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La page de Marcel Faure Poésies Juin 2024

Dernière mise à jour : 25 janv.




Maisons pétrifiées

La mer trousseuse de falaises

Toute d'écume braillant

 

Des embruns en ordre de bataille

Ratissent le paysage

 

À gorge déployée

La pluie assourdissante

 

Maugréant des prières

Des hommes croient encore

Qu'ils seront épargnés

 

Aux ordres de leurs désirs

Ils ont tout fait pourtant

Pour qu'il en soit ainsi

 

La mer sans remord

Embarque un trait de côte

**

 

Chauffé à blanc

Dans l'air saturé

Il ourdit des complots

 

Le réel plein d'épines

Nourrit quelques rancunes

Envers les hommes

 

Et toi tu vaporises

Une odeur de forêts

Pour adoucir l'azur

 

Entre l'enfer et nous

La course est lancée

L'issue est incertaine

 

Arbre après arbre

Tu persistes à planter

Tes petites gouttes vertes

**

 

Pylônes électriques

Tour Eiffel des champs

Qui agrafent les collines

 

Je marche et tous mes poils

Se dressent à votre approche

Vite passer au large

 

Ces chemins d'énergie

Tracent leurs lignes droites

Et me laisse indécis

 

Les volts de ma vie

Sont-ils si gourmands

Pour rayer la campagne

 

**

 

Bord de mer au musée

Offrant ses coquillages

Aux regards des méduses

 

Elles passent médusées

Photographiant les flots

Un mur pour horizon

 

La vague aux reflets d'or

Etranglée de pixels

Se meurt dans un boitier

 

La femme au chevalet

Ténébreuse et sauvage

Sauve un coin de marée

 

**

 

Salut la compagnie

 

Vie à crédit

L'ordinaire des jours

Sous hypothèque

La terre prête et reprend

La mort pour solde de tout compte

 

Visibilité presque nulle

Ô mes sources profondes

J'écris pour sauver l'instant

Du naufrage commun

 

Souvent je croise des frères

Qui rament qui écopent

Je ne suis pas seul

 

Mes conflits intérieurs

Traversent des tempêtes

Que de guerres perdues

Pour un peu de confort

 

Se mutiler du superflu

Etre sans intérêts

Equilibrer les comptes

Allégé je flotte

 

Salut la compagnie

Vous êtes si nombreux

À aimer cette vie

Non je ne suis pas seul

**

 



ree

Défilé de citrons

Sous un air mimosa

Carnaval

 

Masques d'ici

Masques d'ailleurs

Les hommes se cachent

 

Pollen

**

 

Défit aux lois élémentaires

 

La pesanteur s'obstine

À me clouer au sol

 

Souvent le ciel m'enchante

D'un nuage qui passe

 

Et l'oiseau qui me nargue

Je l'ai peint sur la toile

 

Sans plume et sans duvet

Ah il fait moins le fier

 

J'ai posté sur le net

Son portrait tout rôti

 

Et quand volent mes mots

Je me sens plus léger

 

**

 

Premier baiser

 

Ce premier baiser que j'avais espéré

La mer me l'a donné de sauvage façon

Le jour où sur tes lèvres

J'ai posé les miennes

 

Oh ce goût de sel

 

Et ton corps allongé

Attendait que je souffle

Mon trop plein de passion

Pour remplir tes poumons

 

Tu n'avais rien demandé

Et ton cœur en cavale

Lorgnait du coté des abysses

T'en souviens-tu de mon premier baiser

Où la peur de perdre

Se mêlait au désir de t'aimer

 

Oh ce goût de la vie

 

La stupeur de ton souffle

S'accrochant à ma bouche

Jusqu'à t'ouvrir les yeux

Sur les miens éperdus

 

Ne fais pas l'étonnée

Je t'ai toujours aimée

 

**

 

La maison dormira

J'arriverai sans bruit

Avec ma faim de toi

 

La lumière de ta nuit

Guidera mes gestes

Comme aujourd'hui

 

Je crois aux boucles

À l'amour enlacé

À toi qui me dénoues

 

Murs et portes fermées

Je les traverserai

J'irai jusqu'à tes songes

 

Tout habillé de toi

Je serai ton fantôme

Mais en chair et en os

 

**





J'aspire la poussière de ma nuit

Quelques rêves fantômes

Cherchaient à se glisser

Dans la clarté du jour

 

**

 

Une rue boules de neige

Éclate de rire

Enfants

 

**

 

Gouttes blanches

Onde silencieuse

Neige

 

**

 

Mon bonheur sur la table

 

Fragrance des beaux jours

Mon bonheur sur la table

Que fais-tu là vieux frère

Sans cesse à remettre le couvert

 

L'avenir déglingué

Me laisse incrédule

Mon passé me rassure

La vie rien que la vie

 

La belle comme la pire

Je n'ai pas toujours ri

Mais toujours elle est là

À me réconforter

 

Cachée au fond de moi

Cette étoile qui brille

Je n'ai qu'un bout de ciel

Qui palpite fragile

 

Rien trois fois rien

Un sourire que je croise

Un mot tendre entendu

Un livre de hasard

 

Les mots m'ont façonné

Un univers refuge

Ermite provisoire

Dans la foule des hommes

 

Mon bonheur sur la table

Ouvre son paysage

Me voilà rassuré

Je m'assieds et j'écris

 

**

 

Évasion

 

Mon cœur s'échappe de ma poitrine

Il veut te suivre

Difficile de le rassurer

Je grelotte de terreur

Vais-je mourir de ton absence

 

L'ascenseur du facteur

Pour vider la boîte

Distribution de frissons

Quoi cinq minutes à peine

Et je tremble déjà

 

Chuintement des portes

Et mon cœur boomerang

Réintègre sa cage d'os

Te voilà revenue

J'en suis tout essoufflé

 

**

 

Au vernissage de l'hiver

Les toits s'exposent

Monochrome blanc

 

Petits points noirs

Des passants surpris

Soufflent des nuages

 

Est-ce leurs larmes

Est-ce leurs rêves

Ou un trop plein d'été

 

Un vieux bonhomme de neige

Arrache une plume d'ange

Pour signer le tableau

 

Galerie éphémère

Que des enfants visitent

Le regard ébahi

ree

Marcel Faure

Juin 2024

 

1 commentaire


Merci du partage ... les poèmes de Marcel, je les lis je les relis et j'adore..les images, les mots posés, l'audace aussi ... la liberté poétique ... bref du bonheur de plume à goûter en douceur !❤️

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