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La page de Marcel Faure, Mai 2024

Dernière mise à jour : 25 janv.

Petit boulot


Combien de San Salvador

Naviguent sous les tropiques

Villes des Amériques

Aux gouvernails incertains

 

La peur trempe dans la misère

Entre deux rails de cocaïne

Quand la rue des richesses

Respire dans l'opulence

 

Je ne vais pas en faire un plat

Ici aussi on cabote en tristesse

Et tout le monde sait bien

Qu'à Neuilly on lave plus blanc

 

À Paris de drôles de zigotos

Ronflent pleine chambre

Et la démocratie galère

Entre leurs mains rapaces

 

Ramasseur de mégots quel boulot

J'ai traversé la rue comme il dit

Ma croix gisait sur le carreau

Un balayeur avait fait place nette

 

El Salvador de Cuba

Que du gros que du bon

J'irais bien écumer les trottoirs

Et bourrer ma pipe de cigares

 

**

 

Si tu t'en vas

J'aurai de la nuit dans le cœur

Et la température à zéro

Un peu comme aujourd'hui

Où l'hiver gratte à mes fenêtres

 

Un trou dans le ciel

Fera sauter mes circuits

J'aurais des sauterelles dans les jambes

J'irai souvent où nous allions

 

Si tu t'en vas

Je croquerai l'ennui au goût de terre

Les arbres m'assommeront de pommes de pin

Et les oiseaux mon Dieu quelle vacherie

Me couvriront de fiente avec application

 

Tu es cette cerise qui éclate en bouche

Mon parapluie contre les mauvais jours

Le silex à produire mes étincelles

Mon fondant aux tendresses infinies

 

Alors ne t'en vas pas

Dis ne t'en vas pas

 

**

 

Friandise poétique

Un pied nickelé d'aujourd'hui

Déclame ses battements de cœurs

 

Caresse des mots

Insolence des associations

Je suis un incurable

 

Mais Manaus Manaus

Avec Line Szôllôsi

J'embarque

 

En passant par les quais

J'ai racheté Rimbaud

 

Oh mon bateau hohoho

Départ de fêtes

 

Prisonnier je m'évade

Cueillir des canopées

Ô mes amazonies

 

**

 



Heures froides

La statue claque des dents

Et l'aube crache du givre

 

Souffle embué

Écume aux lèvres

Un homme tente

Tape du pied

 

Ce n'est pas un caprice

Il a froid et se réchauffe

D'une danse de saint Guy

Qui n'a rien de nerveux

 

Le réchauffer d'un mot

D'une soupe d'un geste

Un maraudeur en patrouille

Donne plus que son cœur

Un vrai coup de chaleur

 

Il faut le dire je le dis

Tranquille dans mon fauteuil

Je voudrais que mes impôts

Mettent tout le monde au chaud

 

Ma république déglinguée

A oublié ses valeurs

Liberté Égalité Fraternité

Gens de 89

Qui preniez La Bastille

Où êtes-vous

 

**

 

Truquage

 

C'est drôlement truqué

Cette histoire de vacances

On part pour le soleil

Et quand on arrive

On cherche l'ombre

 

Vous organisez une sortie

Le soleil secoue ses gouttes de sueur

Vous êtes trempé

Pluie sous la douche

Quelle constance mouillée

 

Elle est espiègle la mer

Si chaudement matricielle

Dans la bataille de l'été

Elle et ses bouclettes bleues

Qui cachent les méduses

 

Pauvre Don Quichotte du farniente

Couvert de crème à pleine peau

Solaire soit disant la mer

Avec son chapelet de petits métiers

Qui démangent vos porte-monnaie

 

Vous photographiez des cartes postales

Bien cadrées on dirait du vrai

Goinfré d'huîtres et de coliques

Vous rentrez avec une tête de corbillard

Chouette le soleil n'a pas suivi

Une semaine à passer peinard

 

On ne vous y reprendra plus

Mais si mais si

Vous verrez

 

**


Nuages enchanteurs

Aux formes étranges

Qui escortent les songes

Fragiles équations

 

Le silence déplace

Les pendules du temps

Et confond les époques

Dans le bleu infini

 

Le vent sculpte des mondes

Pour inspirer les hommes

D'un possible insensé

Comme tous les possibles

 

Et les arbres qui dansent

Sans quitter leurs racines

Savent que le présent

Ramènera l'été

 

**

 

Quand le corps explose

On s'en sort avec la tête

Avec les autres aussi

 

**

 

Connaître les montagnes par cœur

Pour se réciter des paysages

Quand tout va mal

 

**

 



Temps mort

 

L'horloge bat dans le vide

Le paysage a disparu

Les ombres s'accrochent où elles peuvent

La tienne erre sans but

 

Je sens les jours qui craquellent

Les murs se fendillent

Les odeurs ont fuit la cuisine

La chambre s'entortille dans les draps

 

Du rire embarqué par erreur

Une arme à double tranchant

Sonne au mauvais moment

Quand la terre s'abat sur toi

 

La pierre se fend d'un sourire

Et te grave à cœur durablement

Mon cri entre les plis du temps

Tant que je vivrai je serai ton épitaphe

 

**

 

Ce qui me porte

Ce qui me pousse

C'est l'homme au coin des rues

Perdu sous les étoiles

Et qui m'appelle

Et que j'entends

 

**

 

Larmes au cœur

Le monde me déchire

 

Moi qui ne veux que la paix

J'ai de la guerre en moi

 

Je n'ai d'armes que les mots

Qui crient mon impuissance

 

Bourreaux de l'avenir

Vous mourrez comme moi

 

D'un trop plein de carbone

Ou d'un couteau vengeur

 

**

 

Coup de fête

 

Aux lampions de la ville

L'hiver s'échauffe

Vin chaud et chansons

 

Aux fers toute l'année

Petit papa Noël enfin délivré

Retrouve ses souliers

 

Les gosses s'égosillent

Je veux je veux je veux

Les riches s'émoustillent

Je prends je prends je prends

 

Vautrés sur la planète

Champagne crient-on

Au gong de minuit

En attendant qu'ça pète

 

Qui trouvera refuge

Dans la grotte céleste

L'enfant Jésus peut-être

 

J'aimerais être un âne

Et porter sur mon dos

L'espoir des lendemains

 

Mais gavé comme une oie

Je tombe et je me cogne

Sur le bord du trottoir

 

**

 

Fantaisie corse

 

Citron corse

Plus lourd

Plus cher

Bourré de plombs

Corsée l'addition

 

Cochons grillés

Le maquis brûle

Jambons fumés

Ça sent bon

 

Regard anisé des hommes

Nostalgies polyphoniques

Qui perforent la nuit

D'une fierté intacte

 

Citron mandarine

Blondeur des plages

Fraîcheur des cimes

Bivouac sous les étoiles

Et vieilles légendes


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Poésies Marcel Faure

Mai 2024

1 commentaire


Marcel est un magicien et sa magie opère chaque fois un peu plus ...

"Connaître les montagnes par cœur

Pour se réciter des paysages

Quand tout va mal"


Merci Ginette ...❤️

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