La Comtesse de Ségur

Le 9 février 1874 s'éteint la Comtesse de Ségur, de son nom de jeune fille Sophie Rostopchine, née à St Pétersbourg et décédée à Paris.

Elle est connue pour la série des "Malheurs de Sophie", des "Petites filles modèles" et du temps des "Vacances".

Elle écrit également des contes dont " Le General Dourakine" et " L'auberge de l'ange gardien".

Elle reçoit une éducation privilégiée mais souffre des continuelles privations que lui inflige sa mère pour calmer les turbulences de sa fille.

Suite aux événements politiques, la famille émigre en France où Sophie se marie avec le comte Eugène de Ségur et fonde une grande famille. Elle mènera une vie riche en émotions auprès de ses enfants et ses petits- enfants.

Comprenant que son bonheur n'est venu ni de son enfance auprès d'une mère agressive et violente, ni après son mariage, auprès d'un conjoint souvent absent, elle découvre à l'âge de 50 ans les joies de l'écriture pour égayer les soirées de ses petits-enfants à qui elle a pris le pli de raconter des histoires et de les lire quand elle les consigne dans des livres. Ce fut sa plus grande joie.

Elle publie son premier ouvrage ; "Les nouveaux contes de fées". Louis Hachette l'éditeur crée la collection de La Bibliothèque Rose qui ne passera pas inaperçue, on a tous lu un jour un de ses livres.

Ses récits s'inspirent des turbulences de son enfance, des méthodes machiavéliques de sa mère pour lui ôter toute confiance en elle-même. "Les malheurs de Sophie", ce sont ses propres malheurs. Elle s'est toujours demandé pourquoi les méthodes d'éducation différaient chez les uns et les autres. Dans ses récits, elle compare les systèmes éducatifs de son époque et dresse un constat lucide et amer sur ce qu'elle a subi.

La douceur, elle la trouve en tournant les pages d'un livre.

Ses thèmes favoris restent dans les domaines qu'elle a toujours connus, la famille, la nature, la vie au grand air dans son château "Les Nouettes " . Elle témoigne de ce qu'elle a vu, critiqué, rejeté.

Les châtiments corporels, les pratiques médicales et l'usage de certaines prescriptions comme les saignées, les codes de comportement de chaque strate de la société et particulièrement dans l'aristocratie, le statut des domestiques, le sort d'une importante présence ancillaire, ce sont des sujets qu'elle égratigne avec verve.

Autant de thèmes traités avec réalisme et qui enrichissent sa plume qualifiée de "balzacienne".

De Mme de Sévigné, Jean Dutourd, écrivain et critique français, né en 1920 et mort en janvier 2011, dit en 1994 qu'elle a composé en vingt volumes ce qu'on peut appeler

" La comédie enfantine " .

De véritables leçons de morale émaillent ses récits pour instruire les jeunes lecteurs du bien et du mal, des leçons de savoir-vivre, des préceptes qui sous le couvert d'un humour alerte et réjouissant, cherchent à alerter l'enfant qui éclot à la vie.

Dans ses dernières années, elle s'est retirée dans une association pieuse laïque "Le tiers Ordre Franciscain", sans entrer dans les ordres, ce qui lui permet de continuer à écrire. L'effondrement de la vente de ses livres, le décès de son époux, l'obligent à vendre son château les Nouettes et à s'installer à Paris dans le 7ème arrondissement. Elle y meurt, à l'âge de 74 ans, entourée de ses enfants et petits-enfants.

Postérité

D'abord publiés chez Hachette dans la collection de la Bibliothèque Rose, ses livres sont réédités chez Robert Laffont en 1990.

Ses livres ont été adaptés au cinéma et à la télévision.

Une rose nommée " Comtesse de Ségur " est cultivée en 1992.

Ginette Flora

Février 2024