La collection de l'automne

Les loquets grincent, c’est qu’on ouvre les écorces

 Les anciennes feuilles ont fini leur ouvrage

 Les nouvelles avant  de  succomber s’engouffrent

Dans le corridor et se cherchent une place

Pour se ranger en crissant au fond  des racines

Et y demeurer comme dans un sanctuaire

Après avoir  reprisé les étranges mailles

Tordant  la magie qui enflamme le feuillage

Dans les vestiaires les fées livrent les étoffes  

Les ouvrières ont cousu des robes d’automne

Les  vestales dévoilent leur collection en bronze

 Où le pourpre balbutie des points de  piqûre

Ô mon âme où t’es-tu posée pour  assister

A l’ivoire des bulles au bord du chaudron

 Les devins emmitouflés touillent leur tambouille

Et moi j’ai faim de leur mélancolie rustique

Pour le feu on verse de l’or fondu sur les branches

 On brode des fils roussis à l’ourlet des faines

 Le châle pourpre dévore les charançons

 Les peaux libérées s’embrasent comme des torches

Comme le temps a passé entre galons aiguilles et rubans

 Les cèpes s’en souviennent quand aux essayages

 Ils  portent le chapeau voûté à leur corsage

Les fourreaux du bal  d’un surjet sont mis au ban

Elles défilent les pièces rares en cuivre

 Les feuilles ramassées séparées  de leur ganse

Répandent sur ma main gantée de  pétrichor

 La résine  de  leur plus triste mélodie   

Ginette Flora

Septembre  2025