" L'homme qui rit " de Victor Hugo
- Ginette Flora Amouma

- 18 juin 2022
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 21 janv.


Un roman lourd de contrastes et de métaphores. Un effroyable roman écrasant, presque bestial, chargé de réflexion et de contrastes, un roman allégorique, philosophique, monumental, monstrueux d'érudition et de gravité.
Au cours de mes années où je faisais mes humanités, je l'ai lu pour la première fois, ce livre extraordinaire, me demandant comment on pouvait mettre autant d'informations dans un drame situé dans une roulotte de bateleur.
Puis le livre s'est retrouvé une autre fois dans mes mains, au cours d'un rangement puis d'un déménagement.
Et puis encore une fois, il y a quelque temps, comme s'il était mon livre de chevet.
" L'homme qui rit" ne me quitte pas. Par quel hasard, l'ai-je encore devant moi ?

Le relire est une autre façon d'approcher son auteur, son écriture foisonnante, la forêt vierge de ses discours métaphoriques. Chacun de ses ouvrages est une entrée dans la mangrove, dans les marécages, les marais où jaillissent des feux follets.
C'est un roman qui livre un message avant tout philosophique parce qu'il convoque des idées contradictoires : sont mis en évidence le bien et le mal, la laideur et la beauté, la haine et l'amour, le peuple et l’aristocratie. Hugo, c'est l'homme des contrastes.
Mutilation et perfection, animalité et humanité, ange et démon, la damnation et la grâce.
Et c'est une œuvre fulgurante, romantique tant par ses excès que par la sombre poésie du destin tragique de Déa et Gwynplaine.
Le roman se déroule dans l’Angleterre du début du dix-huitième siècle.
Le personnage de Gwynplaine, l'homme qui rit, fait référence à des pratiques abjectes qui consistaient à défigurer un enfant et à le vendre pour le faire disparaître de l’état civil, surtout quand ses origines sont aristocratiques.


Gwynplaine, enfant rejeté, volé, mutilé, et abandonné sur la grève, sauve un bébé Déa des bras d'une jeune mère décédée. Ils sont tous les deux recueillis par Ursus, un vieil homme sans illusions et fabricant d'élixirs et d'autres mystérieux bouillons, accompagné de son loup Homo.
Pour gagner sa vie, Ursus crée une petite troupe de théâtre et itinère par les routes avec sa roulotte. Bateleur, il va de village en village. Déa, la jeune fille est aveugle mais a tout de suite vu l'âme sauvage, pure, éblouissante de Gwynplaine. Les deux enfants ne se quittent pas et grandissent dans la fusion de deux âmes complémentaires.
Le destin des deux enfants instaure le noeud de la réflexion du livre. C'est la confrontation entre l'aristocratie et la plèbe quand Gwynplaine, reconnu fils légitime d'un pair et rendu à ses origines princières, va haranguer le Parlement mais il sait que c'est cause perdue.
Il choisit de vivre avec Dea et Ursus qui ont quitté la ville. Homo guide Gwynplaine jusqu'à eux mais le destin s'abat sur leurs retrouvailles : Déa meurt et Gwynplaine choisit de la suivre en se jetant dans la mer .


Œuvre gigantesque qu'on a l'impression de ne jamais avoir fini de lire tant il est touffu.
La figure mutilée du personnage principal inspire le monde littéraire, artistique et cinématographique ( films versions 1928, 1971, 2012 )
Bon nombre d’œuvres ont repris le thème tragique d'êtres mutilés dans le corps et l'esprit et que rien, aucune mesure de substitution ne les éloigne de la fin pour laquelle ils sont destinés.

Ginette Flora
Juin 2022




On ne peut qu'avoir envie de lire ce roman après ta puissante présentation ! Il est des classiques qui nous poursuivent ainsi des années durant, voire toute une vie. Je te comprends.
Merci, Ginette, et bonne fin de journée.