Le forget-me-not
- Ginette Flora Amouma

- 16 déc. 2024
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 23 mars

© plantsdelights.com / myosotis
Le myosotis est une fleur qui change de couleur, de bleu, elle peut être mauve ou blanche mais son bleu est celui qui nous connaissons le mieux.
Le nom qu'on lui donne " le forget -me-not " contribue à lui donner un charme invisible que son surnom de " Ne m'oublie pas " accentue bien des fois quand la fleur devient symbole de lien affectif.
Sur les mouchoirs, on avait coutume de broder des Forget me not ou des roses pompon.
Les myosotis bleus avec leurs surnoms romantiques empruntés à la « liturgie » amoureuse étaient choisis sans hésitation. Les roses pompon n’étaient pas délaissées pour autant, on les savait empressées à la St Valentin mais " le forget me not " lance des notes mélodiques qui renvoient à des coutumes surannées, bonbons et berlingots, scones traditionnels, thé et tarte au citron, cache-théières brodés …. Gestes et rites d’antan.
Un « forget me not », c’est toute cette grâce perdue quand on songe au temps qu’il faut trouver pour le réanimer.
En lisant ce nom , « le forget me not » , j’ai eu l’impression qu’on me réanimait.
Tout le bleu du myosotis est venu se poser sur les arches de ma journée et les fêtes aidant, j’ai voulu retrouver ce simple plaisir qu’on ne sortait des coffrets qu’aux jours particuliers comme ce jour de décembre.
« Ne m’oublie pas » comme une légèreté qui flotte sur les jours, comme une comète qui file dans la nuit, comme une furtive note musicale qui effleure le silence dans lequel on s’est embourbé.
Le Myosotis sylvatica, communément appelé en français Myosotis des bois ou Myosotis des forêts, est une plante herbacée vivace de la famille des Boraginaceae et du genre Myosotis. Sa vie est de courte durée, elle n’existe que pour être évoquée.
Avec ses petites fleurs bleues délicates au cœur jaune, le myosotis « Forget Me Not » est une plante herbacée introduite au Canada au début du 19e siècle et qui s’est naturalisée dans diverses régions.
Il préfère les sols humifères (frais, riche et bien drainé) et les endroits où la lumière est tamisée, conditions requises pour espérer prospérer et offrir une floraison abondante à la fin du printemps.
En grec, myosotis signifie « pétale rondes et velues comme les oreilles d’une souris.
On peut librement se demander comment de cette étymologie prosaïque, on est arrivé à doter le myosotis de toute une gamme de pseudonymes qui rivaliserait avec une poésie de Ronsard ou de Pétrarque.
C’est qu’une légende germanique tenace est à l’origine de sa symbolique romantique.
Un chevalier et sa dame se promenaient le long d'une rivière. Le chevalier aperçut une fleur bleue gracile et voulut se pencher pour la cueillir et l’offrir à sa dulcinée en gage de fidélité et d’amour.
Son armure étant trop lourde, le chevalier tomba à l'eau. Sachant sa fin inéluctable, avant de disparaître sous les eaux, le chevalier lança galamment la fleur vers sa dame en lui disant : « Ne m'oubliez pas ! »
Cette symbolique est reprise dans le poème de la cantate Vergißmeinnicht composée par Anton Bruckner(1824-1896), compositeur autrichien, organiste et violoniste, cantor et sacristain.
Bruckner s'inspire du poème " La mère et son enfant" de W. Dobelbaur.
Le poème raconte l'histoire d'un enfant qui au cours d'une promenade avec sa mère, s'en va cueillir des fleurs et se fait mordre par un serpent. Sa mère le retrouve mort avec entre ses mains des " Forget me not" .
La cantate en ré majeur présente un chœur mixte, solistes et piano. L'œuvre de 149 mesures se compose de sept mouvements depuis le chant de l'émerveillement devant les fleurs jusqu'à leur petite mort, les myosotis ont une durée de vie très brève.

La fleur a conservé sa symbolique et se décline dans toutes les langues.
L' allemand conserve pieusement la prière du chevalier dans la dénomination de la fleur (das Vergissmeinnicht — le mot vient de l'allemand vergiss mein nicht, qui est une tournure poétique (mein est un génétif), on dit plus couramment vergiss mich nicht), et s'est propagé à travers l'Europe : en anglais (Forget-me-not), en espagnol (no me olvides), en portugais ( nao me esqueças) et dans beaucoup d'autres langues.
C'est sans doute parce qu'elle est légèrement soporifique que les Anciens appelaient le myosotis "l'herbe de l'amour" et la prenaient en tisane avant de se coucher.
Les poètes ne pouvaient pas passer à côté du myosotis sans avoir à lui présenter leurs hommages en vers.
Je n'ai ni parfum ni richesse,
Et, si près de moi l'on s'empresse,
Si l'on m'interroge tout bas,
C'est que ma corolle inquiète,
En songeant aux absents, répète
Ces trois mots : ne m'oubliez pas ! (Antoine SPINELLI, poète du XIXème siècle )
Et Théophile Gautier renchérit :
Les myosotis aux fleurs bleues
Me disent : Ne m'oubliez pas !
Les libellules de leurs queues
M'égratignent dans leurs ébats.
Théophile Gauthier (1811-1872),"La Source"
Ginette Flora

Décembre 2024




J'ai appris tant de choses sur cette fleur dont le nom est déjà si délicat... merci Ginette !
Alice
J'adore cette fleur alors ton voyage avec elle, il est juste magnifique ...merciii ❤️
Cette "Herbe d'Amour", via ton post et ton blog aussi incontournables que le myosotis dans les jardinières, est en train de souffler à mon oreille de douces et petites idées pour le mois de février ! Merci pour tout ce bleu, Chère Ginette et belle journée à toi ! ^^