La légende du pianiste sur l'océan
- Ginette Flora Amouma

- 9 août 2022
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 3 juin

C'est un film italien réalisé par Giuseppe Tornatore, adapté d'une pièce de théâtre d'Alessandro Baricco : " Novecento: pianiste".
Le film sort en Octobre 1998 en Italie et en Janvier 2000 en France.
Le tournage a lieu dans le port d'Odessa en Ukraine sur le navire Lessjzavodsk et
dans les studios de Rome.
Sur une musique d'Ennio Morricone.
L'action se passe sur un paquebot à quatre cheminées.
L’action se passe sur un paquebot, la vie et le portrait d'un homme se jouent sur un paquebot, la mort aussi, dans une boucle existentielle qui ne laisse pas indifférent.
Un souffle épique balaie le film. Ce n'est pas un paquebot qui débarque ses passagers à quai. C'est le monde qui entre dans le paquebot et qui en sort pour retourner à la terre donnant au seul résident du navire le spectacle d'un mode affairé auquel il refuse de pénétrer, lui, l'enfant sans origine, sans identité. La poésie et le lyrisme de la musique contribuent à faire du film un livret où toutes les émotions se jouent sur un piano qui accompagne la voix de l'océan.
L'histoire :

Danny, un machiniste du paquebot "Le Virginian", fouille la salle de banquet et trouve un bébé dans une caisse en bois.
Il l'adopte et l’élève en lui donnant le prénom de "1900" car il l'a trouvé en l'an de grâce 1900.
L'enfant grandit dans le paquebot jusqu'à la mort de son père adoptif. Il n'a que 8 ans mais refuse de quitter le paquebot. Il grandit à bord, découvre un piano et apprend à en jouer somptueusement. C'est un don qui ravit les passagers qui sont sous le charme de son jeu musical.
Il acquiert rapidement une certaine notoriété. Il rencontre un passager le trompettiste Max Tooney qui décide de rester auprès de lui jusqu’à la fin de son contrat.
1900 reçoit des propositions mirobolantes de producteurs avides de l'enregistrer. Il refuse et accepte de livrer un duel avec Jelly Roll Morton, un jazzman et la victoire qu'il remporte sur le musicien imbu de lui-même le conforte dans l’idée-force qu'il n'a rien à trouver de l'autre côté du quai.
1900 excelle dans le classique, le jazz et le ragtime. Son répertoire enchante les soirées des traversées. En cela, le film est ponctué de chants et de numéros musicaux.
Mais Max son ami le quitte en perdant l'espoir de ramener 1900 sur terre.
Bien des années plus tard, Max apprend que le paquebot " The Virginian " serait détruit. Il repart à la recherche de son ami pour le sauver et le supplier de sortir du paquebot qui va être dynamité. 1900 refuse une fois encore, Max quitte le Virginian et 1900 meurt dans l'explosion du navire.

La force spirituelle du film:
On a comparé ce portrait d'un homme incapable de vivre sur terre à une métaphore de l'âme portée par une solitude aussi vaste que l'océan, aussi insondable que l'horizon mais qui pourtant laisse entendre une voix immuable qui vient des profondeurs insoupçonnées des gouffres marins et des cieux si bleus. Un thème évanescent, tragique, insaisissable que la critique a montré du doigt, arguant que l'intrigue était mince.
C'est que la solitude est l’intrigue même du film. 1900 voit des migrants monter dans son navire, des passagers en tous genres, de divers milieux, une panoplie de personnages, la terre qu'il ne connaît pas défile pourtant dans les coursives et dans la salle de musique où il est adulé.
C'est l'histoire d'une quête, d'une errance sans fin entre ciel et mer, une sonate qui berce le lecteur propulsé vers des hauteurs où il n'y a ni question ni réponse à formuler.
1900 sait qu'il appartient au paquebot, c'est sa maison sur la mer, son destin unique.
Un film dont on ne sort pas indemne, porté par une musique enchanteresse où l'on ne peut qu'admirer la virtuosité du musicien.

Ginette Flora
Août 2022




Ce film, je l'ai vu il y a si longtemps, que je le (re)découvre dans cet article. Il a tout, absolument tout, pour me plaire. Depuis le titre, en passant par l'écrivain dont la pièce a inspiré le scénario, le réalisateur, le compositeur, les acteurs, et bien-sûr l'atmosphère des grands paquebots jusqu'au duel improbable mais excitant avec Jelly Roll Morton ! Merci Ginette d’aiguiller avec maestria les convois divers qui te sont envoyés.