top of page

Elektra, un opéra de Richard Strauss

Dernière mise à jour : 20 nov.


ree

© opéra online.com - elektra


Richard Strauss est un compositeur allemand, né en 1864 à Munich et mort en  1949  à Garmish en Allemagne.  

Une collaboration avec le poète et écrivain autrichien Hugo Von Hofmannsthal (1874-1929) qui a écrit plusieurs pièces de théâtre, lui donne la possibilité de faire une réécriture de la tragédie de Sophocle : Elektra.

En un seul acte, Elektra est un opéra qui a été créé en 1909 et dure environ 2 heures.

Le récit est fondé sur la haine et la recherche d’une vengeance totale. La violence est poussée à son paroxysme et l’action se déroule dans un climat de tension et de terreur  que  la musique de Strauss amplifie,  exacerbe  avec une orchestration sonore et magistrale.




 Le récit en un seul acte


L'histoire est tirée du grand cycle mythologique des Atrides et revisitée. Des critiques parlent d'une vendetta familiale.

Après la guerre de Troie, l’action se concentre à Mycènes, la cité antique où des drames et des complots ont secoué la famille souveraine. Sept ans ont passé.

Agamemnon de retour de Troie, est assassiné par son épouse Clytemnestre qui pendant son absence  a pris  Egisthe pour amant. Egisthe est le frère adoptif d’Agamemnon. Elektra, la fille d’Agamemnon et de Clytemnestre cherche à venger leur forfait en souhaitant armer le bras de son frère Oreste qui, selon la réécriture a été écarté par sa mère qui l'a abandonné entre les mains de tueurs.

En s’appesantissant sur le thème de la vengeance, Strauss plonge l’histoire au cœur même d’un voyage sans retour. Force est de constater que  tout est  centré dans la volonté haineuse d’Elektra.

Pour cela, Strauss utilise tous les moyens. Il choisit une orchestration extrêmement fournie qui a été comparée à l’orchestration du Ring de Richard Wagner. Il rassemble tous les instruments, bois, cordes, cuivres, percussions, clavier. Strauss divise les violons, les altos et les violoncelles  en sections.   Les artistes jouent du violon et d’autres de l’alto et d’autres du violoncelle. De plus, Strauss a rajouté de nombreux autres instruments ; il emprunte également certains procédés de Wagner comme les leitmotivs.

Un leitmotiv est une phrase musicale qui se répète et qui est liée à une idée ou un thème-clé  qui rappelle le sujet traité, les traits spécifiques d’un personnage. Le thème-clé d’Elektra, c’est la mort d’Agamemnon, une mort ignoble qui mérite châtiment, pense  Elektra tandis que Chrysotémis, sa sœur, prône pour la rémission, l’amour et l’éloignement.   

 

 L’atmosphère de la tragédie


Sur scène,  tout est sombre et les représentations présentent des décors de caveaux, de murs gris et de cloisons qui renvoient à un univers carcéral.

Les duos d’Elektra  avec sa sœur Chrysotémis renseignent sur l’esprit torturé d’Elektra qui est la personne restée dans la famille.  Elle a été  témoin du crime, elle a perdu la présence de son jeune frère Oreste, elle reste dès lors isolée, ne pouvant évacuer sa détresse et  seule enfermée avec les horribles images du  crime perpétré sur son père. Elle les ressasse, tombe inexorablement dans la folie.

Oreste qu’Elektra ne connaît pas et ne reconnaît pas quand il revient, et qui s'est fait passer pour mort, doit venger la mort de son père. Est-il haineux, habité par la vengeance ? Il est aiguillonné par sa sœur. C’est Elektra qui le pousse à se venger. Oreste  tue  sa mère et Egisthe.  

La scène se fait de plus en plus sombre. Les interludes sont magistraux et maintiennent le pic de la crise, le point de surexcitation le plus élevé  mais Elektra ne fléchit pas.


La représentation en 2013 du réalisateur Patrice Chéreau au festival d'Aix en Provence indique dès les premières scènes le tempo du récit.




Seule ! Hélas, toujours seule !

Mon père est loin dans les abysses glacés...

Agamemnon ! Où es-tu mon père ?

N'as-tu pas la force de me montrer ton visage ?



Le sens donné à l’œuvre, les critiques et les analyses.


C’est l’œuvre la plus funeste et la plus violente de tout le répertoire lyrique. Elektra cherche à se venger du crime commis par sa mère Clytemnestre et  son amant Egisthe. Agamemnon de retour de la guerre de Troie s’est vu dépouillé de tout, de la vie, de son royaume et de ses sujets. Elektra qui a vécu dans l’ombre des forfaits commis par sa mère veut qu’Oreste soit celui qui rétablisse la vie avant la guerre de Troie.


Le rôle de Chrysotémis, la sœur plus aérienne, est un rôle qui perd de sa force devant l’ampleur de la vengeance.  

 Le thème de la vengeance est étudié  sous la forme qui ne supporte ni concession ni retards. On est dans l’urgence absolue. La pièce est considérée comme un tsunami musical.


Le rôle d’Oreste 


Une confusion peut se faire quant au rôle d’Oreste. Sophocle a voulu que ce soit Elektra qui se charge de mettre en sécurité son jeune frère et l’éloigne des manœuvres de Clytemnestre et d’Egisthe.

Mais l’opéra de Strauss  est bâti sur une réécriture du récit par le librettiste Hugo Von Hofmannsthal  qui introduit une autre version. Il dit qu’Oreste a été écarté par  sa mère Clytemnestre et que celle-ci a grassement payé ceux qui le gardaient pour l’exécuter.

Oreste sous une fausse identité se présente au palais en disant qu’il est le témoin de la mort d’Oreste, ce qui réjouit sa mère.

Cependant Elektra et Oreste se retrouvent et préparent leur vengeance.




Sophocle à la fin du récit fait d’Oreste une personne qui erre tandis que certaines représentations disent que si la mort de ses parents l’a marqué, il est cependant le seul descendant à porter la couronne des Atrides.

Son rôle est implacable. Il est confronté à trois femmes, sa mère et ses deux sœurs. Il est  l’arme dont se servent ses sœurs pour faire  exister ce qu’ils ont perdu : une famille.  Pour Elektra, c’est le seul descendant pouvant rétablir les racines du royaume. Elle a mûri longtemps sa vengeance. Oreste constate l’hystérie d’Elektra qui a vécu dans la misère des frustrations.  Mais Elektra en se vengeant va entraîner sa propre chute tandis qu’Oreste va vivre, errer.


Le rôle d’Elektra


C'est un rôle difficile à tenir car le registre est très large.

Elle est hantée par son idée de vengeance. C’est son obsession.  Elle meurt une fois le meurtre accompli, perdue dans sa folie, elle enchaîne sur une danse sauvage  mais ne connaîtra jamais la paix.

C’est un rôle démesuré. Elektra incarne la vengeance sans concession.

Le rôle est complexe et offre un singulier contraste avec le rôle de Chrysotémis qui préfère la paix, qui ne recherche pas la haine mais préfère l’amour. Elle va essayer de montrer la voie de la raison à sa sœur Elektra qui  a déjà perdu la raison et a sombré dans la folie.




Une représentation à l'opéra de Lyon.


Les représentations d’Elektra mettent l’accent sur l’enfermement d’Elektra et  les  décors sont dépouillés.  Elektra ne quitte pas la tombe de son père.

Les scènes réduites à leur plus simple expression recherchent le vide abyssal pour évoquer les portes closes, le refus d’Elektra de renoncer à ourdir sa vengeance.

Toute la tragédie de Sophocle est reprise, restituée et présentée comme un récit qui conduit les esprits à repenser aux mythes qui fondent l'histoire humaine.  


Ginette Flora

Novembre 2025

2 commentaires


viviane parseghian
18 nov.

Je dirai que c'est somptueux, grand et je découvre et j'apprends ;.. merci Ginette, quel cadeau !♥️

J'aime
En réponse à

Merci beaucoup, Viviane. Je dois t'avouer que j'ai eu des difficultés à expliquer ce portrait, ce destin. On est vraiment dans la grande tragédie grecque et il m' a fallu revoir mes fondamentaux !

Bonne soirée avec un lainage épais !

J'aime
bottom of page