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Autoire, le petit Versailles

Dernière mise à jour : 12 avr.

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Alain Bouillaguet, artiste peintre autodidacte des paysages et des trésors du patrimoine culturel des villages de France et de Navarre, a peint

le Château de Limargue à Autoire.

Le peintre a porté sur sa toile tout le paysage alentour, les falaises et la richesse forestière de la végétation.


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Bâti par le chevalier Lafon , soldat adoubé de Charles VIII à la fin du XVème siècle, le château est actuellement un domaine privé, bien conservé en l'état. En arrière-plan, le décor des falaises est aussi imposant que le château. Deux falaises de 150 m de haut entourent un cirque d'où se jettent les eaux de l'Autoire par force cascades.

C'est une demeure médiévale avec son pigeonnier, sa tour d'escalier et sa tour massive de défense.

Ses toits sont couverts de tuiles plates, ses lucarnes sont d'époque et ses cheminées nous évoquent la vie d'antan.


Autoire, le petit Versailles.


C’est un petit village du département du Lot dans la région Occitanie qui compte 13 départements.

La principale bourgade du Lot est Cahors mais Autoire n'est qu'un petit village qui ne compte que 369 habitants au dernier recensement de 2021. Situé à 300 m d’altitude, dans les plateaux calcaires du Quercy issus d'une zone de massifs montagneux, Autoire se distingue surtout par ses murs de pierre, son histoire et sa flore sur les rocailles.


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La région d'Occitanie bien enfouie dans les paysages aux reliefs crénelés ne dévoilera jamais ses accents poétiques. Tout est latent, il faut s'avancer lentement, regarder où mettre ses pas et ensuite respirer profondément le souffle aérien d'un vent de montagne. La poésie, chez Marguerite d'Angoulême, chez Marguerite Duras, chez Yves Bonnefoy, chez François de Maynard ... est empreinte de la lente macération des beautés de ce bout du monde.

Il n’est pas vain de dire avec beaucoup de justesse que la région possède sa culture, sa langue, sa religion des pierres pour ne pas dire son patrimoine historique. Châteaux, églises, maisons anciennes, fontaines, chapelles, manoirs, anciennes résidences seigneuriales, c’est la voie des pierres.  Les sentiers mènent à des murs, à des enceintes, à des corniches. La main se  pose et s’agrippe  aux aspérités.  On visite avec appréhension mais avec dévotion. Si on s’élève pour parvenir aux grottes dissimulées comme des gîtes troglodytiques,  en montant les marches qui mènent à la matière brute, mieux vaut ne pas regarder ni en arrière ni sur le  côté qui ravine. Des garde-fous ont  été construits pour ne pas risquer de basculer après une trop forte étreinte.

Nous sommes dans une région essentiellement marquée par un paysage empierré.

L’Occitanie est secouée par les derniers soubresauts  du Massif Central qui se prolonge en reliefs calcaires et s’achève dans  des conglomérats de pierres granitiques.

Son parcours est vertigineux. Au tout début, il existait là une chaîne montagneuse datant de l’ère primaire qui reliait l’Irlande à l’Europe. C’est la chaîne hercynienne qui en se démantelant au cours  de la fin du primaire  a laissé des masses de grès, des falaises, des pélites,  des gouffres, des cloups ( dolines ) et des vallons où des villages se sont bâtis   non loin des ruisseaux.


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  Autoire est perché sur un vallon.

 C’est un paysage rude, sauvage  où la présence des roches donne un caractère primitif et naturel au paysage. C’est un peu comme si l’on arrivait à l’origine des âges.

 Les roches dures sont exploitées pour la fabrication du béton. On y introduit les galets concassés pour avoir du sable.

 Les calcaires se prêtent au dallage et à la construction du bâti.

 Les castines ou les grèzes forment des accumulations aux pieds des versants. Ce sont des  cailloutis, un matériau qui sert à l’empierrement des sentiers.

 Quant aux argiles et au kaoli, la céramique y trouve sa matière première.

 

Cette profusion de roches  donne aux petits villages très peu peuplés un profil de pays où l’on a la conviction d’arriver sans bagages et pour la première fois.

Le silence est frotté au regard des rapaces qui observent du haut des falaises abruptes les visiteurs qu’ils défient d’approcher !


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J’ai vu une 2CH qui chevrotait dans la petite rue et je suis entrée dans la forteresse d’Autoire car elle  m’a rappelé un ancien pays où l’on circulait à vélo ou en 2CH.

Je l’ai suivie la 2CH dans « l’altus durum », la forteresse haute, l’ancien lieu fortifié, refuge en cas de guerre et résidence permanente du roi. On entre dans les époques médiévales aux rues pavées où, si le moderne rajuste l’ancien,  le regard capture avant tout la beauté rustique de l’ancien, sa solidité, sa force pérenne, la marque d’une austère fidélité.

Résidence secondaire dans les temps modernes, des citadins des bourgs voisins, le lieu est ainsi devenu un coin de calme et de sérénité.

Autoire s’est vu chaque fois enrichi de châteaux, de manoirs, de gentilhommières, de maisons à colombages, à encorbellements, aux toits pentus couverts de tuiles brunes, de pigeonniers, d’églises, de chapelles, de couvents à mesure que l’histoire recevait en héritage les travaux et les jours des hommes.  

Et au milieu goutte une fontaine avec des sculptures de dauphins. Au milieu un ruisseau prend sa source à 372 m d’altitude et va chuter à plus de 30 m de haut dans le cirque d’Autoire après s’être buté sur des rocs qui semblent former des marches que des cascades dévalent à toute allure. 

Bruyère, chênes, frênes, aulnes se rassemblent autour des arbustes que l’influence de la Méditerranée fait s’épanouir en toute quiétude, thym, safran ou l’or rouge, filaria, corroyère à feuilles de myrte, alaterne coriace et lavande.

 

Le patrimoine architectural d’Autoire est d’une saisissante richesse. La pierre se voit dans sa densité première, sauvage, compacte,  jalouse  de  ses propres formations, offrant sa matière brute et bourrue, ne cédant ni  à la mode des artifices mais se rangeant au modelé de la nature, obéissant à ses érosions, se laissant guider dans les failles pour donner un espace où bâtir des gîtes troglodytiques.


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Le château des Anglais La cascade


Le château des Anglais en est un exemple saillant. Il a été l’objet de fouilles qui ont révélé que  les toits étaient couverts de tuiles plates et avait été conçu avec un étage supplémentaire.

La visite de cette  « Roque d’Autoire »   est périlleuse et se fait à l’aune des  mises en garde. C’est une construction médiévale accrochée à la paroi calcaire, semi-troglodytique.

Sa position, les difficultés de son accès, la frontière qu’elle délimite entre les terres des vicomtes de Turenne et celles des comtes de Toulouse, expliquent son importance stratégique.


Un peu d'histoire


On parle déjà d'Autoire en 895 mais il est possible que le site ait hébergé des populations du temps des Francs et des Mérovingiens quand elles se réfugiaient dans des grottes fermées par un pan de pierre comme la Roque d'Autoire, son plus célèbre vestige.

A partir du XIème siècle, Autoire passe sous le contrôle des vicomtes de Turenne sur sa partie droite tandis que la rive gauche appartient aux comtes de Toulouse sous obédience anglaise. La Roque d'Autoire est le point de séparation à partir de laquelle chacune des deux parties espèrent ne pas se faire léser mais les exactions étaient monnaie courante !

En 1271, les constantes échauffourées entre les parties rivales se soldent par un partage des biens. Le château des anglais revient aux anglais. De plus, les guerres de cent ans minent le moral des français. Les guerres des religions qui s'ensuivirent au 16ème siècle n'améliorèrent en rien le moral des troupes.

En 1588, la garnison du château des anglais se rend et les français récupèrent le bastion.

En 1738, les vicomtes de Turenne, longtemps maîtres des terres d’Autoire mais ruinés, vendent leurs terres au Roi de France qui ne garde que  les fiefs de Turenne et ses forêts.

Le reste est vendu au Comte de Noailles dont les descendants revendent les châteaux.

En 1790, à la fin du régime féodal, Autoire devient une commune du Lot.


La poétesse Anna de Noailles née Bibesco, se marie avec Mathieu  de Noailles,  l’arrière-petit-fils du 7ème duc de Noailles.

Anna de Noailles disait de ce lieu quand elle y venait qu’il  a un aura de merveilleux et elle avouait succomber à son charme rugueux.

Ce doit être le charme dont semblent profiter les rapaces du haut de leur chaire d'éternité.


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Ginette Flora

Mai 2024

 


6 commentaires


Colette Kahn
Colette Kahn
15 mai 2024

Je suis montée dans une "Deudeuche" pour avoir le temps d'admirer cette région... Il y a tant de merveilles à découvrir et à rédécouvrir...

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Il y en a tant, en effet, Alice ... et je laisse venir la surprise d'en découvrir, le hasard me mener vers ces lieux qui semblent être protégés par on ne sait quel vautour qui se charge de veiller sur leur tranquillité.

Est-ce cela le mystère ? Aller au devant d'un je ne sais quoi, le percer et voir la merveille qui s'y trouve dissimulée surgir pleinement à nos yeux seuls !

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Fredoladouleur
Fredoladouleur
15 mai 2024

Le département du Lot n'est assurément pas avare en matière de Beaux Villages. En juillet 2013, nous avons eu, ma compagne et moi, le plaisir de visiter Autoire eu autres villages classés aux alentours tels : Carrenac, Loubressac, Martel et bien évidemment Rocamadour ! Merci pour cette superbe visite guidée, Ginette ! ^^

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Tout le plaisir est pour moi d'autant que j'arrive par le plus pur des hasards, guidée par mes lectures : la vie d'un peintre, l'inspiration d'un musicien, le pays où l'on n'arrive jamais décrit si fortement par un poète que je vais sur ses pas ... C'est ainsi que je me suis trouvée à Autoire qui m'a rappelé aussi bien des choses de mon enfance. Et j'ai pu entrer dans cette forteresse.

Il n'y a que les voies du Seigneur qui sont impénétrables !!

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Un beau voyage sur tes mots, Ginette ..;et que de choses apprises ... merciii en grand !❤️

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On ne peut pas faire le tour des villages en 90 jours ! on a encore de beaux jours devant nous pour notre série des villages !

Belle journée à toi, Viviane .

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