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France Darget, une poétesse de la Belle Epoque


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poetesses.blog4ever.com-Darget France 1886




© archives-touraine.fr – France Darget


France Darget Savarit est une femme de lettres française, née en 1886 à Pontivy dans le Morbihan (en région Bretagne) et morte en 1965 à Limeil-Brevannes dans le Val de Marne en région Ile de France. Elle s’est fait remarquer dans les salons de la Belle Epoque, aussi bien en Touraine qu’à Paris, allant ainsi sur les brisées de sa famille qui fréquente les milieux culturels de Touraine comme ceux de de Paris. La jeune femme est vite présentée dans les salons où en compagnie de  sa sœur, elle fait montre d’une grande précocité. Ses dons en poésie se révèlent très tôt quand elle écrit ses premiers vers dès  l’âge de 9 ans.


Son enfance et sa jeunesse


 Ses parents s’établissent en Touraine en 1895, à Tours. Son père est un officier de cavalerie. Sa famille  perpétue une tradition militaire et la jeune file s’essaie en poétique en s’inspirant des thèmes de noblesse, de patrie, de bravoure et de gloire ainsi que de  patriotisme. Elle entend les récits de son père revenu d’une captivité suite à la guerre franco-prussienne et qui parle de sa conviction de  faire rentrer l’Alsace-Lorraine dans le giron français.

On peut aussi être étonné qu’une si jeune personne parle de la terre et de son attachement à la ruralité. Son ode à la campagne « Les laboureurs » interpelle ceux qui vont vers les villes et  désertent la terre mère.

Sa famille l’élève dans la foi catholique et le sujet religieux revient souvent dans son œuvre.

Comme la famille fait salon et qu’elle entretient des rapports réguliers avec les milieux culturels, France est vite recherchée pour ses dons en poésie et son aisance oratoire. On l’invite  à des événements culturels  pour l’entendre déclamer ses propres vers.

« Il y a en ce moment, à Tours, une très jeune fille qui compose des odes d’une facture impeccable et d’un souffle vraiment lyrique… C’est peut-être le grand poète de demain… Elle fait des vers comme l’oiseau chante, comme la fleur embaume, comme l’eau frissonne — naturellement. Il semble même qu’à l’instar d’Ovide, elle n’ait jamais employé d’autre langage que le langage des dieux… »  La libre parole  - 1900

 

 « Une enfant prodige. Ce bruit nous est arrivé de Tours. Il n’est question, dans cette ville, que de M lle France Darget qui, âgée de treize ans à peine, compose déjà des vers qui lui ont valu les encouragements de plusieurs académiciens… À treize ans, Mozart et Camille Saint-Saëns écrivaient des symphonies. Nous souhaitons à M lle France Darget, dans un autre genre, un aussi bel avenir. » Les annales poétiques et littéraires -1900

 

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© France Darget- Muse tourangelle de la Belle Epoque


LES PREMIERS PAS


En1901,   Premières poésies


C’est en cette année 1901 que paraît son premier recueil de vers, Premières Poésies. Il réunit les 43 poèmes publiés depuis deux ans dans Le Messager, la presse locale, plus une pièce en vers. En avant-propos, la lettre que Sully Prudhomme lui consacre.  Premières poésies, chez Boisselier, Péricat, Vernaux, libraires à Tours, 1901.

« Tout enfant, elle a bu la divine ambroisie Et reçu d’Apollon le don de poésie Pour dire la beauté des fleurs, Mais aussi pour chanter la douleur et les larmes : Et ses vers inspirés savent unir les charmes De la rosée à ceux des pleurs… » dit d’elle Horace Hennion, animateur des Lettres et des Arts de Touraine.  

En 1902, lors d’une soirée consacrée à la mémoire de Victor Hugo, la poétesse récite une poésie élogieuse qu’elle a elle-même écrite, une ode à Victor Hugo, un long poème de 150 vers qui est imprimé  et édité à Tours chez l’imprimeur Arrault.  Quelques extraits montrent la maîtrise  de la poétesse pour  conduire une pièce louangeuse et commémorative :


«Tu parus à l’époque où voix fière et divine,

 De sublimes lyres chantaient .

Où l’âme de Vigny, l’âme de Lamartine

Dans vingt âmes se reflétaient.

Tu parus, toi dont l’œil fascine

 Et ton astre, ô poète, en se levant aux cieux,

 Te jeta comme un dieu parmi ces demi-dieux !

 

Oh ! Que tu fus profond et que tu fus splendide

Dans ces pages d’immensité

Où tout jusqu’à l’infâme, au grotesque, au stupide

À sa grandeur et sa beauté,

Puisque pour la rendre limpide

Il te suffit à toi qui fis Quasimodo,

D’un rayon de soleil dans une goutte d’eau ! »

Ode à Victor Hugo -extrait - France Dargès



 En1903, paraissent les Poésies nouvelles (comprenant les "premières poésies"),  avec une préface de Prosper Suzanne, poète et chroniqueur.

Dans ce deuxième recueil, on découvre la plume poétique de France qui à travers chansons et airs entraînants compose des textes patriotiques. Le recueil rassemble également des poèmes de circonstance écrits pour les amis.

Pour animer une fête de bienfaisance, elle  compose un long poème de 600 vers qui retrace le drame de Sémiramis, la reine de Babylone et sa panthère Djagali  quand  lui fut jeté un sort de choisir entre le roi Sangar ou la vie de sa fidèle panthère. Pour sauver la panthère, il faut lui donner à dévorer le cœur d’un roi. Sémiramis n’hésite pas à tuer Sangar, à lui arracher le cœur mais la panthère est déjà morte quand la reine arrive à son chevet.


«  Mais sphinx inassouvi qui veille et songe encore

Seuls vivants, froids regards dont l’énigme dévore,

Terribles à jamais, profonds comme jadis ,

Ses yeux d’or, grands ouverts, fixaient Sémiramis . »

 Fin du poème «  Panthères » 


Saluée par la presse tourangelle qui la plébiscite, France  entre dans le cercle culturel des tourangeaux avec panache et le même éclat oratoire qu’un certain Victor Hugo  car la presse n’hésite pas à comparer certaines de ses poésies à la marche cadencée d’un vers hugolien.

 Horace Hennion du reste est conquis et lui dédie une poésie qui fait long feu «  Les roses de Touraine ».


A  partir de 1904 ,  elle fleurit, la rose de Tours !


France publie dans des revues spécialisées et assiste régulièrement aux matinées poétiques et aux goûters de bienfaisance, les soirées lui permettant d’entendre la musique qui est composée à partir  de certains de ses poèmes.


En 1905, les marronniers du Luxembourg


Elle charme les esprits avec sa poésie qui végétalise les grandes figures romantiques, avec les marronniers, ces arbres chers aux poètes du Spleen et de l’Idéal.

 

Les marronniers du Luxembourg

« Mil huit cent trente ! – Oh ! Oui, c’est là, dans ces allées,

Qu’ont rêvé de souffrir de blonds désespérés,

Et tu gardes en toi, jardin de mausolées,

Le vaste deuil de ces passants désenivrés… ».

« … Il a vibré, le beau luth romantique !

Trente ans, la Muse au pied fuyant,

Vierge guerrière, enveloppa son deuil antique

Du manteau de Chateaubriand.

Trente ans, les altérés burent à ce mirage…

Trente ans, l’Europe pâle encor de Waterloo,

Roula dans ses échos, comme un second orage

Le flot chantant qu’avait sacré Victor Hugo…»

février 1905

 

 En 1906, elle obtient un prix au concours des jeux floraux de Touraine.

 Ses succès l’encouragent  à continuer de composer.


En 1907


 Maurice Savarit écrit des articles élogieux et dithyrambiques sur la jeune poétesse.

 « C’est  la plus jeune et la plus étonnante des poétesses de talent de ce temps ». 

 

En 1908 – Les salons de Paris


Maurice Savarit épouse France Darget et les époux vivent dans l'atmosphère ouatée de la vie culturelle de l'époque. Nombre d'associations demandent sa présence pour animer les lieux dits des Belles Lettres et des Arts.

Elle compose une comédie en un acte : Cœur de neige dans laquelle elle tient le rôle principal. La pièce est jouée en mars à la salle de la Société d’Horticulture, au cours de la soirée donnée par l’association "La Touraine".

 Elle écrit une autre pièce : Le retour des rois mages


  LES DERNIERES OEUVRES de France Darget


- Les Matinales (1909)

 

Quand elle perd son premier né, la poétesse écrit  le recueil du deuil et de l’espérance.

 

« J’offre à ta tombe, pure entre toutes les tombes, Ces Matinales, où battent mes jeunes ans, Comme les Grecs posaient du lait et des colombes Sur la terre où s’en vont les tout-petits enfants. »

 

- Celle qui nous revient (1913-1919)

 

- Les Thermopyles: Pièce en un acte en vers avec intermèdes sportifs.

 

- La Cité sur les eaux (drame préhistorique en 5 actes, en vers.)

 

A partir de 1914, France s’engage dans  les tumultes de la grande guerre.


Le monde se disloque, les salons se ferment, c’est le déclin de la veine lyrique et poétique.

La vie littéraire s’éparpille, France voit son esprit se réveiller pour la cause alsacienne et se bat à ses côtés.

La trop douce Touraine ne  suffit plus à l’ardente flamme gasconne qui émulsionne  dans son sang ( son père est le fils d'un instituteur du Gers ).

 Ginette Flora

 Août 2025

2 commentaires


viviane parseghian
03 août

Mais quelle belle découverte ! Merci à Toi Ginette ...❤️

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En réponse à

Un destin atypique.

Les salons parisiens, régionaux et champêtres ont de beaux moments et ceux qui les animaient les ont marqués par une présence dont on ne sait que peu de choses.

Bonne fin de journée, Viviane .

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