La page de Marcel Faure Poésies Août 2023
- Ginette Flora Amouma

- 26 sept. 2023
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 26 janv.
Les jours rebelles
Que nul poème n'éclaire
Mesurent ma tristesse
J'allume la radio
Le monde résonne en boucle
Avec des mots d'emprunt
Notes grises
Grincements électro
La musique ferraille
Bercé par l'apathie
J'écoute sans entendre
Une météo molle
Changer de station
Ou me bouger le fion
Allons voir s'il danse
Se frotter au vent
Se laver sous la pluie
Et se sécher au pré
**
Zénith
L'ombre a fui au zénith
Tisons du soleil
Sur la peau de midi
**
Célébration
C'est un mois multicolore
Un coquelicot ouvre les yeux
Et la main qui l'effleure
Délie un pétale
Plus loin le myosotis
N'oublie pas que le ciel
Est aussi bleu que lui
La matricaire parfois
Se prend pour marguerite
L'empreinte du printemps
Persiste et signe
Dans la lumière vive
Les couleurs se régalent
**
Ainsi dans la lumière
Les mots de l'âme
Sont des diamants bruts
Chargés de senteurs
Les trésors du cœur
Ont une belle allure
Et sur les lèvres
Qui les distillent
Quelle émotion
**
Une bague éphémère
Au diamant de rosée
Absorbe la lumière
**
Sertie de beauté
Dans son écrin vert
Une fleur
**
Je croque la lumière
Pour mon cœur ébloui
Résonnances célestes
**
J'appareille la nuit
Vers des aubes incertaines
Dans le silence tendre
Tes baisers se promènent
Au bord de ma conscience
Et mes doigts sur ta nuque
Pianotent des escales
Repeindre nos amours
Dans un bar à sirènes
Du bleu profond des rêves
Au centre du bonheur
L'aurore se dessine
**
Je longe la Loire
Près des berges tranquilles
L'instant libellules
Sous mes semelles s'enfuit
Un petit peuple d'insectes
Suis-je un monstre
De mon pas trop lourd
J'écrase sans vouloir
Un escargot trop lent
L'homme est si pataud
Face au monde de l'herbe
Il lui faudrait voler
Mais voler c'est l'oiseau
Qui pêche de son bec
Sa pitance de mouches
Nos empreintes terribles
S'inscrivent dans la vie
Et me tirent des larmes
**
L'autre moitié du corps
Le tien
Entre les deux
L'instant fébrile qui nous rapproche
Tout s'éclaire
Plus d'ombres sur ma vie
Nous-je
Toi-je
À l'intérieur de nous
Il fait bon
**
Matin blanc
L'horizon berce une étoile
Qui tarde à fermer l'œil
Un troupeau frileux
Se serre sous un arbre
Et moi gavé de rêves
Devant ma forêt de stylos
Sois rassuré l'oiseau
Je te dessinerai
Après le premier café
Si les muses m'enflamment
Je porterai ton chant
Au plus haut du soleil
**
L'ambassade de l'arbre
Écoute sous son ombre
Nos querelles futiles
Il suggère un baiser
Une sieste canaille
Fera le reste
Un oiseau confidence
S'en va porter parole
De l'amour retrouvé
**
Cheveux ébouriffés
Je joue l'épouvantail
Pour sauver le jardin
Furibond je m'énerve
Je crie à contre vent
Quelques noms d'oiseaux
De ceux que les enfants
Accusent oh papy
Tu as dit un gros mot
Les bougres à plumes
Font fi des invectives
Le bec rempli de graines
Puis à la verticale
S'en vont quérir ailleurs
Sans remercier d'un chant
**
À convoquer l'aurore
Au creux de mes rêves
J'attise un poème
Et c'est un chevreuil qui bondit
Un coq qui appelle
Un arbre qui s'ébroue
Sur le long chemin blanc
Des idées en maraude
Surgissent et se révèlent
Sur la trame du vent
S'inscrit une hirondelle
Et j'ai le cœur léger
Sur le souffle d'un mot
Une poignée de soleil
Éclaire la journée
**
S'arrimer au ciel
Se fondre nuage
Et convoquer la pluie
Des hommes processions
Invoquent un dieu unique
Un seul n'y suffit pas
Elles passent les nuées
Rendant le bleu béni
Des béats assoupis
**
La danse des jours et des mots
Je l'appelle poésie
Mes pieds sont en fête
Et ma tête fredonne
Un quatorze juillet
Comme un vingt quatre juin*
Lundi mardi mercredi
Jeudi vendredi samedi
Et dimanche aussi
* Fête nationale du Québec
L'évidence du ciel
Saison après saison
Enchante le printemps
À souffle que veux-tu
Un vent à la main verte
Ordonne l'avenir
Et la terre généreuse
Prépare protège et lève
D'autres générations
Un plumet délicat
Vole de ligne en ligne
Paraphant son poème
**
Pierres silencieuses
Indifférence minérale
Ou réprobation
Orgueilleuse mémoire
Qui cache son histoire
Au sein des concrétions
Ciselées de soleil
Dans les pentes escarpées
Il faut vous mériter
Si proches des lichens
Vous fomentez la vie
Dans la moindre fissure
Les saisons innombrables
Nous rendent aujourd'hui
Quelques bribes des ans
**
Parfumant ses plumes
Sous la jupe des fleurs
L'oiseau se prépare
À faire sa cour
Se lustrer à petits coups de bec
Prendre un bain dans la fontaine
Avec son chant d'amour
Que l'hiver a rodé
Il a tout prévu
Même un nid douillet
Sauf
Sauf la concurrence
**
Mémoire des pierres
Que ciselle la pluie
La chaussure glissante
Heurte leur insomnie
Quelques orties rebelles
Poussent à pierre fendre
L'horizon à distance
Agite ses attraits
Et chaque pas grignote
Un morceau de colline
Les pierres se souviendront
De l'ardeur des souliers
**
Suppliciés des tempêtes
Des arbres abattus
Racines en étalage
L'urgence de fleurir
Rassemble quelques forces
Pour sauver l'avenir
**
Coup de froid
Lames de givre
L'hiver sabre les promeneurs
Diamants de crème glacée
Les arbres ciselés
Tranchent l'espace
Glaçons de nez
Et brume de bouche
Epicent la balade
**

Août 2023
Marcel Faure




"Plus loin le myosotis
N'oublie pas que le ciel
Est aussi bleu que lui"
Comment veux-tu résister, Marcel, c'st chaque fois à chaque ligne si riche d'émotions ...Merci de tes mots ...ils sont précieux au coeur ...❤️