La page de Marcel Faure Poésies Juillet 2024
- Ginette Flora Amouma

- 7 août 2024
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 25 janv.
Jusqu'où s'en va le jour
Quand les hommes titubent
Bergers perdus
Aux gestes graves
Vos yeux scrutent le ciel
Votre étoile a disparu
Avec une main d'oiseau
Je le suis à la trace
Saurais-je chanter plus fort
Que la rumeur des villes
J'ai dans le cœur
Quelques hommes de bien
Mère Térésa Gandhi
Mon voisin des restos
Eux marchent droit
Ont toujours marché droit
Ils portent le ciel
Jusqu'aux aubes nouvelles
Le jour n'est pas si loin
Berger ferme les paupières
Le jour est là tout près
Allez marchons
**
Matin en équilibre
Au bord de ma fenêtre
La nuit s'épuise
Corps récalcitrant
Je glisse pourtant
Au bas du lit
Poète halluciné
Arraché au sommeil
Je tangue sur le parquet
Il est bien là le bougre
À me sonner matines
Pour un brin de clarté
Allez dehors bonhomme
Va renifler la vie
Et l'odeur des forêts
**
Frémissements du printemps
La canicule se frotte les mains
Bientôt mon tour
**
Salon tropical
Entre des lianes lierre
Glisse mon arrosoir
Pluie savante
À la goutte près
Les plantes auront leur dû
Il manque un perroquet
Qui me dirait mon fait
Jardinier d'opérette
Ivre d'un pays vert
Gavé de chlorophylle
Je ne l'entendrais pas
**
T'inventer des fleurs
Parfums nouveaux
Décrochés des songes
Ballerines sautillantes
Des sauterelles d'or
Pointes et entrechats
Elles dansent sous les tiges
Et les couleurs s'animent
De reflets d'ailes
Enrichir chaque jour
Ton herbier imaginaire
D'espèces improbables
Ton sourire vire au beau
Il pleut de la musique
Dans tout l'appartement
**
Marin des rues
Ivre de peu de choses
Tu sais le péril
Des vagues de plastique
Songe aux passagers
À la fantaisie des rencontres
Aux îles de squares
Et à ses bacs à sable
Accroché à un banc
Tu tiens la barre du jour
Et si personne ne sombre
C'est grâce à toi capitaine
Cette petite goutte d'eau
En équilibre sur l'abîme
C'est toi qui nous maintiens
Par tes petits gestes écolos
Te voilà promu capitaine
Et décoré d'un poème
Marin qui joue au colibri
Contre vents et marées
**
Silence de faïence
Que brise un cri
Nuit de grenailles
L'horizon bousculé
Artifices de guerre
Ici les morts se reposent
Sous le calicot des drapeaux
Des superlatifs de circonstance
Dessinent des vies
Qui n'existent plus
Sur des marbres morbides
Se fracassent des pleurs
Le malheur est immense
Quelle connerie la guerre
Mais il faut se défendre
Sur le front du silence
Cavale la vengeance
La nuit retient la peur
**
Je veux du bleu
Du bleu qui serait ciel
Qui brulerait les nuages
Qui passent dans tes yeux
Des oiseaux maintenant
Qui s'envolent et t'emmènent
Vers d'autres continents
Où ton rêve les porte
Et mes graines de mots
Que tes lèvres prononcent
Dispersées pour que naissent
Les espoirs qui m'habitent
Des arbres perroquets
Récitant des poèmes
Diraient l'aube nouvelle
Comme autant de merveilles
**
8 avril 2024
Vendredi confisqué
J'écris le soleil
Pour un peu de clarté
La couche externe des choses
S'agite un instant
Mais elles pleurent elles pleurent
Les femmes irlandaises
Enfermées dans leur cuisine
Regardent passer l'avenir
Le poids des croix
Pèse sur leurs cercueils
Qu'un vote vient de clouer
Elles pleurent elles pleurent
Et ma clarté s'efface
Le soleil est en berne
**
Détenu derrière les nuages
Timide soleil de mars
Bientôt le printemps
Chantera de toutes ses fleurs
**
Dans l'air tremblé
Le temps nous regarde
Par les vitres sans tain
**
Le vent d'ici
Fouette comme un fou
Des flocons voltigeurs
Qui percutent en silence
Les maisons emmitouflées
Vraiment il est insupportable
Des hommes blancs de neige
Se cassent et meurent
Devant les portes fermées
La cécité nous hante
Les fenêtres soupirent
Le vent cingle les âmes
À les faire geler
Quand les corps se réchauffent
Devant la cheminée
**
Farandole de gouttes
Une rivière festoie sous l'orage
Et gonfle son jabot d'importance
C'est l'heure de gloire des petits rus
Une seule règle
La pente
Déjouant les embâcles
Partis à l'abordage des fleuves dégarnis
Au pas de charge
Sous les roulements du ciel
Ils débordent de fougue
Noces tourbillonnantes
Avec les grands ils se marient
Oh flûte une éclaircie
La fête était trop courte
Un arc-en ciel dément
Coupe toute envolée
Alors ils prient
Nuages noirs
Baissez votre culotte
Éclatez-vous
Grondez
Pissez pour nous les petits rus
**
Exporter l'aube jusqu'au poème
Esquisse de rosée
Des mots incarnés s'évaporent
Saveur de fraise des bois
Sur lit de feuilles tendres
Creuse le jour petit homme
Découvre le cœur des choses
Et si l'envie t'en prend
Va taguer des aurores
Sur les murs gris des villes
**
Au delà de la porte
Pays de collines
À leurs pieds
Le fleuve ronronne
Prêt à griffer
**
Parmi les balançoires
Sous le portique
Un enfant règne
Sur une flaque de bonheur
Éclats de rire et de soleil
**
Aux portes du ciel
Un grand corbeau noir
Raye le bleu
De sombres présages
Marcel Faure
Juillet 2024





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