La page de Babeth - La Treille, ses jardins, son château, sa fontaine, ses bastides...

La Treille est un quartier du 11ème arrondissement, dans les quartiers Est  de Marseille.

La Treille, perchée sur une colline d’une altitude  de 170 m, possède en toile de fond les collines du massif du Garlaban  ( 714 m d’altitude ) en grande partie désertique, que la tenace garrigue s’efforce de peupler.

 Babeth, notre amie à la palette joyeuse nous en propose une visite à travers ses tableaux colorés où chaque coup de pinceau nous rappelle que la Treille c’est le pays de Marcel Pagnol. 

Le village de la Treille est le village d’enfance de Marcel Pagnol.

Les parfums qu’exhalent les fleurs agrippées aux murs de pierres des bastides sont les mêmes que celles que Pagnol  s’est appliqué à restituer dans ses descriptions.

Les toits des maisons  ont ainsi gardé les effluves  d’un charme suranné  qui flottent dans l’air laissant vagabonder dans les ruelles du village une fine poudre d’or  que quelques commodités nouvelles ne modifient en rien. Les marches  à remonter pour accéder aux portes de la  demeure de l’écrivain, sont à peine grignotées par les saxicoles.  La pierre ne sait rien de ce qui la vieillit, la pierre s’ennoblit avec le temps.

Un parfum puissant s’éleva comme un nuage, et m’enveloppa tout entier. C’était une odeur inconnue, une odeur sombre et soutenue, qui s’épanouit dans ma tête et pénétra jusqu’à mon cœur. C’était le thym, qui pousse au gravier des garrigues. ( La gloire de mon père )

C’est ainsi que le château de la Treille ne compte plus ses années. Construite au XVIIIème siècle, la bâtisse est entourée de collines verdoyantes, d’espaces naturels. La pinède  et ses coiffes où logent les cigales dont le bruissement régulier fait sortir la lavande de ses racines, diffusent  leur résine boisée et l’odeur des écorces crevassées.

Sur les murs de la villa Pascaline, rôde la glycine et Pagnol a trouvé dans ses bras la quiétude pour écrire sa trilogie où il narre son enfance passée aux côtés de la montagne, des oliveraies et  des chevriers  dans ce pays où il a voulu être enterré.

 Je suis né dans la ville d'Aubagne, sous le Garlaban couronné de chèvres, au temps des derniers chevriers. ( La gloire de mon père )

 Tout le village sert de modèle à l’écrivain qui pose ses personnages dans le lieu devenu mythique de la Treille où il passait ses vacances dans la "Bastide neuve", une maison que ses parents louaient pour se rapprocher de la campagne. D’autres noms surgissent à travers les pages, les bastides blanches deviennent la terre  de ses souvenirs d’enfance. Il décrit avec poésie la gravité des collines, les exhalaisons des pinèdes et des garrigues dans ses livres qui font de la Provence un lieu idyllique. Les fontaines prennent vie, chuintent une sempiternelle complainte et c’est dans ce décor que Pagnol place les protagonistes de sa trilogie  et de ses autres recueils .

 Je ne pus y distinguer rien d’autre qu’une petite forêt d’oliviers et d’amandiers, qui mariaient leurs branches folles au dessus de broussailles enchevêtrées : mais cette forêt vierge en miniature, je l’avais vue dans tous mes rêves, et, suivi de Paul, je m’élançais en criant de bonheur. ( La gloire de mon père )

Marcel Pagnol est enterré au cimetière de La Treille non loin du caveau familial.

Les cigales chanteront longtemps encore la vie feutrée de la Treille au rythme de la sieste des jardiniers, des fêtes qu’on donne dans les bastides quand on veut relire  l’histoire de la famille Pagnol et que la petite faune attroupée devant la demeure emblématique contemple les fenêtres illuminées d’où s'échappe une musique, celle que l'on fredonne toujours.

Peintures de Babeth

Texte de Ginette Flora

 Octobre 2024