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Germaine Tailleferre, la muse oubliée

Dernière mise à jour : 1 juil.


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©ABC.net – Germaine Tailleferre


C’est une compositrice française née en 1892 à St Maur des Fossés et décédée à Paris en 1983. Sa vie et son œuvre sont restées longtemps méconnues. Elle est pianiste, compositrice, chorégraphe, musicologue, enseignante, elle traverse le siècle malgré l’ostracisme qui pèse sur le devenir des femmes à son époque où celles-ci ne peuvent faire carrière dans les disciplines considérées comme réservées à la gente masculine.

Elle pianote à l’âge de 2 ans, et à 5 ans, elle se met à composer des petites notes. Mais cette passion arrivée très tôt et chevillée au corps est entravée par les injonctions intraitables de son père qui refuse de voir sa fille suivre cette voie.

 Là où l’on réalise que les vraies passions font fi des obstacles, c’est que Germaine entreprend des études de musique à l’insu de sa famille. Elle est plusieurs fois médaillée et ses professeurs l’encouragent à continuer. Sa famille se résigne dès lors à la laisser poursuivre son cursus au Conservatoire de Paris mais sans en assumer le financement.

Germaine donne des cours particuliers de piano pour pouvoir payer ses études.

 Elle reçoit des prix. Elle rencontre le monde musical des compositeurs. Les milieux artistiques qu’elle fréquente rassemblent poètes et peintres. C’est Apollinaire, Paul Fort et d’autres qu’elle rencontre ainsi que Picasso, Modigliani, Fernand Léger, Marie Laurencin.


Le Groupe Des Six


C’est la pièce pour 2 pianos «  Jeux de plein air » qui impressionne Erik Satie qui la présente au  groupe « des nouveaux jeunes » qui l’invite à les rejoindre. Au  concert de 1918, Germaine joue son morceau «  Jeux de plein air ». Le groupe est rebaptisé «  Groupe des Six » qui est animé par Jean Cocteau.



Georges Auric, Louis Dutrey, Arthur Honegger, Darius Milhaud, Francis Poulenc et Germaine Tailleferre restent unis tout en conservant chacun son style. Quoique soudé et travaillant à une expérience esthétique collective,  chacun y conserve néanmoins son style et compose ses œuvres personnelles.

C’est le temps où elle développe son répertoire en acceptant des commandes de plusieurs théâtres, en produisant des concerts et en composant des ballets et des opéras comiques.  

Les compositions de  Germaine sont tantôt légères et sautillantes tantôt mélancoliques et lentes, toujours empreintes d’élégance. Ses ballets créent un univers particulier où son imaginaire s’installe largement.


1919- quatuor à cordes



1920- hommage à Debussy

 Sonates pour violon et piano

Ballade pour piano

Les ballets russes

1923- Le marchand d‘oiseaux, un ballet créé par les ballets suédois.


Le mariage avec Ralph Barton


En 1925, elle se marie avec Ralph Barton et s’installe à Manhattan sans pour autant y trouver un épanouissement total, Ralph Barton ne supportant pas le talent de son épouse qui en 1928, compose la valse lente.




En 1930, elle crée  un opéra comique «  Zoulaina » dont l’ouverture est encore jouée.   

En avril 1931, Ralph et Germaine divorcent  et en mai 1931, Ralph se suicide.

Germaine  publie 6 chansons françaises qui parlent de la condition féminine, la seule fois où un sujet sur le féminisme dans l’œuvre de Germaine Tailleferre  est abordé.


 Second mariage avec Jean Lageat


Le couple a une fille, Françoise.  

Mais le mariage devient encore une fois un frein à son travail de compositrice car Jean Lageat ne soutient pas la passion de sa femme pour la musique.  

Elle compose malgré tout et inaugure des musiques de films.


 1940-1945  La parenthèse ouverte par la guerre


Pour échapper à la guerre et à l’occupation, elle se réfugie aux USA où elle rencontre Charlie Chaplin  qui la sollicite pour composer des musiques de films dont Le cirque mais la proposition est mal vue par Jean Lageat.


 


Les années 1946 -1960


Elle revient en France et s’installe dans le Sud à Grasse où elle continue à composer.

 Un ballet Paris-magie 

 Une sonate pour harpe.

 Mais en 1955, elle se sépare de  Jean Lageat et le divorce est prononcé aux torts de chacun.

 Elle compose 5 opéras-comiques de 20 minutes chacun.

 En 1957, elle crée un opéra La petite sirène et donne des leçons de solfège pour redresser  ses finances.

 

 Les années 1960 à 1980


Sonate pour clarinette et études sur la bitonalité et la technique sérielle ( système musical qui n'est pas fondé sur une succession invariable de sons appelée série mais sur une absence de repères à cause d'un trop grand nombre de sons )




 Elle accepte le poste de pianiste des classes de danse rythmique.

 Elle écrit le concert de la fidélité et en 1982, elle écrit 10 leçons de solfège pour soliste.

 Elle  meurt en 1983 à Paris à l’âge de 89 ans.

 Elle dit elle-même qu’elle ne peut vivre sans la musique  et que pour pouvoir en vivre, elle ne pouvait que souhaiter être libre et indépendante.


 Son œuvre


 Méconnue parce qu’une femme de son temps ne peut faire carrière, Germaine voit ses œuvres redécouvertes et interprétées par de jeunes talents.  


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© Olympe de gouges.fr/ hommage à Germaine Tailleferre


Si elle a dû affronter les réticences de sa famille et vivre une enfance jalonnée de scènes orageuses, elle sait intuitivement que pour parvenir à vivre sa passion, il faut franchir des étapes ardues. Les examens d’entrée et les concours comportent des épreuves particulièrement difficiles qu’un néophyte ne peut à peine  imaginer. 


- Il faut savoir déchiffrer une partition  de piano et une partition d’orchestre.

-  Il faut savoir improviser sur un chant donné sans harmonie.

- Il faut surtout savoir si les partitions peuvent être jouées sur le clavier et savoir comment adapter le modèle proposé et tout cela à vue.


Germaine passe les examens sans aucune faute d’où les médailles qu’elle obtient, la médaille de solfège, de contrepoint, d’harmonie et d’accompagnement.

Mais savoir jouer ne suffit pas. Germaine souhaite composer.

Sa rencontre avec Darius Milhaud est déterminante. Il l’encourage, la conseille, la dirige et la présente au Groupe des Six, un groupe de jeunes talents.

Germaine y  découvre un univers fascinant. Elle entre enfin dans un univers où elle peut oser prendre des initiatives et créer hors des sentiers battus.

En musique, c’est une vaste production de 200 œuvres qu’elle laisse.  Elle aborde ainsi tous les genres, œuvres pour instruments, pour voix,  musique de chambre, concertos, musique symphonique ou orchestre, musiques de films. Elle compose pour le cinéma, la télévision et la radio.





Les difficultés endurées, les obstacles franchis l’ont rendue stoïque mais sereine, pleine d’empathie pour son prochain. Elle raconte avec humour les séquences de sa vie, les anecdotes vécues dans les salons parisiens de la Belle Epoque. Les dix entretiens radiophoniques qu’elle donne en 1975 sous la direction de Michel Manoll sont une mine de renseignements sur sa vie, son œuvre et les rencontres qu’elle a faites.

Elle a tâté de toutes les formes musicales en se laissant guider par son émotion et son plaisir.

 

Ginette Flora

 Juin 2025

4 commentaires


Alice
01 juil.

"Les difficultés endurées, les obstacles franchis l’ont rendue stoïque mais sereine, pleine d’empathie pour son prochain." Merci, Ginette, pour m'avoir fait découvrir cette femme remarquable ! En cette période caniculaire, prends soin de toi...🤩

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En réponse à

Fais attention à toi aussi, Alice.

Ne t'expose pas trop et aménage-toi plusieurs moments de repos.

Demain, on nous dit qu'il y aura un léger mieux.

On prend tous les "mieux "possibles !!

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viviane parseghian
30 juin

Magnifique portrait ....merci Ginette ♥️

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Bonne journée, Viviane.

Du soleil avec modération !

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