Les dernières schubertiades
- Ginette Flora Amouma

- 19 avr. 2024
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 26 mars
Franz Peter Schubert est un compositeur autrichien (1797-1828), maître du lied allemand, un poème germanique chanté par une voix accompagnée soit par un piano soit par un ensemble instrumental.
Il est celui qui a composé " Le Roi des aulnes " et a écrit les lieds du "Winterreise, le voyage d'hiver", un recueil de chants mélancoliques.
Schubert sentant sa fin s'approcher et ses forces décliner, compose les deux derniers lieds, sur son lit de malade.
Il avait l'habitude de réunir ses amis autour de sa musique à tel point que ces assemblées et visites amicales furent nommées "les schubertiades" du nom même que Schubert donna en 1822 aux soirées de son salon littéraire et musical.
A-t-il eu le temps de présenter ses deux dernières compositions à ses amis ?
Son amie la soprano Anna Milder lui demande de lui composer une aria. Il lui compose
"Le pâtre sur le rocher" pour piano et clarinette et pour une voix.
Il compose sur les poésies de Wilhelm Muller pour le début du lied et la fin du lied ; la partie centrale est un poème de Varnhagen Von Ense. Le lied est inspiré des chants montagnards folkloriques autrichiens. La première section est heureuse lorsque le berger solitaire, sur la montagne, écoute les échos du silence qui lui rappelle son amour perdu. Mais l'espoir le ramène à la conscience que le ciel promet une vie d'une autre sorte, bien plus lumineuse. C'est un procédé, un mode musical cher à Schubert que de partir sur l'évocation d'un amour puis de sombrer dans la douleur et d'avoir ensuite un sursaut d'espoir qui achève le lied sur une note plus positive. Ambivalence entre amour et douleur : la perpétuelle alternance majeur/mineur qui caractérise si fortement le style du compositeur.
Anna Milder ne pourra le chanter qu'en 1830, deux ans après la mort de Schubert.
Le musicien eut la force de composer son dernier lied, " La sérénade " qui est son chant du cygne. Il a 31 ans.
La fulgurance de sa destinée, l'œuvre qu'il eut le temps de composer tout au long de sa jeunesse, ses premières prestations, sa production qui est considérable, montrent à quel point l'homme savait qu'il devait brûler ses dernières forces.
On joue encore son chant du cygne, le dernier chant du cygne d'Apollon, le dieu de la mythologie grecque du chant, de la musique, de la poésie, des guérisons, de la lumière, du soleil car la légende rapporte que le cygne sentant sa mort venir ne veut point s'attrister ni se lamenter car il veut arriver joyeux au royaume des morts et s'approcher de l'inconnu avec bonheur.
Ce chant reprend le poème de Ludwig Rellstab et Schubert y met tout le lyrisme musical romantique allemand dans cette ultime déclaration, repris par moult arrangeurs et musiciens dans les décades suivantes. Franz Liszt en fera une transcription musicale, les Platters dans les années 1950 en font une adaptation "My serenade" . Un film en fera écouter la bande musicale mais rien, absolument rien ne fera oublier la musique de Schubert.
"A travers la nuit s'élève tout bas
Vers toi le supplique de mes chants ...
Les frêles branches bruissent de minces murmures qui se précipitent
dans la clarté de la lune sans fard.
Ne crains pas les traîtres regards.
N'aies pas peur.
Entends-tu le chant des rossignols Oh ! Ils t'implorent Oh ! Ils t'implorent
Au son des douces lamentations
Ils te supplient pour moi." ( Extrait des paroles de Sérénade )
"Le salon littéraire et musical", nos escapades, s'attache à reproduire simplement et timidement les réunions musicales à l'instar de Schubert qui conviait ses amis à ses concerts privés.
Nous nous efforcerons de présenter quelques articles sur les compositeurs qui eux aussi, en leur temps, essayaient de faire écouter leur musique avec les moyens dont ils disposaient.
Le salon était un modèle de communication et de diffusion des divers talents.
Schubert disait en parlant de son salon :
« Ce lieu où nous étions tous ensemble dans l’intimité,
où chacun découvrait aux autres les rejetons de son art avec une crainte maternelle, attendant non sans quelque appréhension le jugement que porteraient leur amour et leur sincérité.
Ce temps où, nous encourageant les uns les autres, un effort unique vers le beau nous animait tous. »
Ginette Flora
Avril 2024









C'est beau, grave et ça résonne encore ... merci Ginette ❤️
Un compositeur mélancolique que j'aime écouter.
Merci Ginette pour ce beau partage.
Un de mes compositeur favori. Que de douceur dans ses lieder.
Merci Ginette de nous parler de lui !