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Colline de Jean Giono

Dernière mise à jour : 20 janv.


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C'est le premier roman de Jean Giono.

Publié en 1929, il fait partie d'une trilogie intitulée : " La trilogie de Pan ": Colline, Un de Baumugnes, Regain.

Entre collines, forêts, animaux, plantes et quelques maisons autour de la fontaine, il faut pouvoir vivre d'eau et de feu et savoir le faire. C'est un huis clos avec les hommes, les bêtes, les végétaux, l'âpre flore de la Provence et chacun cherche à s'en échapper en sachant déjà que la lutte sera cruelle et que des morts doivent joncher la terre pour l'abreuver d'un sang mythique.

Car l'histoire se gorge des sources qui coulent depuis les anciens temps, tiraille la pensée occulte qui cerne les yeux des personnages. Il y a le feu qui flambe, l'eau qui ruissèle. Une joie sauvage au milieu de superstitions et de visions surnaturelles. Tout parle un langage que renverse le souffle de l'étrange sur l'écriture de Giono, chercheur des forces occultes. Genêts et coquelicots, genièvre et sainfoin, violence et tentation frustrante d'une plongée dans un lieu merveilleux qu'une poignée de personnes traverse en recourant aux habitudes ancestrales. La mythique lutte des forces tectoniques reprend le dessus et Giono charge son verbe des plus belles métaphores et des plus audacieux oxymores.

C'est un univers dense, d'une puissance animale ramassée en un seul combat, celui de veiller sur les terres que foulent les hommes.

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Est-ce pour cela que la suspicion s'installe quand la fontaine se tarit, que la maladie rôde, que les champs se rebellent ?

Par le biais du merveilleux et du surnaturel, la garrigue s'impose, dispose de ses éléments qui s'animent, tantôt furieuse tantôt repue d'une jouissance innombrable.

Les personnages traversent l'invisible et sont constamment postés entre le réel et l'irréel. Leurs pensées immersives dans le discours descriptif donnent la pleine mesure de l'écriture de Giono.

Ces quelques extraits, il faudrait les lire à haute voix pour entendre la troublante mélopée de la terre provençale.


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" Quatre maisons fleuries d'orchis jusque sous les tuiles émergent de blés drus et hauts. C'est entre les collines, là où la chair de la terre se plie en bourrelets gras.

Le sainfoin fleuri saigne dessous les oliviers. Les avettes dansent autour des bouleaux gluants de sève douce. Le surplus d'une fontaine chante en deux sources. Elles tombent du roc et le vent les éparpille. Elles pantèlent sous l'herbe, puis s'unissent et coulent ensemble sur un lit de jonc.

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Le vent bourdonne dans les platanes.

Ce sont les Bastides Blanches."



" Maurras est seul sur la colline. Seul à côté d'un grand pin robuste et luisant. L'arbre ébouriffe son épais plumage vert et chante. Le tronc s'est plié dans le lit habituel du vent, puis, d'un effort, il a dressé ses bras rouges, il a lancé dans le ciel son beau feuillage et il est resté là. Il chante tout mystérieusement à voix basse." "D'un seul coup, la terre s'est enragée. Les buissons se sont défendus un moment en jurant, puis la flamme s'est dressée sur eux, et elle les a écrasés sous ses pieds bleus. Elle a dansé en criant de joie ; mais, en dansant, la rusée, elle est allée à petits pas jusqu'aux genévriers, là-bas, qui ne se sont pas seulement défendus. En moins de rien ils ont été couchés, et ils criaient encore, qu'elle, en terrain plat et libre, bondissait à travers l'herbe. Et ce n'est plus la danseuse. Elle est nue ; ses muscles roux se tordent ; sa grande haleine creuse un trou brûlant dans le ciel. Sous ses pieds on entend craquer les os de la garrigue."


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C'était si simple à l'ancienne façon : l'homme et, tout autour, mais sous lui, les bêtes, les plantes ; ça marchait bien comme ça. On tue un lièvre, on cueille un fruit ; une pêche c'est du jus sucré dans la bouche, un lièvre c'est un grand plat débordant de viande noire. Après, on s'essuie la bouche et on fume une pipe sur le seuil. C'était simple, mais ça laissait beaucoup de choses dans la nuit. Maintenant, va falloir vivre avec ce qui est désormais éclairé et c'est cruel !


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Au pays de Jean Giono de Pierre Peter.

Lavande et coquelicots, blé et genets, le pays de Giono, peint par les artistes restituent les images lumineuses du phrasé bousculé et imagé de l'écrivain en quête des origines de la terre.



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Peintures de Serge Fiorio Peintures d'Isabelle Tanguy "Collines "

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Peintures de Lyn "Au pays de Giono"




" Le deuxième mouvement du " Concierto de Aranjuez" de Rodrigo est un morceau de guitare extraordinaire. " déclare Giono.

Certaines pages de Giono sont de véritables symphonies. A l'instar de la musique, Giono retire des mots un souffle sur lequel il compose sa phrase.


Giono appréciait particulièrement la musique baroque :

" Il y a deux musiciens qui dominent absolument tout mon intérêt et qui chaque fois, me donnent le plaisir que je recherche dans la musique : c'est Mozart et Haendel "




Lire Giono, c'est aussi aller vers la musique, vers les arts de la couleur et des formes, vers la sculpture de la terre .





" Les collines avec leurs landes à genièvre, les petits champs labourés, les bosquets et les forêts d'yeuses, ressemblaient à des tapis de laine bourrue et mordorée, comme on en fait pendant les soirées d'hiver. "


Ginette Flora

Avril 2023

15 commentaires


Colette Kahn
Colette Kahn
19 avr. 2023

J'avais un peu (trop) oublié Giono et voilà que ma mémoire revient... grand merci, Ginette, pour ce réveil généreux de mes cinq sens !

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Tout le plaisir est pour moi, Alice.

Merci à toi.

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berliner.randolph
berliner.randolph
18 avr. 2023

Cela ne va pas te surprendre, Ginette, Jean Giono a une belle place dans mon cœur de lecteur et de provençal. Mais Giono n'était pas un auteur régionaliste, il était universel et tu le montres bien. Merci à toi, mon amie.

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Merci , Randolph .

J'entre en Provence comme on entre dans la danse !

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Membre inconnu
18 avr. 2023

Merci pour ce triple cadeau: L'auteur, son œuvre, ses musiques!

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Je savais que cela ne pouvait faire que des heureux !

Merci à vous, Philippe .

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nicole.loth
nicole.loth
18 avr. 2023

Comme Viviane je suis heureuse de découvrir cette page dédié à Jean Giono, Ginette. J'aime les paysages qu'il décrit si bien avec tendresse et poésie. Ses personnages rudes et fort face à la terre qu'il faut conquérir ! Et en complément le concerto de Aranjuez entre Mozard et Haendel. Trop beaux ! Merci pour tout cela, que du bonheur !

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Et on découvre un langage riche en sonorités et en puissance évocatrice.

Jamais on a tant manié le verbe avec la spontanéité de la langue familière parlée confondue avec la maîtrise des figures de style de la langue écrite.

Merci, Nicole.

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Fournier Viviane
Fournier Viviane
18 avr. 2023

❤️

j'adore GIONO, Ginette...ses mots sentent la terre, ils s'en nourrissent ... et c'est magnifique ...Trop contente de lire ton sujet, de voir les peintures, d' écouter la musique ... un mot alors enfin un peu plus : C'est Parfait ce cadeau que tu nous donnes et je savoure en grand !


https://www.youtube.com/watch?v=8jQMJTMePSA


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Fournier Viviane
Fournier Viviane
18 avr. 2023
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Oh je suis trop contente, mon Phil ... j'adore aussi et tu as raison pour les écoles ... on pourrait faire tant de choses qui seraient faciles à aimer ...Bisous doux et merci d''avoir regardé ... Ginette nous ouvre des sentiers, j'avais toujours adoré cette video alors bonheur de partager avec vous !

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