La page de Colette Alice - Etel Adnan
- Ginette Flora Amouma

- 6 nov.
- 2 min de lecture
Peindre l’exil, écrire la guerre
Etel Adnan
(1925-2021)

Etel Adnan (en arabe : إيتيل عدنان, ʼītīl ʿadnān), née à Beyrouth en 1925 d’une mère grecque chrétienne et d’un père syrien musulman, a grandi en parlant le grec et le turc dans une société principalement arabophone. Élevée dans l’école d’un couvent français, le français sera cependant la langue d’écriture de ses premiers travaux littéraires. Elle étudie également l’anglais et ses derniers écrits seront rédigés en grande partie dans cette langue. Dans cet environnement peu commun, elle apprend à naviguer et se sent à la fois marginale et privilégiée.
Professeur et poète
À l’âge de 24 ans, Etel part à Paris pour faire des études de philosophie à la Sorbonne puis aux États-Unis pour finir ses études supérieures aux universités de Berkeley et de Harvard.
En 1955 elle s’installe en Californie qui sera pour elle une terre d’expérimentations. Elle y écrit ses premiers poèmes en anglais au sein du mouvement anti-guerre. La guerre, même à distance, ne la quitte jamais : celle du Vietnam, les massacres de Septembre noir, de Tel al-Zaatar, les guerres du Golfe… Les souffrances des Palestiniens, sur lesquelles elle revient souvent parce que l’actualité l’y oblige, traversent son œuvre comme un leitmotiv. Aujourd’hui comme hier, ses écrits sur le sujet sonnent tragiquement intemporels. De 1958 à 1972, elle enseigne la philosophie de l’art à l’Université dominicaine de Californie à San Francisco et donne des conférences dans plusieurs universités des États-Unis.
En 2020, elle reçoit le Griffin Poetry Prize pour son livre Time. De son propre aveu, sa poésie est avant tout politique. Être poète, ce n’est pas pour elle être désengagée du monde : elle ne peut séparer sa création du moment historique qu’elle traverse. Sa propre vie est marquée par les guerres, particulièrement celle du Liban (1975-1990). Son unique roman « Sitt Marie-Rose », conçu d’une traite comme un cri du cœur en juillet 1976, sera publié en français par les Éditions des femmes et sera étudié par les féministes du monde entier.
L'artiste peintre

Quand une collègue lui dit qu’elle ne devrait pas se contenter de la théorie pour enseigner mais aussi peindre, Etel Adnan se lance dans l’aventure picturale. Ses thèmes sont la nature et la beauté du monde, les paysages astraux et terrestres. Fascinée par le mont Tamalpaís (en Californie) qu’elle voit depuis sa fenêtre, Etel entame « un dialogue intense avec cette montagne » qui ne cessera jamais, même à Paris où elle finira sa vie. Ses tableaux de paysages aux couleurs lumineuses, vastes en dépit de leur petit format et ses Leporellos la rendent célèbre mais il faudra attendre 2012 pour qu’Etel Adnan, exposée à la documenta 13 de Kassel, soit découverte par le monde de l'art.

Leporello en caractères arabes

Berlin, 2012
Elle a alors 87 ans et, grâce à celles et ceux qui l'ont côtoyée, son immense œuvre poétique et picturale est peu à peu éditée ces dernières années.
Etel Adnan décède à 96 ans le 14 novembre 2021, alors que l’exposition Écrire, c’est dessiner qu’elle a en grande partie inspirée, vient à peine d’ouvrir au Centre Pompidou-Metz (6 novembre - 22 février 2022).

Le mont Tamalpais

Paysage - 2014
Colette Alice

Novembre 2025




Chère Alice, je viens de découvrir grâce à toi (cette nuit, lors de ma pause café ☕️) Etel Adnan, femme talentueuse qui comme bien des artistes, possède de nombreuses cordes à son (Art) ! Une vie riche et bien remplie qu'on découvre par ton biais au travers d'un portrait toujours aussi bien rédigé ! Merci pour ce nouveau partage. Une belle journée à toi ! ^^