poussière de ma nuit
Quelques rêves fantômes
Cherchaient à se glisser
Dans la clarté du jour
**
Une rue boules de neige
Éclate de rire
Enfants
**
Gouttes blanches
Onde silencieuse
Neige
**
Mon bonheur sur la table
Fragrance des beaux jours
Mon bonheur sur la table
Que fais-tu là vieux frère
Sans cesse à remettre le couvert
L'avenir déglingué
Me laisse incrédule
Mon passé me rassure
La vie rien que la vie
La belle comme la pire
Je n'ai pas toujours ri
Mais toujours elle est là
À me réconforter
Cachée au fond de moi
Cette étoile qui brille
Je n'ai qu'un bout de ciel
Qui palpite fragile
Rien trois fois rien
Un sourire que je croise
Un mot tendre entendu
Un livre de hasard
Les mots m'ont façonné
Un univers refuge
Ermite provisoire
Dans la foule des hommes
Mon bonheur sur la table
Ouvre son paysage
Me voilà rassuré
Je m'assieds et j'écris
**
Évasion
Mon cœur s'échappe de ma poitrine
Il veut te suivre
Difficile de le rassurer
Je grelotte de terreur
Vais-je mourir de ton absence
L'ascenseur du facteur
Pour vider la boîte
Distribution de frissons
Quoi cinq minutes à peine
Et je tremble déjà
Chuintement des portes
Et mon cœur boomerang
Réintègre sa cage d'os
Te voilà revenue
J'en suis tout essoufflé
**
Au vernissage de l'hiver
Les toits s'exposent
Monochrome blanc
Petits points noirs
Des passants surpris
Soufflent des nuages
Est-ce leurs larmes
Est-ce leurs rêves
Ou un trop plein d'été
Un vieux bonhomme de neige
Arrache une plume d'ange
Pour signer le tableau
Galerie éphémère
Que des enfants visitent
Le regard ébahi

Marcel Faure
Juin 2024




Merci du partage ... les poèmes de Marcel, je les lis je les relis et j'adore..les images, les mots posés, l'audace aussi ... la liberté poétique ... bref du bonheur de plume à goûter en douceur !❤️