Geneviève Asse, artiste peintre
- Ginette Flora Amouma

- 17 janv. 2022
- 13 min de lecture
Dernière mise à jour : 19 janv.
Egalement graveuse, illustratrice de nombreux textes, elle est connue pour son fameux "Bleu Asse", une utilisation particulière du bleu dans ses monochromes, un bleu issu d'un mélange d'ocre, de noir et de blanc réflétant le bleu du ciel et de la mer par temps calme .
Peintre de quelques objets, son dessin devient épuré pour n'être plus que la peinture de l'abstraction , de l'infini .
La perte de son frère jumeau laisse une écorchure dans son coeur. Ses tableaux parfois sont traversés d'une ligne rouge , rappelant qu'il est possible d'espérer et que la rencontre avec l'infini peut devenir une source de liberté .


Le bleu Asse


A la fin de sa vie , elle habite à l'île aux Moines où elle possède une maison léguée par sa famille . Elle meurt le 11 août 2021 à l'âge de 98 ans. Elle est enterrée à l'île aux Moines , dans cette Bretagne où ciel et mer se figent dans une fusion d'éternité.


Elle expose de 1955 à 2020 dans différentes galeries . Ses nombreux voyages de par le monde lui donnent l'occasion de rencontrer nombre d'artistes et de gens de lettres dont elle cultive l'amitié avec constance et fidélité.

Quand j'ai écrit le texte " L'île aux moines", je ne savais pas encore que mon inconscient me parlait, à travers mon écriture, de cette femme éprise de solitude , de liberté et de silence .
Tout mon texte peut lui être dédié tant l'histoire racontée incarne le personnage qu'elle a été.
Mon texte " L'île aux moines " a également été publié sur ma page d'auteur chez Short Edition.
L'île aux moines
Le vieil homme n'avait pas voulu s'avachir dans son lit. Il avait demandé à ce que son buste fût redressé par des oreillers dont il avait éprouvé le confort. Il ne voulait pas s'y sentir enfoncé. Il ne voulait pas non plus souffrir d'élancements dans le dos à trop s'arc-bouter sur ses avant-bras. Sa voix avait le timbre rocailleux des granits qu'il invoquait :
– Tu sauras tout de suite qu'une présence rôde dès que tu touches l'île. C'est elle qui t'accompagnera, mouvante comme l'écume qui la borde, fragile comme ses asphodèles, vibrante comme ses calvaires. Les îliens disent que c'est la trace d'une vieille légende que les embruns déposent à chacune de leurs bruines. Si on l'avait laissée s'envaser dans la mer, elle serait restée enfermée dans les algues. Alors là-bas, on chuchote, on se regarde du coin de l'œil, on rabâche pour lui laisser de la place. Et l'air suppure. Tu ne seras pas épargné. Tu marcheras sur un sentier qui ne cessera de te livrer des confidences, à gauche, une croix de bois, à droite, une fontaine et toujours des murets où se disputent des cymbalaires. On les appelle les ruines de Rome.
Elles sont comme des regards à toujours vous surprendre et le regard de Brigitte s'accroche au manche de mon attente quand elle y froisse sa requête. Ce qui est fiché dans mon cœur, c'est ce moment où je l'ai prise par la main, ce moment qui ne veut pas se noyer. Combien de fois l'ai-je fait voguer dans l'océan, ce moment rempli d'elle ? C'est quand je m'approche et que je contemple le golfe où tant d'îlots sont couverts de sapins, où tant de terres n'ont plus de visiteurs, que je sais qu'elle m'entend. Alors, je laisse mes mots s'exposer aux coups sourds de notre solitude.
Sais-tu que notre ville de Vannes est construite avec le granit de l'île aux moines ? Certaines de nos bâtisses sont entièrement montées avec ces roches et ma maison en est aussi revêtue. Les murs de ma maison portent le granit de cette île en forme de croix courte, couchée dans l'océan impavide. Quand tu as la tête trop lourde d'un fardeau que tu ne sais où poser, regarde la crialeis dans le golfe.
Je ne savais pas encore que je la porterai comme le seul bagage de mon existence. Voici son adresse. Brigitte n'a jamais voulu quitter l'île. Elle y est restée comme absorbée par ses bouquets d'orchis et de fenouils sauvages. Elle vit au milieu des champs où les plantes lui tiennent compagnie, où les oiseaux la visitent de leurs caquetages.
Voudrais-tu aller la voir et lui dire que je n'en ai plus pour longtemps, que je voudrais refaire une dernière fois cette route le long des sauges rouges et blanches qui bordent nos anciennes errances ?
Mathieu se disait qu'il se laisserait guider par le léger tangage du bateau qui assurait la liaison depuis Port-blanc à Baden jusqu'à l'île aux moines. A peine arrivé à l'embarcadère, il fut accueilli par les étreintes ébouriffantes du vent, les cris des goélands, la plainte incessante de l'océan. Il s'engouffrait dans un goulet qui l'attirait comme un aimant. Une main se posa sur son épaule :
– Vous vous penchiez un peu trop, je me demandais.... Il n'y a rien à voir si profondément dans les fonds marins que les algues et une autre sorte de nuit, celle que les gens d'ici appellent la nuit abyssale, la nuit de l'autre monde.
Mathieu, interloqué se figea devant la jeune femme qui fixait aussi l'eau irisée, changeante, capricieuse, secrète. Elle ne lui tendit pas la main, elle lui dit : « Moi, c'est Enora.» Le reste de sa voix se perdit dans la sifflante rengaine des flots soudainement inquiets. Une vague plus remuante donna un mouvement de balancement à la coque du bateau, des gémissements suivaient l'écume portée par des paroles marines.
– C'est un chant particulier, ni de bienvenue ni de tristesse. C'est un chuintement qui vient du fond de la mer. On dit que c'est la jeune fille qui appelle son ami qu'elle cherche toujours à rejoindre. Elle repousse les flots, elle se lève à chaque fois qu'un bateau passe ou repart. C'est ainsi, c'est sa chevelure qui flotte, c'est sa robe, c'est son sac d'effets, le peu qu'elle a pu rassembler pour passer l'isthme qui reliait cette île à l'autre bout de terre avant qu'un ouragan ne brise le seul endroit qu'elle pouvait traverser pour s'enfuir avec son ami.
– Des amours contrariés ?
– C'est devenu une légende, celle de l'île.
Mathieu ne chercha pas à en savoir davantage. Il sentait que tout viendrait à lui en son temps dans les dortoirs des silences ombrageux. Les voiliers blancs semblaient jouer la même partie d'échecs sur la mer bercée par d'inlassables appels. Les nymphes savaient jaser, il lui semblait entendre des discussions d'entre les remous se heurtant sur les pontons. Les voiliers blancs comme des bouquets de fleurs jetés dans la mer ne bougeaient pas dans le scintillement d'un rayon de soleil, l'étoile d'une lumière aveuglante l'enveloppa, un rayon de poussières virevoltantes se disloqua, ce fut une onde de confusion qui le reçut après la traversée. Il chercha Enora qui n'était plus à ses côtés.
La vedette l'avait déposé, il ne voyait plus que les sentiers qui partaient, le sollicitaient, il suivit les gravillons de la route qui l'emmenait. Il chercha les pas de celle dont il avait l'adresse sur un papier dans sa poche, l'adresse que mille fois il répétait, les mots de la promesse qui le conduisait sur une harmonique courant dans les ruelles où surgissaient calvaires et murets envahis de grappes de jasminoïdes, menhirs et rochers lourds de vérités inavouables, fragons discrets, chardons intouchables comme le secret de Samuel.
L'amphithéâtre était bruyant ce jour-là. Il avait trouvé une bonne place en vis à vis du bureau du professeur Samuel Lafont dont on parlait avec force respect dans les couloirs quand il s'était inscrit aux études de l'environnement maritime et de la préservation de son écosystème.
Il était devenu assidu à ses conférences sur le patrimoine de sa région, aux échappées qu'il organisait dans le golfe du Morbihan que le dernier loup des mers présentait comme un lieu scintillant de flaques orangées sur une mer apaisée par la lumière tamisée que donne un ciel clément. Il avait alors un large geste de la main comme s'il jetait sa touche de peinture sur une toile impressionniste.
Il ne parlait pas des passions des divinités marines. Il énumérait les îles, il donnait à chaque bateau qui les croisait un nom de famille car, disait-il, chaque bateau était la création d'une famille d'artisans, de ces hommes qui embrassent la mer, épris de l'insolite et sauvage bataille qu'ils menaient, mus par le besoin de s'acoquiner avec les vagues et leurs inquiétantes créatures. Pourquoi n'avait-il jamais voulu accoster à l'île aux moines ni pris la peine de leur en parler avec feu ? C'était tout juste la récitation d'un texte convenu qu'il jetait quand ils passaient devant l'île placée au bout de son discours. Il dérivait rapidement sur les autres croûtons de pain comme il disait, posés sur l'eau pour attirer les cormorans plongeant à la verticale d'un piqué qu'il scrutait avec allégresse à faire claquer l'imaginaire des étudiants qui le bombardaient de maintes questions. Peine perdue, Samuel devenait muet dès qu'ils s'approchaient de l'île aux moines, il attendait de s'en éloigner un peu avant de reprendre ses discours passionnés. Alors, sa voix résonnait, prenait de l'ampleur, se mesurait avec les ténors de l'océan. Il modulait chaque phrase comme on libère une passion contenue. Il parlait des sinagots comme on récitait un credo. Deux mâts aux voiles ocres, une coque noire au liséré vert, tout entier conçu au bois de chêne gouverné par d'irréductibles bâtisseurs, c'était cela le sinagot, clamait-il plus haut que le cri des oiseaux.
N'avait-il jamais lui, Mathieu au bout des deux années de son cursus, une seule fois pensé que le vieil homme pouvait porter un tel amour dans son cœur ? De Brigitte, personne n'en avait jamais entendu parler.
A la fin de ses études, Samuel lui demanda sur quel sujet il allait présenter sa thèse doctorante. Mathieu y avait pensé, après des recherches et de longues journées passées en bibliothèque et des discussions avec les principaux intervenants en écologie végétale et dans diverses disciplines qu'il avait eu à cœur de découvrir.
Il avait choisi de traiter le sujet des bateaux de bois, les seuls qui naviguaient encore dans le golfe dans leur traditionnelle coque en bois, ces bateaux qu'on appelait encore « Les princes du golfe ». Samuel resta impassible. Il ne fit rien voir de son trouble, eut à peine un hochement de tête et sombra dans un silence abyssal.
Rodéric, le maître d'œuvre que Mathieu avait contacté, lui avait parlé de son histoire familiale, de la longue tradition des artisans ébénistes rompus au travail du bois, caressant la coque du bateau avec l'intime conviction d'avoir trouvé une place dans l'ordre des choses de l'univers. La frêle femme présente à ses côtés, Yolande dont il avait appris à cerner la solidité intérieure, aussi lumineuse que la baie, vivante comme les voiliers, jalouse de ses précieuses essences qu'elle ne livrait qu'à son marin, était assemblée à lui comme la membrure d'une coque impérissable. Il avait été ému par leur silencieuse entente dans une maison fleurie dressée au bout de l'île, entourée d'un jardin aux massifs de stipas dorés, de mimosas et de violettes. Des lilas et des eucalyptus s'abandonnaient auprès des murs et les habillaient d'un ombrage discret. Avec les insulaires, il avait passé des moments qui s'inscrivaient en lui comme des écritures dans l'écorce d'un bois qu'il découvrait. Même en ces moments, il ne s'était pas posé la question de savoir si Samuel avait eu une vie en dehors de ses cours magistraux.
Samuel était singulièrement différent de ces hommes de la mer, rivés aux planches si vives qu'une arête de copeau pouvait couper et fendiller la peau. Samuel était une statue de proue, figée, regardant loin dans l'horizon. De lui, il ne sourdait que le creusement d'un regard cerné de questionnements, le halètement de lèvres enfermées sur des paroles emmurées. Parfois sa joue frémissait d'une parole que Mathieu aurait voulu comprendre mais il sentait qu'une scène se jouait dans ce théâtre intérieur qu'était l'âme de Samuel, toujours la même car le muscle tressaillait plusieurs fois comme obéissant à une instance intime.
Et le temps s'arrêtait. Il ne pouvait plus le suivre dans ce jardin intérieur que Samuel nourrissait de silences et d'exigences. Il semblait écouter son chapelet de notes, sa plaidoirie intérieure et il partait dans son île secrète. Il y en avait une au fond de lui, il l'avait toujours su sans savoir comment le révéler. Quelle explication aurait-il pu donner lui, l'étudiant accroché au varech de son maître ?
Ils avaient navigué auprès de tant d'îlots, il y en avait une seule que le maître n'avait jamais voulu qu'on s'approche de trop près et c'était la sienne sans nom, sans rivage sans personne sinon les murmures laissés sur la bruyère de ses regrets, cette île où il était le seul moine à y pénétrer, à y marcher dans la désertitude.
C'était un personnage couvert d'un scapulaire auquel il s'agrippait pour ne rien montrer de ce qui se passait dans sa tête pleine de lilas mauves, d'hortensias quand il foulait les linaires des sables. Samuel se remémorait toujours sans se lasser des brassées de ces plantes que Brigitte aimait et qui résistaient à tous les embruns, éternels bouquets d'aubépines et d'agapanthes et pour elle, il cherchait la plus belle fleur dans les herbes fermées à toute intrusion. C'était son aventure, sa fêlure, sa blessure.
Mathieu n'avait jamais voulu avouer à son professeur que sa thèse l'avait conduit à rencontrer les artisans de l'île aux moines. Il s'était toujours demandé pourquoi Samuel restait mutique sur le sujet qu'il avait choisi. Samuel aurait pu l'orienter, l'aider à se diriger vers des contacts. Samuel le laissait faire, le jaugeait de loin, le fixant depuis son isolement et vérifiant qu'il allait vers les bonnes personnes. Le travail de recherches, Mathieu se l'était fait seul, tout en étant un peu froissé par l'indifférence de son maître de conférences qui, s'il refusait tout autre confidence, ne le décourageait jamais, se contentant de se figer devant le fanal de l'île aux moines.
Samuel portait sa croix, désormais elle avait un nom. Mathieu froissait sans cesse le bout de papier dans sa poche, il rameutait les ajoncs, il s'enfonçait dans les petits sentiers bordés de vertes tapisseries patinées d'une lumière tamisée. Le lierre toujours vorace remontait sur les troncs, les mousses saxifrages s'agrippaient sur les rochers, d'énormes menhirs gris de secret affichaient leur altière présence, géants de la mémoire. C'était une vie de conciliabules, il y entrait assuré qu'il en aurait à payer la dîme, son cœur battait déjà la chamade. Qui vivait au cœur de cette île pour que le cœur de Samuel fût si lourd d'une présence immobile ?
Il arriva à une petite maison au toit de lauzes bleu foncé, aux murs de granite avec un jardin rempli de cheveux d'ange, une barrière en bois qui grinçait quand on la poussait. Il s'y accouda longtemps. Les stipas dansaient sur leurs longues tiges échevelés et tout se matérialisa avec la force d'une pensée qu'il découvrit.
Il toqua avec le heurtoir en fer forgé et se trouva face à Brigitte. Il n'avait pas le moindre doute. Elle portait la même tranquille assurance dans son regard. On y plongeait son abîme, on rencontrait la transparence d'un envoûtement, on en sortait transformé par une pléiade de certitudes.
Elle le fit entrer mais tout était dit. Elle semblait attendre cette heure depuis l'aube de ses jours. Il lui parla de Samuel, elle lui parla de leur histoire inachevée.
– Les vents étaient toujours contraires quoique nous fassions, je me retrouvais reléguée au fond de l'île et lui devait toujours partir. Rien ne nous a été facile et les femmes ont toujours été les gardiennes de la terre quand les hommes allaient naviguer ou pêcher. Cela a toujours été ainsi, quelle que soit la forme que cela pouvait prendre, les fonds marins sont des carnassiers, ils ont besoin de leurs proies. Ils prennent nos hommes. Tout se liguait contre nous. Il me consolait juste avec des bouquets de fleurs ; on les appelle des asphodèles. J'en ai planté dans le jardin, leurs longues tiges me rappellent que je suis une âme qui attend.
– En ce moment, il semble ne plus vouloir se battre. Il m'a demandé de vous remettre ces mots.
– Il craint que la croix ne l'écrase s'il vient par ici, et moi je vis tellement avec mes pensées que je ne voudrais pas les voir se perdre. Elles me tiennent compagnie.
– Je ne suis que le barde qui passe. Je ne pensais pas trouver un tel grimoire dans ma quête à la préservation des espèces de l'île.
– Il y a une autre sorte d'essence rare ici, il y a cette solitude dévorante, possessive et farouche qui obéit au goût du cœur. Elle vous broute, elle vous enlève toute autre approche. Je vis avec cette membrane, je n'ai jamais voulu quitter l'île.
– Et s'il vient ?
– Cela recommencera.
– Qu'est ce qui va recommencer ?
– La solitude, je reconnaîtrai la sienne, il reconnaîtra la mienne. Et toutes les deux partiront dans les herbes et toutes les deux reprendront leur soliloque et moi je resterai dans le vent de l'île avec mes asphodèles.
Devant l'amphithéâtre où ne manquait aucun des étudiants de la discipline, Mathieu présenta son travail sur « les Princes du golfe » en agrémentant son discours d'une animation photographique par vidéoprojecteur. Puis il fit une pause devant une assemblée déjà captivée qui semblait en redemander.
Il se tourna alors vers Samuel et parla des essences de l'île, de sa flore qu'il fallait préserver. La vie de la plante se mûrissait dans son orphéon de branches aux progressions lentes et mélodieuses.
– Il s'est élevé une autre voix plus prégnante au cours des balades que j'ai pu faire dans l'île. Nous autres, les humains en nous approchant, avons développé une autre espèce de plante, celle qui s'accroche à nos pensées. Si l'on vient avec le souffle chaud d'une âme inquiète, elle se laisse entrevoir et montrer ses feuilles. Auprès d'un tilleul ou d'un pin maritime, on se laisse submerger par la vibration de l'écorce. Alors certaines personnes peinent à repartir, conquis par des chants sauvages et solitaires. Elles se laissent prendre au moutonnement des espaces et elles font corps avec l'île. Plus on les visite, plus elles fleurissent et libèrent leur histoire comme si elles avaient besoin de rappeler de vieilles légendes comme celle de ces fées qui ont jeté leurs couronnes de fleurs dans la mer et qui devinrent des îlots pour rappeler aux hommes la présence des femmes. Et puis, évidemment il y a la légende des amants séparés qu'une errance tenace accapare et rectifie le tracé de la lande. C'est l'île des âmes oubliées.
Je me suis promené en me sentant envahi par une présence elle aussi occupée par sa solitude, et qui me la racontait et pendant que je l'écoutais, elle me complétait d'une substance qui me manquait.
On ne revient pas indifférent d'une balade dans l'île aux moines où nous sommes les moines de nulle part mais de là-bas. Il n'y pas de monastère, c'est nous qui l'élevons de nos pensées cette bâtisse avec les pierres de nos inquiétudes. Et nous avons besoin de vent, d'océan, de lande et de vieux chênes indéracinables pour nous aider à atteindre ce que nous cherchons.
Certains ne voudront jamais quitter cette terre où ils ont planté leur essence, ils la connaissent si bien qu'ils la nourrissent de leurs aptitudes et c'est ainsi que le monde d'avant reste éternel.
Mathieu se retourna vers l'assemblée. Il crut voir une silhouette familière dans les gradins. C'était Enora, il en était certain, il reconnaissait le regard intense appuyé sur lui mais Samuel réclama son attention.
Il y avait une profonde mélancolie abandonnée sur le visage du vieil homme.
Ginette Flora
Janvier 2022




Waouh quel texte Ginette Flora, déjà lu, mais relu avec grand plaisir, les photos jointes sont hyper sympa, merci et bonne soirée.
Littéralement happé par la vignette de votre post, ce bleu ondulant, chatoyant, mystérieux également, j'ai lu avec intérêt votre article, et vous remercie, Ginette.
Quant à l'île au moines, vous dire que je m'en souviens parfaitement serait mentir, mais le titre et une rapide relecture m'ont aussitôt rappelé pouquoi j'avais grandement apprécié cette nouvelle. Je copie mon commentaire d'il y a cinq mois, non par paresse, mais parce qu'il n'y a rien à modifier:
Randolph B. · il y a 159 jours
J'ai perçu l'univers et ses nuances, la vie humaine et ses contrastes se refléter dans l'île aux moines. Merci au vieil homme, ainsi qu'à vous, Ginette.
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