La troïka de Serguei Prokofiev

C'est un compositeur russe qui grandit sous le régime tsariste. Les Arts et la culture russe sont ses thèmes de prédilection. Le pianiste et chef d'orchestre qu'est Prokofiev, souhaite ardemment les incarner sous une forme avant-gardiste, flamboyante, exaltante en se lançant dans des compositions qui surprennent ses contemporains et ceux qui sont attachés à la traditionnelle âme slave.

Lui, il bouscule les codes et retravaille les harmoniques en cherchant d'abord à imposer sa virtuosité en matière de créativité musicale. Son toucher pianistique est reconnu à travers ses concertos et ses symphonies.

Son œuvre est très fournie car il a commencé à composer dès l'âge de 5 ans.  C’est un enfant précoce, très tôt initié à la musique et apprenant avec vivacité. Son entourage familial lui donne le goût du plaisir musical.

C’est un compositeur pianiste et chef d’orchestre russe né à Sontsivka, village situé dans le sud de l’Ukraine.  Il est décédé à Moscou en 1953.

 Son répertoire est vaste,  comprenant des concertos et des symphonies et en grande partie composé d’opéras et de ballets. Il écrit aussi des musiques de films.

Après avoir assisté à des opéras, il se découvre une réelle passion pour  ce genre et toute sa vie, il ne cesse de composer des opéras tout en poursuivant ses études au Conservatoire de musique de  St Pétersbourg.

 Il est remarqué pour sa virtuosité dans les divers concerts où il se produit.

 Ses dix ans de Conservatoire s’achèvent par un  prix qui lui est décerné pour son concerto pour piano N°1 ( opus 10)

Les guerres et l'exil

 Il est pris dans la tourmente des événements politiques qui agitent la Russie de cette époque.

 Contraint à l’exil, il voyage beaucoup. Il garde en lui le  cœur  de l’enfant émerveillé  par les contes et les récits fantastiques.  Il compose «Pierre et le loup» dans le genre fantastique de ses premières compositions comme "le géant", "Ondine", "Sur une île déserte".

 Connu pour « l’Ange de feu », composé lors d’un séjour dans les Alpes bavaroises, il ne cesse de composer malgré ses fréquents déplacements.

  En 1927, il retourne en Russie et écrit son célèbre Concerto pour la main gauche. 

https://youtu.be/mUYPfs8klQU

Il s’installe en Russie où il accepte des commandes notamment pour des  films.

 C’est ainsi qu’il compose le thème musical du film «  Le lieutenant Kijé » 

 C’est une composition en 16  morceaux – la troïka  - arrangés par la suite pour un concert.

 La troïka

Partons à la découverte d’une pièce à deux visages. Il s’agit d’une œuvre classique qui vient pourtant tout droit du cinéma, que l’on associe aux fêtes de fin d’année et qui est  associée au départ à une histoire critiquant le pouvoir impérial russe et l’absurdité de son administration.

En 1934, Sergei Prokofiev se voit confier la composition de la bande originale du Lieutenant Kijé.

C’est un film de Boris Guzman qui nous plonge au cœur du palais impérial de Russie, en 1800, là où le Tsar despotique Paul Ier fait régner la terreur à la cour.

Un jour où il fait la sieste, le monarque est réveillé par un cri et demande sur le champ à savoir qui est à l’origine de ce réveil brutal. Comme personne n’ose se dénoncer, un officier décide  de faire porter le chapeau à un soldat qui n’existe pas.

Ainsi est né « Le Lieutenant Kijé », fruit d’une erreur de rédaction de la part de l’administration. Il est considéré comme immédiatement condamné au fouet et à la déportation en Sibérie ! Ni vu ni connu mais comme il est inventé et inconnu, le soldat fabriqué de toutes pièces incarne le règne de la terreur du régime tsariste.

Pour représenter la décadence du régime russe et la grandeur de ce soldat imaginaire et bouc émissaire, Prokofiev compose une petite page orchestrale géniale, intitulée Troïka, du nom des hippomobiles russes. Les 16 morceaux de cette troïka sont par la suite arrangés pour être joués dans les concerts.

C'est une évocation d’une chanson hussarde russe et qui dans sa version de "Suite pour orchestre" sonne comme ceci :

https://youtu.be/Mq3hRVAC1GE

Troïka est un mot russe qui signifie un groupe de trois.

 Le traîneau russe tiré par trois chevaux est également appelé "troïka". La Troïka de Noël dépeint la joie de Noël à travers une promenade en traîneau musical.

C’est une balade givrante qui permet de se laisser abandonner à l’écoute de  la neige scintillante, les cristaux blancs se froisser sous l'atteinte du traîneau et les sabots des chevaux cabrés alors qu'il voyage à travers la campagne.

On peut presque voir le givre sur les arbres, le vent souffler et les clochettes du traîneau sonner tandis que l'air «  0 Venez, tous fidèles »  résonne dans le décor environnant couvert de neige et de bois mort.  

La musique est joyeuse et légère, très alerte. Le tempo rapide et énergique est constant tout au long de la pièce. Le chant de Noël  « 0 Venez, tous les fidèles, 0 venez, adorons-le » est repris plusieurs fois dans le chant.

 Ce sont les cloches  du traîneau qui ragaillardissent le chant et le claquement du fouet cadence la promenade.

Joyeux Noël  et gardons à l'instar de Prokofiev notre âme d'enfant !

Ginette Flora

Décembre 2024