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Juliette Adam, femme de lettres

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Juliette Lambert est née en 1836 à Verberie, commune de l’Oise, dans les Hauts de Seine. Elle est décédée en 1936 à Callian, commune du Var dans la région PACA (Provence, Alpes, Côte d’Azur )

Ecrivaine, femme de lettres, directrice d’un journal littéraire, engagée dans les causes féministes, elle est attentive aux soubresauts et revendications politiques républicaines de la France de la fin du XIXème siècle. Elle anime un salon littéraire et polémiste qui est visité par nombre de personnages des Belles-Lettres et des Arts de cette époque où Victor Hugo, George Sand, Thiers, la poétesse Louise Ackermann, Clémenceau, Maupassant, Marie d’Agoult, femme de lettres, Flaubert et tant d’autres se rassemblaient dans son salon parisien et son salon provincial de la vallée de Chevreuse.

Elle est une femme d’influence sous la IIIème république et signe ses écrits de plusieurs pseudonymes dont Juliette Lamber.


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Le salon politique et littéraire de Juliette Adam


Son premier mariage, arrangé et assumé,  à l’âge de 16 ans avec l’avocat Alexis La Messine lui ouvre les portes de la littérature. Combative et lucide, outrée que  son époux souhaite récupérer les droits de son livre « Idées anti proudhoniennes sur la femme, l’amour et le mariage »  à son seul profit, elle ne l’entend pas de cette oreille et se sépare de lui en  1859.

Dix ans plus tard, elle épouse enfin l’avocat Edmond Adam, de 20 ans son aîné et qu’elle a rencontré et attendu d’être veuve avant de l’épouser, le divorce étant interdit à cette époque. C’est un député républicain. Elle se retrouve au cœur de la politique française. Elle fait salon dans son domicile parisien où se retrouvent politiciens, philosophes, écrivains, poètes  et peintres.

Sa longévité lui a permis de traverser la Belle Epoque et la grande guerre en côtoyant les principaux acteurs des avancées historiques. Elle participe à des œuvres de charité notamment pendant la Première Guerre mondiale et sera l’invitée de Clémenceau à la signature du traité de paix à Versailles en 1919.


1879 - La Nouvelle Revue


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Amie de Georges Sand et Victor Hugo, éminence grise de Gambetta, ardente défenseure des droits de la femme, un temps anticléricale, fondatrice et directrice de La Nouvelle Revue, journal littéraire et politique, elle encourage de jeunes talents littéraires tels Pierre Loti, Dumas fils ou Léon Daudet.

Pierre Loti, reconnaissant lui dédie son livre «  Pêcheur d’Islande ».


Elle publie dans sa revue ses premiers romans.

Laide, 1878, Paris –Calmann-Lévy

Grecque, 1879, Paris – Calmann-Lévy

Païenne, 1883, Paris- P.Ollendorff

Après la défaite de la France en 1870, elle milite activement en faveur de la Revanche et prône un rapprochement entre la France et la Russie.


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Elle arrivait en calèche -Juliette Adam vers 1880

1882 - Gif sur Yvette


En 1882, Juliette Adam achète le domaine de l’abbaye Notre-Dame du Val de Gif et  fait construire un pavillon aux côtés des ruines de l’abbaye qui date du XIIème siècle. L’abbaye est démantelée pendant la Révolution française puis remise à neuf par Juliette Adam qui lui redonne ses lettres de noblesse.

Dans les années 1960, un ensemble de logements est construit sur l’ancien potager de l’abbaye. L’architecture du projet immobilier a tenu compte de l’environnement et le maire a opté pour de petits ensembles installés au cœur de la nature avec des services commerciaux à proximité,  ce qui a gagné en qualité de vie.


On peut imaginer Juliette recevant ses amis. Elle aimait  organiser des fêtes champêtres et quand  elle est au calme, elle savoure le silence du village couvert du végétal de la discrète tranquillité.  Un circuit  reprend sa marche favorite dans le  Val de Gif. 

Elle y vivra de 1904 jusqu’à sa mort en 1936. Personnalité complexe, aux multiples facettes, elle s’engage dans le mouvement féministe «  La croisade des femmes » pour défendre la cause féministe.


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La presque centenaire


Elle a couvert un siècle quand elle meurt à 99 ans à Callian dans le Var. Dans sa retraite, elle a écrit les 7 volumes de ses souvenirs  1902- 1910 chez A. Lemerre.

Elle donna au salon littéraire un rôle prédominant au fond d’un village qui voyait arriver qui dans leurs calèches,  les messieurs de Paris et qui dans leurs beaux atours,  les dames de là-bas, comme le disaient les agriculteurs et les habitants des sous-bois !

Décorée et honorée de son vivant, elle ne trouve pas dans la postérité l’aura et l’intérêt  dont elle a bénéficié auprès de son éminent entourage.  

De temps en temps, les services culturels de la  commune réveillent son souvenir.

Epistolière, la correspondance de Juliette  est tout aussi riche de témoignages de la vie à la fin du XIXème et du début du XXème siècle. Pierre Loti et Juliette Adam ont beaucoup correspondu. Et voici quelques extraits de leur correspondance. Il est savoureux de lire les formules désuètes mais exquises de ces lettres qui sans être ampoulées sont empreintes d’une aimable et fervente amitié.  

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1880, Madame,
Je vais aller passer trois ou quatre jours à Paris où je ne reparaîtrai plus ensuite de longtemps. Est-ce que vous voudriez bien me donner encore un petit moment de causerie à vous seule ? J'ai beaucoup de choses, pas graves, à vous dire.
Après je ne vous reverrai plus que cet automne dans le Midi, pour notre pèlerinage ensemble à la fontaine de Vaucluse, dont je me fais une si grande joie. Je descendrai à Paris chez des amis dont je vous envoie l'adresse.
Je suis, madame, avec un grand respect votre
LOTI.
 Rochefort, 31 décembre 1882.
Madame,
Comme vous aimez les usages anciens et les traditions, je pense que vous ne trouverez pas trop ridicule notre vieux premier de l'an, et alors je viens, comme cela se faisait chez nos grands-pères, vous offrir mes vœux de bonne année.

 

Tuenana (Tonkin), 21 septembre 1883.Atalanie.
Madame,
Je vous écris en courant le lendemain de la prise de Thounane-An, dans une petite chambre du bord encombrée des bibelots du pillage. Je viens de recevoir votre dernier livre il y a un quart d'heure par un paquebot qui passe. Avant même d'avoir eu le temps de l'ouvrir, je suis charmé par la couverture bleue à cause du médaillon antique qui est vous. Il y a même le croissant que vous portiez le dernier soir où je vous ai vue.
Je ne sais qui m'a envoyé ce livre. Sans doute quelqu'un de mes amis de Paris, sachant me faire un plaisir extrême. Il en résulte que je vous écris bien vite pour que ce même paquebot l'emporte. Une petite lettre spontanée qui ne signifiera rien, qui sera seulement pour me rappeler à vous. Et puis, j'ose vous demander de m'envoyer au Tonkin un ou deux mots seulement de cette amitié que vous m'avez peut-être conservée.
Vous savez, Madame, quand on est si loin, on peut bien avoir quelque petite prérogative et j’aimerais tant avoir ici votre signature.
Humblement vôtre,
 LOTI

Ginette Flora

 Juin 2025

 

© images 1931, Juliette Adam à l’abbaye ( Collection Fourneau-Lavoir )


2 commentaires


viviane parseghian
30 juin

Encore une belle découverte et un beau portrait ... Merci à toi, Ginette♥️

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En réponse à

Cet été va être rude ! Evadons-nous sur des sujets moins brûlants !!

Belle journée à toi, Viviane.

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