Alfred Guillou, le peintre de la mer
- Ginette Flora Amouma

- 24 janv.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 27 sept.
Les sardinières de Concarneau

C’est un peintre breton né à Concarneau en 1844 et décédé en 1926, là où il a grandi dans cette région où la mer est la muse des bretons.
Une muse guerrière qui montre ses emportements quand les tempêtes fracassent les bateaux contre les rochers et quand la nature devient Gorgone, haineuse et vengeresse.
Les puissances de la nature qui naufragent les hommes et emportent leurs embarcations deviennent le thème récurrent d’Alfred Guillou.
Des pêcheurs, il n’a vécu qu’auprès d’eux. Leurs visages burinés, parcheminés des rides que le sel dépose sur la peau révèlent le patient labeur des hommes et le peintre s’attache à les peindre d’un trait réaliste, au naturel capté de leurs expressions intimistes.
Des femmes attendant leurs marins, il les a vues qui refoulaient leur détresse.
Des familles où les enfants grandissent dans l’odeur de l’écume et de la frescume, il sait ce que cela signifie.
C’est dans la peinture qu’il va en parler.
L’art vient suppléer au manque de mots. Comment dire l’émotion qui étreint l’âme quand on perd la personne aimée, quand malgré ses efforts pour la sauver, on ne parvient pas à la hisser à hauteur de la vie que l’on voit s’échapper.

Le tableau l’ « Adieu » exprime avec un réalisme puissant chaque détail qui vient crever sur la toile pour bien montrer la détresse de l’humain dans son impuissance à se mesurer avec la nature diabolique.
La nature est grondante, imprévisible.
Comment avouer au moment de partir qu'on part longtemps pour un temps indéterminé, comment dire qu' "on prend la mer" devant le regard effrayant que lui laisse la famille que l’on quitte ?
C’est le tableau d' « Avant le départ ».

Le labeur de chaque personne, il le dessine, il le remplit d’ombre et de lumière car l’un ne va pas sans l’autre.
Au point du jour, à la dernière lueur du crépuscule, ramassant paniers et filets, toutes ces femmes repartant chez elles pour cuire le poisson du repas vespéral, il le sacralise car c’est l’heure où sonne l’Angélus.

De la mer qui tourmente les hommes et les femmes, il en peint les vagues, les couleurs moirées, s’attachant à dessiner les voiliers, les pêcheurs, dans leur travail, les côtes cornouaillaises déchiquetées qu’il faut rallier le soir quand les eaux reçoivent le sang du couchant pour les libations des ténèbres, dans la baie de la forêt.

Un destin entre ciel et mer
Alfred Guillou a 20 ans quand il s’installe à Paris et se forme dans l’atelier d’Alexandre Cabanel.
Il est ensuite de retour à Concarneau où il se consacre à la peinture des scènes maritimes et des scènes de vie.
Il expose à partir de 1868. D’inspiration naturaliste mais dans la plus pure mouvance réaliste, il peint les scènes de vie de l’univers des pêcheurs bretons. Il travaille sur des toiles en grand format et réserve les petits formats pour les scènes de vie.
Il fédère autour de lui une pléiade de peintres vivant à Concarneau et devient le chef de file du groupe de Concarneau.
Son trait de pinceau subjugue par le réalisme du dessin, l’émotion qui s’en dégage, la force du message véhiculé.
Le retour de pêche

La muse sait être bienveillante quand elle offre des soirs de lune, des romances qui descendent en filaments d'argent jusqu'aux soupirs des êtres libérés des humeurs de la nature épuisée !

© Images Alfred Guillou/ Art Gallery
Janvier 2025
Ginette Flora




Superbe découverte et voyage vers un monde pas facile mais où ta signature pose la lumière aussi " La muse sait être bienveillante quand elle offre des soirs de lune, des romances qui descendent en filaments d'argent jusqu'aux soupirs des êtres libérés des humeurs de la nature épuisée !"❤️
Un très beau témoignage sur cette époque des sardinières. Belle journée Ginette 🌞 !