La symphonie N°9 de Beethoven
- Ginette Flora Amouma

- 6 mai 2024
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 27 mars
C'est une symphonie en ré mineur avec 4 mouvements pour grand orchestre, solos et chœur mixte.
Créée à Vienne le 7 Mai 1824 en hommage au roi Fréderic-Guillaume III de Prusse, son final est aussi long que la 8ème symphonie.
Beethoven introduit des sections chantées sur l'ode à la joie de Friedrich von Schiller.
C'est une œuvre gigantesque qui a changé le style musical et qui est devenue le chef d'œuvre du répertoire occidental pour ne pas dire du monde.
C'est la dernière période créatrice de Beethoven. Il compose les trois premiers mouvements qui correspondent à une époque très précise de sa vie, puis il trouve les deux derniers mouvements qui évoquent la joie qu'il a éprouvée en découvrant le poète Schiller et le poème "l'Ode à la joie".
Beethoven en fera "l'hymne à la joie" en posant sur les mots sublimes de Schiller les notes fastueuses de sa symphonie. Tous deux chantent les vraies vertus de la nature, de l'amitié et de la joie.
Il a 22 ans quand il lit Goethe et Schiller. Il lui faudra des années pour répondre à l'appel qui le tient éveillé, il sait qu'il veut composer une symphonie pour l'ode à la joie. Il attend le moment où il saura quand il est arrivé au point où rien ne le fera reculer.
Car c'est une musique personnelle, choisie, longuement élaborée qu'il nous laisse : une gestation qui a duré pour que la symphonie atteigne sa maturité.
Le 7 mai 1824 à Vienne pour la première de la 9ème symphonie .
Mouvement 1
Mouvement 2
Voici ce que nous dit Randolph sur sa page d'auteur du salon musical : " Les monts beethovéniens" Octobre 2023
Nous voici devant l’œuvre majestueuse, superbe et hautement humaine qu’est, par exemple, la Neuvième symphonie en ré mineur op. 125 de Beethoven. J’écris « par exemple » car il y a tant de qualificatifs, ne serait-ce que pour la présenter ! Il y a tant à dire que je vais m’en tenir à quelques citations, puis faire humblement silence avant de vous laisser écouter les deux derniers mouvements.
« ...tout est exceptionnel dans cette symphonie avec chœurs qui représente une sorte de sublimation de l’art du compositeur. Bien sûr, sa célébrité et sa popularité doivent beaucoup au message universaliste de l’Ode à la joie de Schiller, que Beethoven semble avoir porté en lui toute sa vie, puisqu’il avait déjà projeté de le mettre en musique à l’âge de vingt-deux ans. »
« Mais cette symphonie si longuement mûrie, puisque ébauchée dès 1817 et achevée en février 1824, ne prend toute sa valeur que considérée dans l’intégralité de ses quatre vastes mouvements, seule façon de mesurer l’effort extraordinaire de création et de synthèse qu’elle représente, la grandeur incomparable de sa rhétorique, et la singularité de sa construction et de son organisation thématique, qui semblent obéir à un seul et même but : préparer l’explosion jubilatoire de l’hymne final. »
« Avec l’admirable adagio molto e cantabile, construit sur deux formes à caractère mélodique (adagio et andante moderato) étroitement imbriquées, l’élan fait place à la contemplation et à la méditation. [C’est le mouvement le plus secret et, musicalement, le plus accompli.] »
« ...le gigantesque final est annoncé par un trait foudroyant des instruments à vent et des timbales, ouvrant sur une vaste introduction dans laquelle vont être tour à tour évoqués les mouvements antérieurs. Un dialogue saisissant s’instaure entre cordes graves et bois, que les cordes vont conclure en exposant pour la première fois le thème de l’Ode à la joie. »
...« [ « l’irruption du chœur et des voix solistes, la musique alla marcia, les dissonances, les montées vers l’aigu, les extases sur de vastes accords pianissimo, les alternances et les fusionnements de l’orchestre, la double fugue explorent toutes les sphères possibles et permettent au compositeur de s’affranchir des modèles fournis par la cantate, l’oratorio ou l’opéra. »] Tout cela, comme le souligne André Boucourechliev, au seul service de la glorification d’une idée, une idée qui, « éthique autant que musicale, dépasse le domaine de l’esthétique, pénètre dans celui de l’incantation collective : le finale de la neuvième symphonie, dans sa structure même, porte, au-delà des salles de concert, sa destinée d’hymne ».
Extraits d’un article de Michel Rusquet (© musicologie.org ) - les parties entre crochets sont de Patrick Szersnovicz (Le Monde de la Musique)
La citation finale est de André Boucourechliev (Beethoven, « Solfèges », Éditions du Seuil, 1963
Choisir, c’est écarter. J’ai donc écarté, pour des raisons de qualité sonore, les références qu’il faut connaître (W. Furtwängler, B. Walter, H. Blomstedt, Klemperer et bien d’autres). YouTube nous propose exactement ce que je cherchais : une version équilibrée, d’une qualité musicale incontestable, des deux derniers mouvements, de plus filmée en public en 2012. Daniel Barenboim partage, dans ses engagements musicaux et civiques, les valeurs de cet hymne. Il ne fait pas l’unanimité parmi les commentateurs et les mélomanes, mais qui, de nos jours, peut la faire ? ( extrait de l'article de Randolph)
Mouvement 3
Mouvement 4
Voici une partie du poème de Schiller :
" Ô amis, pas de ces accents ! Mais laissez-nous en entonner de plus agréables, Et de plus joyeux !
Joie, belle étincelle divine, Fille de l'assemblée des dieux, Nous pénétrons, ivres de feu, Céleste, ton royaume ! Tes magies renouent Ce que les coutumes avec rigueur divisent; Tous les humains deviennent frères, Là où ta douce aile s'étend.
Que celui qui a su trouver la chance, D'un ami être un ami; Qui a faite sienne une femme accorte, Joigne à nous son allégresse ! Oui, même celui qui ne nomme sienne Qu'une seule âme sur tout le pourtour de la terre ! Et qui jamais ne le put, Qu'il se retire en tristesse de cette union !
La joie, tous les êtres en boivent Aux seins de la nature; Tous les bons, tous les méchants, Suivent sa trace de rose. Elle nous donna les baisers et la vigne; Un ami, éprouvé jusque dans la mort; La volupté fut donnée au vermisseau, Et le Chérubin se tient devant Dieu.
Joyeux comme volent ses soleils Au travers du somptueux plan du ciel, Allez, frères, votre voie, Joyeux comme héros à la victoire.
Soyez enlacés, par millions. Ce baiser de toute la terre ! Frères ! Au-dessus de la voûte étoilée Doit habiter un très cher Père. Vous fondez à terre, par millions ? Pressens-tu le Créateur, monde ? Cherche-le par-delà le firmament ! C'est sur les étoiles qu'il doit habiter. "
La malédiction de la 9ème symphonie de Beethoven
C'est une superstition selon laquelle chaque compositeur après Beethoven (mort en 1827) mourrait après avoir composé sa 9ème symphonie.
Quelques exemples donnent à cette malédiction une tonalité quasi véridique quand on s'aperçoit que Franz Schubert, Antonin Dvorak, Anton Bruckner et Gustav Mahler sont morts après avoir composé leur 9ème symphonie.
C'est Hector Villalobos en 1952 qui fera déchoir cette superstition.
Il compose sa 10ème symphonie en 1952 et continuera jusqu'à la douzième sans rien souffrir de quelque malignité.
Dimitri Chostakovitch compose sa 10ème symphonie l'année suivante sans recevoir aucun coup de soufflet de la malédiction.
Et ainsi ce sera le cas d'autres compositeurs qui iront au delà de la 10ème symphonie sans bémol !
Un film français muet réalisé en 1918 par Abel Gance évoque ce mythe :
" La dixième symphonie "
Eve tue Varna la sœur de Fred son amant qui dilapide l'argent d'Eve au jeu. Fred exerce un chantage sur elle : il se taira sur le crime qu'elle a commis si elle lui verse une importante somme d'argent avant qu'il ne disparaisse de sa vie.
Eve épouse ensuite Enric, un compositeur qui ne sait rien sur elle. Enric a une fille Claire qui rencontre fortuitement Fred et en tombe amoureuse.
La suite n'est qu'une suite de douleurs et quand Enric découvre la sordide vérité, il joue la dixième symphonie…
Il faut laisser le piano vous dire la suite, chers lecteurs !
Ginette Flora
Mai 2024







Que l'Europe est belle quand elle mise en musique par Ludwig Van Beethoven !
merci pour ce voyage beethovien, il résonne encore ...❤️
Une très belle symphonie !