La page de Marcel Faure -Décembre 2024
- Ginette Flora Amouma

- 8 janv.
- 4 min de lecture

Le matin je suis plante
Inondé de rosée
Un œillet de poète
L'orchestre doux du vent
Murmure à mes oreilles
Pardon à mes pétales
J'ai le verbe olfactif
Sentir le monde
Par le ver que j'exprime
Oh mes racines innombrables
Inconnues adulées maudites
Je suis votre fleur tardive
Érigé sans raison
Dans le vert de la vie
Je suis votre consonne
Votre voyelle aussi
Avec ou sans accent
Votre lointain brouillon
Un peu bâtard un peu blet
Je me plante chaque matin
Pour une rosée de mots
**
Prends garde à la forêt
Homme à la tronçonneuse
Chaque branche te guette
Et un jour te fendra
Ce sera par grand vent
Ou bien sans prévenir
Un jour de calme plat
Tombera la sentence
**
Oh ce troupeau des Moi
Qui discutent toujours
Le présent que je suis
Votre gloire est passée
Inutiles dépouilles
Éteignez vos rancœurs
Aujourd'hui me précise
Plus que vous l'avez fait
Je suis le résultat
Mille excuses mes braves
Je ferme ma mémoire
Pour profiter du jour
C'est un poème neuf
Qui gomme toutes rides
Sur mon corps en sursis
**
Jour doré de soleil
Une ombre signe un arbre
Branchages aux mille plumages
Plus sonores qu'un clocher
Lèvres chaudes du vent
Des akènes pubères
Dansent sur la prairie
Espoirs tourbillonnants
Le troupeau rassemblé
Rumine à l'envi
Sous l'arbre tutélaire
Aux légendes infinies
**

Colline ventrue
Trop lourde de soleil
Enivrée par les vignes
**
Devenir l'aube
Ce rire d'oiseau
Dans la basilique verte
Est-ce une audace
Une prière
Une célébration
Perce-neige du jour
Brûlant d'impatience
Pour l'éphémère destin
S'installer entre baleine et plancton
Entre le bleu du ciel
Et celui de la mer
Une île provisoire
Pour une heure pour cent ans
Adopter forme humaine
Un luxe ou un enfer
Dans l'instant sidéral
Porter ce bout de vie
À l'affût de soi-même
Embrasser le soleil
Tous les sens en éveil
**
Introspection
Ce moi puéril
Qui titille mon âme
Ce néant mou
Gonflé d'importance
Parfois nauséabond
Plus souvent insipide
Ces rêves avortés
Avant d'avoir été
Souffrant de négligence
Autant que d'ambition
J'ai suivi leurs obsèques
Sans verser une larme
Ah se réinventer
D'un verbe courageux
Poursuivre ses chimères
Dire nommer faire
Sommer son avenir
D'ouvrir enfin les bras
Je discute je raisonne
Donner de l'épaisseur
À mes propos futiles
Vivre dans le réel
Se coltiner les jours
Sans jamais se dissoudre
Faire de son ordinaire
Un orgueilleux discours
**
Cache-cache
Milles feuilles s'agitent
Le ciel frissonne
La nuque des nuages se cabre
Que de remous pour un si petit vent
Suave chuchotement d'odeurs
Mon nez s'affole
Te retrouver parmi les fleurs
Je tremble de te perdre
Où as-tu caché la clé des champs
Tu t'amuses à mes dépens
Et mon cœur galopant
Saute par la fenêtre
Je t'appelle en cascade
Ton rire qui me répond
Enfin je t'aperçois
S'il te plaît attends-moi

Ton corps
Ce fleuve impétueux
Qui écorne ma vie
Je suis un vagabond
Je campe sur tes îles
Où changent tes humeurs
Est-ce déraisonnable
De me laisser porter
Vers tes rives secrètes
**
Petite cuisine intime
Ma vie
Un plat raté
Persévérer
Servis sur un plateau
Mes espoirs ont des trous
Les vers déjà
Et vous
Votre doux visage
Ce paysage souriant
Qui êtes-vous
Sous les fards
Du linge à repasser
Au gré des jours
Je vous regarde
Et je vous couche
Entre deux pages
Et je vous presse
De mes questions
Quelle ironie
Vous vous taisez
Me laissant seul
J'en ai le cœur qui déborde
Oh boire du petit lait
À la source de vos seins
*
Compulsif
J'achète j'achète j'achète
Et noyé sous mes biens
J'étouffe j'étouffe j'étouffe
Je voudrais me noyer
Mais dans quelle baignoire
J'hésite j'hésite j'hésite
J'ai trop de lits
Je tourne en rond toute la nuit
Dormir dormir dormir
Alors je bois je bois
Des alcools et des meilleurs
Je bois pour oublier mes richesses
Mais je n'ai qu'un seul foie
En une seule foi
Je meurs
**

Arc de triomphe
Porte sur le néant
Combien de vies as-tu avalées
**
La foudre titille les nuages
Colère de théâtre
Il ne pleuvra pas
Enseveli sous l'étang
Un silence de carpe
Fait quelques bulles
Un arbre de sous-préfecture
Courtise le bourgeois
Pour un banc public
La fiancée des orages
Regrette le parapluie
De son prince charmant
Nuages peau de chagrin
Que le vent évacue
Pour un marchand de glace
Tout se vend mon ami
Même pour la météo
Juste une question de prix
Gazons maudits
Interdits d'arrosage
Révoltez-vous
Vous qui filez la métaphore
Aiguisez vos poèmes
Avant le grand naufrage
**
D'un caillou dans la mare
J'ai chiffonné l'aube
De quelques rides
L'imaginaire se déploie
Et meurt
Sur la rive d'un poème
Mon reflet s'évapore
Reste le chèvrefeuille
La fraîcheur d'un parfum
Et le temps aboli
Dure plus qu'un instant
Au loin une jument
Galope de plaisir
Ode au soleil levant
Ignorant la rancune
L'aube suit son chemin
Vers d'autres méridiens
Oiseaux diurnes
Ouvrez le bal

Marcel Faure / Janvier 2025
Poésies de Décembre 2024




"Je t'appelle en cascade
Ton rire qui me répond
Enfin je t'aperçois
S'il te plaît attends-moi" .....les poèmes de Marcel, on les attend et j'adore ...❤️