Nikolaï Miaskovsky ou le temps d'un partage

Il faut se laisser aller à écouter d'abord cette musique avant de s'interroger sur le compositeur, sa vie ou son œuvre. En abordant son univers sans rien savoir de lui tout d'abord, on comprend mieux les sentiers de l'âme humaine.

Voici la sonate pour violoncelle, le premier volet : allegro moderato. Une œuvre douce, caressante, un duo où la finesse du piano écoute l'exigence du violoncelle.

Peu importe que cela dure vingt minutes, ce n'est pas très long quand on comprend que le piano parle de lui et que le violoncelle l'écoute intensément et répond avec une ferveur lyrique qui nous apprend sur ce que l'on porte en soi de mouvements d'archet et d'entrechats sur le clavier.

 " Le violoncelle laisse parler le piano, semble attendre le souhait du piano. Il laisse courir les notes blanches et noires, puis reprend sous l’élan de l'archet, l’arpège qui semble donner la réponse au vouloir du piano.

 Ils se conjuguent tous deux, s'attendent et se concertent, exécutent leur peine car c'est une mélopée mais elle n'est pas solitaire.

 Deux âmes se confortent l'une et l'autre et c'est pourquoi, on entend la voix du violoncelle s'élever de temps à autre comme pour affirmer sa présence.

 Les dernières minutes sont un murmure. Une rythmique s'installe un peu plus sostenuto et tous deux, piano et violoncelle terminent leur duo, tous deux comme unis par un même accord. "

Nikolaï Myaskovsky est un compositeur russe né en 1881en Pologne et mort à Moscou en 1950.

C’est près de Varsovie qu’il naquit alors que le pays faisait encore partie de l’empire russe. Il a des dons de musicien, sa tante qui l’a élevé après le décès de sa mère lui inculque des notions de musique. Il  résiste à la réprobation de son père qui le destine à une carrière militaire. 

Il devait suivre les brisées de son père, ingénieur dans l'armée russe mais il prit des leçons de musique pour satisfaire ses ambitions artistiques. La voie est ouverte quand il remporte les examens pour intégrer le Conservatoire de  St Petersbourg.

 En 1906, il entre au Conservatoire à l’âge de 25 ans, fait des rencontres qui lui seront précieuses comme Prokofiev avec qui il se lie d’amitié.

 En 1911, il obtient son diplôme et est nommé professeur au Conservatoire de Moscou où il restera jusqu’à la fin de  sa vie. Il eut comme élève entre autres, Aram Khatchatourian.

 Sa carrière

 Son travail de fin d’études est marqué par l’influence de Scriabine et de Tchaïkovski. Il présente :

 -   la 1ere symphonie en Do mineur  Op3

 -   la symphonie N°3 en La mineur

-     et la sonate pour piano en Ré mineur

 Toutes les trois compositions restent cantonnées dans la tonalité mélancolique voire lugubre.

Ses oeuvres

Il compose une trentaine de symphonies

et les composition qui portent son univers, sa griffe, sont le concerto pour violon et le concerto pour violoncelle.    

Son œuvre est peu connue en dehors de son pays natal. C’est une figure méconnue car sa musique est très introvertie et renvoie à des préoccupations existentielles.

violon concerto allegro op 44 mvt 3 allegro

https://youtu.be/JzROXz_ltyw

https://youtu.be/JzROXz

C’est la musique intériorisée, la musique de l'âme, celle qui peut guérir, celle qui ne finit jamais.

S’il est peu cité et peu mis en valeur, c’est qu’il a une personnalité peu portée sur la couverture apparente dont chacun se revêt pour donner de soi une figure attrayante en société.

 Nikolaï est une figure introvertie et dans l’affect immédiat et non dans le détour de l’ironie, du sarcasme et du cynisme.

 «  Profondément personnelle, sa musique n’est pas  celle qui devient populaire »  dit de lui Serge Prokofiev.

Pénétré de la montée des antagonismes résultant de l’environnement social et politique de la Russie, il trouve une liberté, celle qui est la victoire sur soi-même, se dépasser, se dompter soi-même, comme avait coutume de lui dire son général de père.

 piano sonata N°8 op 83

https://youtu.be/5jbXX7fCwHs

Ginette Flora

Février 2025