La symphonie N°6 de Ludwig Van Beethoven

C'est un souvenir de la vie rustique.

Pour Beethoven qui est atteint de surdité, ce qu'il voit est de l'ordre transcendantal et chaque élément de la nature est une ouverture vers la beauté totale, celle qui est, et qui se présente sans prophétie ni accablement.

Le compositeur vient d'achever la précédente symphonie N°5 où il expose le récit de l'homme impuissant devant le destin.

Dans cette symphonie N°6 intitulée la pastorale, composée entre 1805 et 1808, Beethoven se contente de contempler l'œuvre déjà offerte, l'œuvre d'un créateur qui ne prévoit rien mais donne un univers immuable. Des accents panthéistes s'élèvent ainsi de la symphonie pastorale.

Le philosophe et écrivain Amiel dit de cette symphonie :

Chaque paysage est un état d'âme. (H. F.Amiel)

Dans cette symphonie, le compositeur se laisse adoucir par les courants apaisants de la nature tantôt calme tantôt animée, furieuse, orageuse. D'elle, il accepte tout.

https://youtu.be/xX6YvJi5w-8

Dans cette musique, il y a deux tableaux, deux versants où nous conduisent les instruments.

J'aime un arbre plus qu'un humain .

Nul n'est vraiment sûr que cette phrase ait été prononcée de cette façon, ce qui permet d'interchanger les termes. Beethoven veut seulement dire que la présence d'un élément de la nature purifie l'âme humaine.

La lecture des Upanishads et de la Bhagavad Gita qui sont les grands textes de la littérature védique indienne, aurait provoqué chez lui des moments d'exaltation.

Deux parties contrastées :

- Un beau paysage avec pour l'habiter l'univers animal, végétal et humain. C'est un églogue, un chant, une ode champêtre où la musique rejoint les couleurs picturales et le tracé d'un dessinateur ( On pense beaucoup à Michel-Ange, à Poussin et à Charles Cottet )

Beethoven peint le calme de la campagne, de la vie des bergers, des fleurs en mouvement dans les prés, du chant des oiseaux, du chant des ruisseaux, du vent, du tonnerre, tous les éléments naturels.

 C'est l'univers émotionnel d' un sujet humain.

 " L'homme s'abandonne à la douceur de la nature.

 Il se délectait des fleurs, des nuages, de tout. "

 " J'ai toujours un tableau à l'esprit lorsque je compose et je travaille pour y parvenir." (Vie de Beethoven de Alexandre Thayer)

- L'autre partie est centrée sur l'orage, les bruits, la fureur.

C'est une symphonie en cinq mouvements.

L'orage est le mouvement n°3

"Vents violents, pluie battante

Torrent qui charrie ses eaux

Bruits des arbres "

La pastorale est l'expression du sentiment qui est un langage à traduire. Le musicien a foi en l'homme. C'est un optimisme volontaire, une attente libre, indépendante.

© Beethoven dans un paysage d'orage, Scheveningen /philharmonie . Paris

La symphonie s'achève en reprenant et en s'inspirant des chants populaires autrichiens.

Il a pour la fête des agriculteurs un profond respect, il en fait passer l'émotion dans ses envolées rythmiques.

Ecrite pour orchestre symphonique tous les instruments à vent, à cordes, les cuivres et les percussions participent à cette célébration du monde pastoral.

Beethoven est au sommet de son art et il donne à la symphonie une place quasi magistrale.

Ginette Flora

Novembre 2022