La page de Marcel Faure - Poésies Mai 2025
- Ginette Flora Amouma
- il y a 2 jours
- 4 min de lecture

Pour éclairer le ciel
La lumière de l’amour
Les hommes sont en manque
Alors le bleu fait gris
Aimer aimer toujours plus
Le travail d’une vie
Ce désir fou de l’autre
Un programme plein de tendresses
Vois la clarté nouvelle
Au bout des mains tendues
Le ciel pourrait vibrer
Comme un premier matin
Perdue dans l’avenir
Une étoile s’allume
**
Pour défier l’éternité
Aux chemins inutiles
Aux amours buissonniers
Aux matins oreiller
Aux pluies qui s’évaporent
Aux fleurs de passage
Aux hommes si fragiles
Aux idées qui s’évadent
Aux plumes si légères
Aux pollens évanouis
Aux mirages d’oasis
Aux châteaux de sable
Aux mots qui s’envolent
À l’ordre des choses
Qui ne sait résister
Au premier mot d’amour
**
Toi qui cherches du bleu
Dans le ciel
Ou dans un regard
Sois fou
Déchire l’aurore d’un mot
Bleu par exemple
Et c’est comme un premier matin
Qui entre par la fenêtre
Ça marche à tous les coups
Jaune et le soleil lèche tes mains
Vert et la forêt embaume ta chambre
Émeraude poissons glissant dans la mer
Noir pour attraper la nuit
Et les étoiles se pressent
Pour embellir tes rêves
Pierrot mon poète de lune
Trempe trempe ta plume
Aux couleurs de la vie
Et la beauté t’invente un arc-en-ciel
Ô fous d’espaces
Tout tient en un seul mot
Qu’un poète a écrit
Pour chacun il diffère
Cherche lis et trouve
**
Face à la nuit
Il est seul
Il a peur de ses rêves
La ville brille encore
Il se jette dans sa lumière
Jusqu’à l’aube salvatrice
Les yeux papillons
Il s’arrange avec le sommeil
Cafés de plus en plus serrés
Cet homme à contre-jour
Me montre du doigt
Je suis son oreiller
Ma mémoire de forme
Plaide pour qu’il s’allonge
Et je l’avale pour quelques heures
**
Sueur de nuages
Qui s’insinue
Buée du ciel
Sur les vitres
Sur ma peau
Et qui s’incruste
Au ralenti
Un geste essuie-glace
Ma main humide
Soleil voilé
Brise en suspend
Perles sur la ferronnerie
L’épaisseur de l’air
Se mesure en millilitres
Puis sans prévenir
Dissolution
**
Jusqu’à l’éclipse
Rêverie de lune
Qui étire la nuit
Recoudre l’aube
Sans disparaitre
Et flâner au soleil
Jouer avec la plage
Câliner les vagues
Se gorger de marées
Comme de collines
Remonter les rivières
Se baigner aux sources
Pousser jusqu’aux cimes
Bruler bruler jusqu’au noir
Ses dernières cartouches
Escamoter la lumière
Dérouter les badauds
**
Paysage d’hiver
Roche crispée sous le gel
Le paysage tendu
Craque de tous ses os
Un arbre en nuisette blanche
Voudrait piétiner
Pour se réchauffer
Lissant la route de verglas
La nuit tombe et grelotte
En refermant son piège blanc
**
Jeter le bruit
Que reste-t-il dans le silence
La béance des heures
Et cette petite musique
Qui bat qui bat
Régulière ou chaotique
Au rythme de tes humeurs
Ah ce soupir
Qui ponctue l’attente
Il sort de ta poitrine
Brouille un peu l’air
Et réchauffe tes paumes
Trente-sept degrés
Tu es vivant
Qui bat qui bat
Ton ami le plus sûr
Tambourine en cadence
Métronome intime
C’est un silence plein de toi
Qui bat qui bat
Sans jamais bégayer
**
Marchand de couleurs
Je voudrais du bleu
Pour raccommoder le ciel
Un fil de pluie
Pour capturer l’arc-en-ciel
Et s’il vous en reste
Un peu de Klein
De Matisse
De Picasso
Pour de vieux tableaux
C’est pour Daniel
Un faiseur de poètes
**
Dans le tumulte des saisons
Remous tremblants
Des corps hésitants
À l’écoute des feuilles
Espérer le voyage
Qui nous emportera
Entre rire et larmes
Nous serons dans le vent
À l’aube d’un jour nouveau
Toujours vivants
Toujours fragiles
Toujours debout
**
La mue des montagnes
Se cache dans les rivières
Galets sable fin
**
Mes rêves portent des voyages
Avec mes jambes je partirai
Le paysage défilera lentement
Se laissera voir vraiment
Et le chemin apprivoisé
Me conduira loin
Plus loin que mes rêves étriqués
Là juste à côté
Là où tu m'attendais
**
Choisir le vent
Sa folie tourbillonnante
Dans l'euphorie de la pluie
Le capturer un instant
Dans ses cheveux
S'ébouriffer d'espace
Ou sa tendresse de printemps
Ses odeurs fraîches
Déposées sur les joues
Dans les embruns du jour
Fouetter sa vitalité
Aux rafales qui passent
Choisir le vent
Jusque dans ses colères
Qui réveillent nos sens
**
Accrochées à nos basques
Nos peurs de Cro-Magnon
Toujours les mêmes
La pluie qui nous martèle
Jusqu’à boire nos maisons
Par crues interposées
Le soleil qui ravage
Nos meilleures semailles
D’un trop plein d’été
La mer trop curieuse
Qui gratte nos falaises
Et nos châteaux de sable
Jusque dans ses entrailles
La terre remue nos tripes
Et craque nos demeures
Quand le feu se démène
Nos chaumières de paille
Brûlent plus qu’allumettes
Nos peurs nous poursuivent
Nous pleurons sur nos cendres
Refusant les leçons

Marcel Faure
Juin 2025
Bravo pour ces saisons délicatement déclinées
Merci aussi !
Les éléments, la nature, que cela est beau Marcel. Merci beaucoup.