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La page de Marcel Faure -Décembre 2024


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Le matin je suis plante

Inondé de rosée

Un œillet de poète

 

L'orchestre doux du vent

Murmure à mes oreilles

Pardon à mes pétales

 

J'ai le verbe olfactif

Sentir le monde

Par le ver que j'exprime

 

Oh mes racines innombrables

Inconnues adulées maudites

Je suis votre fleur tardive

 

Érigé sans raison

Dans le vert de la vie

Je suis votre consonne

 

Votre voyelle aussi

Avec ou sans accent

Votre lointain brouillon

 

Un peu bâtard un peu blet

Je me plante chaque matin

Pour une rosée de mots

 

**

 

Prends garde à la forêt

Homme à la tronçonneuse

Chaque branche te guette

Et un jour te fendra

 

Ce sera par grand vent

Ou bien sans prévenir

Un jour de calme plat

Tombera la sentence

 

**

  

Oh ce troupeau des Moi

Qui discutent toujours

Le présent que je suis

 

Votre gloire est passée

Inutiles dépouilles

Éteignez vos rancœurs

 

Aujourd'hui me précise

Plus que vous l'avez fait

Je suis le résultat

 

Mille excuses mes braves

Je ferme ma mémoire

Pour profiter du jour

 

C'est un poème neuf

Qui gomme toutes rides

Sur mon corps en sursis

 

**

 

Jour doré de soleil

Une ombre signe un arbre

Branchages aux mille plumages

Plus sonores qu'un clocher

 

Lèvres chaudes du vent

Des akènes pubères

Dansent sur la prairie

Espoirs tourbillonnants

 

Le troupeau rassemblé

Rumine à l'envi

Sous l'arbre tutélaire

Aux légendes infinies

 

**

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Colline ventrue

Trop lourde de soleil

Enivrée par les vignes

 

**

 

 Devenir l'aube

Ce rire d'oiseau

Dans la basilique verte

 

Est-ce une audace

Une prière

Une célébration

 

Perce-neige du jour

Brûlant d'impatience

Pour l'éphémère destin

 

S'installer entre baleine et plancton

Entre le bleu du ciel

Et celui de la mer

 

Une île provisoire

Pour une heure pour cent ans

Adopter forme humaine

 

Un luxe ou un enfer

Dans l'instant sidéral

Porter ce bout de vie

 

À l'affût de soi-même

Embrasser le soleil

Tous les sens en éveil

 

**

 

Introspection

 

Ce moi puéril

Qui titille mon âme

Ce néant mou

Gonflé d'importance

Parfois nauséabond

Plus souvent insipide

 

Ces rêves avortés

Avant d'avoir été

Souffrant de négligence

Autant que d'ambition

J'ai suivi leurs obsèques

Sans verser une larme

 

Ah se réinventer

D'un verbe courageux

Poursuivre ses chimères

Dire nommer faire

Sommer son avenir

D'ouvrir enfin les bras

 

Je discute je raisonne

Donner de l'épaisseur

À mes propos futiles

Vivre dans le réel

Se coltiner les jours

Sans jamais se dissoudre

Faire de son ordinaire

Un orgueilleux discours

 

**

 

 Cache-cache

 

Milles feuilles s'agitent

Le ciel frissonne

La nuque des nuages se cabre

Que de remous pour un si petit vent

 

Suave chuchotement d'odeurs

Mon nez s'affole

Te retrouver parmi les fleurs

Je tremble de te perdre

 

Où as-tu caché la clé des champs

Tu t'amuses à mes dépens

Et mon cœur galopant

Saute par la fenêtre

 

Je t'appelle en cascade

Ton rire qui me répond

Enfin je t'aperçois

S'il te plaît attends-moi

 

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Ton corps

Ce fleuve impétueux

Qui écorne ma vie

Je suis un vagabond

Je campe sur tes îles

Où changent tes humeurs

Est-ce déraisonnable

De me laisser porter

Vers tes rives secrètes

 

**

 

Petite cuisine intime

 

Ma vie

Un plat raté

Persévérer

 

Servis sur un plateau

Mes espoirs ont des trous

Les vers déjà

 

Et vous

Votre doux visage

Ce paysage souriant

 

Qui êtes-vous

Sous les fards

Du linge à repasser

 

Au gré des jours

Je vous regarde

Et je vous couche

Entre deux pages

Et je vous presse

De mes questions

 

Quelle ironie

Vous vous taisez

Me laissant seul

 

J'en ai le cœur qui déborde

Oh boire du petit lait

À la source de vos seins

 

*

 

Compulsif

 

J'achète j'achète j'achète

Et noyé sous mes biens

J'étouffe j'étouffe j'étouffe

 

Je voudrais me noyer

Mais dans quelle baignoire

J'hésite j'hésite j'hésite

 

J'ai trop de lits

Je tourne en rond toute la nuit

Dormir dormir dormir

 

Alors je bois je bois

Des alcools et des meilleurs

Je bois pour oublier mes richesses

 

Mais je n'ai qu'un seul foie

En une seule foi

Je meurs

 

**

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 Arc de triomphe

Porte sur le néant

Combien de vies as-tu avalées

 

**

  

La foudre titille les nuages

Colère de théâtre

Il ne pleuvra pas

 

Enseveli sous l'étang

Un silence de carpe

Fait quelques bulles

 

Un arbre de sous-préfecture

Courtise le bourgeois

Pour un banc public

 

La fiancée des orages

Regrette le parapluie

De son prince charmant

 

Nuages peau de chagrin

Que le vent évacue

Pour un marchand de glace

 

Tout se vend mon ami

Même pour la météo

Juste une question de prix

 

Gazons maudits

Interdits d'arrosage

Révoltez-vous

 

Vous qui filez la métaphore

Aiguisez vos poèmes

Avant le grand naufrage

 

**

 

D'un caillou dans la mare

J'ai chiffonné l'aube

De quelques rides

L'imaginaire se déploie

Et meurt

Sur la rive d'un poème

 

Mon reflet s'évapore

Reste le chèvrefeuille

La fraîcheur d'un parfum

Et le temps aboli

Dure plus qu'un instant

 

Au loin une jument

Galope de plaisir

Ode au soleil levant

 

Ignorant la rancune

L'aube suit son chemin

Vers d'autres méridiens

Oiseaux diurnes

Ouvrez le bal


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Marcel Faure / Janvier 2025

Poésies de Décembre 2024


1 commentaire


viviane parseghian
16 janv.

"Je t'appelle en cascade

Ton rire qui me répond

Enfin je t'aperçois

S'il te plaît attends-moi" .....les poèmes de Marcel, on les attend et j'adore ...❤️

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