Jean-Baptiste Lully - Armide
- Ginette Flora Amouma

- 31 mai 2022
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 21 mai
Armide est une tragédie lyrique en cinq actes, créée en 1686, par le compositeur et violoniste italien, naturalisé français, Jean-Baptiste Lully d'après le livret de Quinault.
La tragédie narre l'amour malheureux de la magicienne Armide du royaume de Damas en Syrie pour le chevalier Renaud de l'armée des croisés, l'ennemi qu'elle ne peut haïr complètement et pour qui elle emploie tous ses charmes pour le séduire.
Le sujet est emprunté à " La Jérusalem délivrée " du Tasse ( Torquato Tasse est un poète italien qui a écrit l'épopée de "la Jérusalem délivrée ").
C'est Louis XIV qui a choisi le sujet écrit sur un livret de Quinault.
Armide est le premier opéra français représenté en Italie.
C'est un chef d'œuvre de Philippe Quinault et de Lully, pour tous deux c'est le chant du cygne, Quinault entre dans les ordres peu après et Lully décède.
En 1777, le compositeur Christoph Gluck écrit un opéra en reprenant le livret de Quinault, composant ainsi une deuxième Armide.
OUVERTURE et PROLOGUE
Le prologue de la tragédie situe le lieu à la cour du Roi Soleil, Louis XIV. C'est pour lui qu'est représentée la tragédie d'Armide. Des chants à la gloire sont donnés avec le faste requis.
C'est l'histoire de l'amour non partagé entre la magicienne Armide, reine du royaume de Damas en Syrie, pour le chevalier croisé Renaud.
ACTE 1
Armide, la magicienne a remporté une victoire sur les croisés de Godefroy mais c'est une victoire qui ne la satisfait pas car elle n'a pas de haine pour son ennemi. Elle revient attristée et prostrée. elle avoue à ses confidentes que le chevalier Renaud la trouble alors que des danses et des chants résonnent sur la place ornée d'un arc de triomphe.
Un rêve l'obsède où elle voit Renaud succomber à ses charmes.
Univers de sorcellerie et de magie, la passion tragique conduit à tous les excès quand la vengeance s'empare de l'âme.
Renaud délivre les prisonniers et Armide, dépitée, crie vengeance.
ACTE 2
C'est un beau décor qui se déroule sous les yeux du public. Une campagne verte où coule une rivière. Renaud quitte le camp des croisés mais on le met en garde contre les charmes d'Armide qui ne tarde pas à le prendre sous son emprise.
Armide crie son heure de vengeance arrivée, elle isole Renaud dans un désert et son monologue atteint des sommets de haine.
Armide chante son monologue :
"Enfin, il est en ma puissance..." considéré comme une page célèbre de la musique française, objet d'une querelle de la part des puristes, défenseurs de la musique française (avec Rameau comme chef de file) et des partisans d'une ouverture vers d'autres horizons musicaux, regroupés derrière Rousseau. C'est le récitatif le plus admiré de tout le répertoire français par son style déclamatoire et l'association des tonalités de grandeur et splendeur propre à l'esprit du siècle de Louis XIV.
Renaud tombe dans le piège tendu par Armide.
ACTE 3
Il s'ouvre sur un décor de désert où est abandonné Renaud.
Armide lutte contre sa passion, reconnaît qu'elle aime Renaud d'un amour qui n'est pas réciproque. Elle use de tous ses pouvoirs pour se défaire d'un amour vain et pour ce faire, le transforme en haine . " Plus on connaît l'amour, plus on le déteste" clame-t-elle. Sa légion de nymphes et de sylphides l'aident au mieux à surmonter sa détresse mais la haine et son visage hideux se rapproche de plus en plus. Cependant, Armide ne peut se résoudre à arracher son coeur, le vider.
Armide ne parvient pas à tuer Renaud. Elle comprend que son amour est différent de celui de Renaud.
ACTE 4
Le désert se peuple de bêtes sauvages pour décourager les amis de Renaud qui veulent sauver leur ami de l'emprise de la magicienne. Les amis éloignent les mauvais esprits et les démons. Mais ils sont tous victimes d'hallucinations.
ACTE 5
Renaud, sous l'emprise d'Armide est sous son charme.
La passacaille est le morceau qui dit " Les plaisirs l'ont choisi pour asile " mais Renaud refuse les illusions, les amis le libèrent de l'attraction et Renaud peut repartir avec eux malgré les supplications d'Armide.
Armide détruit son palais enchanté et s'enfuit sur un char volant.
La passacaille
Au cinquième acte, la passacaille avec chœurs et solistes est un des clous de la partition.
La passacaille est à la fois une danse de théâtre à trois temps et une pièce voisine de la chaconne, un genre musical, importé de l'Inde en Espagne à la Renaissance par les marins.
Elle est pratiquée par les musiciens ambulants d'où son nom " pasar por la calle ".
Puis elle devient une danse prisée par la noblesse.
C'est un genre qui repose sur le principe de l'ostinato, une basse obstinée qui répète le même dessin sur lequel les autres parties construisent diverses variations.
Des représentations sont faites au cours du siècle mais au XVIIIème siècle, Christoph Gluck présente son Armide qui éclipse celui de Lully qui tombe dans l'oubli.
Les reprises au XXème siècle le remettent en selle puis au XXIème siècle suite à l'engouement pour la musique baroque nous permettent d'apprécier la musique de Lully.
En 2022, l'Opéra Comique a représenté Armide de Gluck.
En Juin 2024, il a proposé l'Armide de Jean-Baptiste Lully.
Ginette Flora
Mise à jour Août 2024






Merci Ginette pour cette sublime musique ! Ainsi que pour la présentation éclairée de l’œuvre.
Quand j'entends le mot "passacaille", je ne peux m'empêcher de penser à la fameuse passacaille en ré mineur de Dieter Buxtehude, organiste et compositeur que J.S. Bach admirait. Cette œuvre est citée dans un roman de H.Hesse, je ne sais plus lequel.