La page de Marcel Faure, Mai 2024
- Ginette Flora Amouma

- 5 juin 2024
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 25 janv.
Petit boulot
Combien de San Salvador
Naviguent sous les tropiques
Villes des Amériques
Aux gouvernails incertains
La peur trempe dans la misère
Entre deux rails de cocaïne
Quand la rue des richesses
Respire dans l'opulence
Je ne vais pas en faire un plat
Ici aussi on cabote en tristesse
Et tout le monde sait bien
Qu'à Neuilly on lave plus blanc
À Paris de drôles de zigotos
Ronflent pleine chambre
Et la démocratie galère
Entre leurs mains rapaces
Ramasseur de mégots quel boulot
J'ai traversé la rue comme il dit
Ma croix gisait sur le carreau
Un balayeur avait fait place nette
El Salvador de Cuba
Que du gros que du bon
J'irais bien écumer les trottoirs
Et bourrer ma pipe de cigares
**
Si tu t'en vas
J'aurai de la nuit dans le cœur
Et la température à zéro
Un peu comme aujourd'hui
Où l'hiver gratte à mes fenêtres
Un trou dans le ciel
Fera sauter mes circuits
J'aurais des sauterelles dans les jambes
J'irai souvent où nous allions
Si tu t'en vas
Je croquerai l'ennui au goût de terre
Les arbres m'assommeront de pommes de pin
Et les oiseaux mon Dieu quelle vacherie
Me couvriront de fiente avec application
Tu es cette cerise qui éclate en bouche
Mon parapluie contre les mauvais jours
Le silex à produire mes étincelles
Mon fondant aux tendresses infinies
Alors ne t'en vas pas
Dis ne t'en vas pas
**
Friandise poétique
Un pied nickelé d'aujourd'hui
Déclame ses battements de cœurs
Caresse des mots
Insolence des associations
Je suis un incurable
Mais Manaus Manaus
Avec Line Szôllôsi
J'embarque
En passant par les quais
J'ai racheté Rimbaud
Oh mon bateau hohoho
Départ de fêtes
Prisonnier je m'évade
Cueillir des canopées
Ô mes amazonies
**
Heures froides
La statue claque des dents
Et l'aube crache du givre
Souffle embué
Écume aux lèvres
Un homme tente
Tape du pied
Ce n'est pas un caprice
Il a froid et se réchauffe
D'une danse de saint Guy
Qui n'a rien de nerveux
Le réchauffer d'un mot
D'une soupe d'un geste
Un maraudeur en patrouille
Donne plus que son cœur
Un vrai coup de chaleur
Il faut le dire je le dis
Tranquille dans mon fauteuil
Je voudrais que mes impôts
Mettent tout le monde au chaud
Ma république déglinguée
A oublié ses valeurs
Liberté Égalité Fraternité
Gens de 89
Qui preniez La Bastille
Où êtes-vous
**
Truquage
C'est drôlement truqué
Cette histoire de vacances
On part pour le soleil
Et quand on arrive
On cherche l'ombre
Vous organisez une sortie
Le soleil secoue ses gouttes de sueur
Vous êtes trempé
Pluie sous la douche
Quelle constance mouillée
Elle est espiègle la mer
Si chaudement matricielle
Dans la bataille de l'été
Elle et ses bouclettes bleues
Qui cachent les méduses
Pauvre Don Quichotte du farniente
Couvert de crème à pleine peau
Solaire soit disant la mer
Avec son chapelet de petits métiers
Qui démangent vos porte-monnaie
Vous photographiez des cartes postales
Bien cadrées on dirait du vrai
Goinfré d'huîtres et de coliques
Vous rentrez avec une tête de corbillard
Chouette le soleil n'a pas suivi
Une semaine à passer peinard
On ne vous y reprendra plus
Mais si mais si
Vous verrez
**
Nuages enchanteurs
Aux formes étranges
Qui escortent les songes
Fragiles équations
Le silence déplace
Les pendules du temps
Et confond les époques
Dans le bleu infini
Le vent sculpte des mondes
Pour inspirer les hommes
D'un possible insensé
Comme tous les possibles
Et les arbres qui dansent
Sans quitter leurs racines
Savent que le présent
Ramènera l'été
**
Quand le corps explose
On s'en sort avec la tête
Avec les autres aussi
**
Connaître les montagnes par cœur
Pour se réciter des paysages
Quand tout va mal
**
Temps mort
L'horloge bat dans le vide
Le paysage a disparu
Les ombres s'accrochent où elles peuvent
La tienne erre sans but
Je sens les jours qui craquellent
Les murs se fendillent
Les odeurs ont fuit la cuisine
La chambre s'entortille dans les draps
Du rire embarqué par erreur
Une arme à double tranchant
Sonne au mauvais moment
La pierre se fend d'un sourire
Et te grave à cœur durablement
Mon cri entre les plis du temps
Tant que je vivrai je serai ton épitaphe
**
Ce qui me porte
Ce qui me pousse
C'est l'homme au coin des rues
Perdu sous les étoiles
Et qui m'appelle
Et que j'entends
**
Larmes au cœur
Le monde me déchire
Moi qui ne veux que la paix
J'ai de la guerre en moi
Je n'ai d'armes que les mots
Qui crient mon impuissance
Bourreaux de l'avenir
Vous mourrez comme moi
D'un trop plein de carbone
Ou d'un couteau vengeur
**
Coup de fête
Aux lampions de la ville
L'hiver s'échauffe
Vin chaud et chansons
Aux fers toute l'année
Petit papa Noël enfin délivré
Retrouve ses souliers
Les gosses s'égosillent
Je veux je veux je veux
Les riches s'émoustillent
Je prends je prends je prends
Vautrés sur la planète
Champagne crient-on
Au gong de minuit
En attendant qu'ça pète
Qui trouvera refuge
Dans la grotte céleste
L'enfant Jésus peut-être
J'aimerais être un âne
Et porter sur mon dos
L'espoir des lendemains
Mais gavé comme une oie
Je tombe et je me cogne
Sur le bord du trottoir
**
Fantaisie corse
Citron corse
Plus lourd
Plus cher
Bourré de plombs
Corsée l'addition
Cochons grillés
Le maquis brûle
Jambons fumés
Ça sent bon
Regard anisé des hommes
Nostalgies polyphoniques
Qui perforent la nuit
D'une fierté intacte
Citron mandarine
Blondeur des plages
Fraîcheur des cimes
Bivouac sous les étoiles
Et vieilles légendes

Poésies Marcel Faure
Mai 2024




Marcel est un magicien et sa magie opère chaque fois un peu plus ...
"Connaître les montagnes par cœur
Pour se réciter des paysages
Quand tout va mal"
Merci Ginette ...❤️