La page de Colette Alice - Colette Richarme

Une artiste en quête d’absolu

  Colette Richarme

                                                 (1904-1991)

Colette Richarme, née le 24 janvier 1904 à Canton, est marquée par une enfance singulière vécue en Chine. Sa mère, diplômée des Beaux Arts de Genève, l’initie à la peinture dès l’âge de cinq ans et la forme très tôt à l’observation de son environnement et au dessin. Mais la mort subite de son père, négociant soyeux pour une firme anglaise, les oblige à rentrer en France.

Colette complète cet apprentissage en suivant, pendant la Première Guerre mondiale, les cours d’une école de dessin sur tissu à Lyon. De 1920 à 1935, elle vit en Savoie à Albertville près de sa famille maternelle. Elle s’y  marie avec Jean Boisseau un chasseur alpin avec qui elle a trois enfants. Durant toute cette période elle réalise de splendides gouaches, aujourd’hui conservés aux archives de Haute-Savoie. En 1935, le couple s’installe à Paris ce qui permet à Colette d’avoir accès aux ateliers de l’Académie de la Grande Chaumière (1).

Mais c’est à Montpellier, en 1938, que débute vraiment sa carrière d’artiste. Elle y présente sa première exposition particulière en 1941. Dès l’après-guerre, elle entretient des liens désormais réguliers avec la capitale par des expositions et des salons, tout en participant activement à la vie artistique régionale.

La fondue dans les oliviers - 1947                                                          

Aborder l’œuvre de Colette Richarme, c’est voyager dans un univers de couleurs et de mouvements qui construisent un espace semblant abstrait mais qui se révèle puissamment concret. Le regard y navigue, à la fois ballotté et enchanté.

Si elle connaît les grands courants artistiques de son temps, elle préfère emprunter un chemin autonome. Les voies qu’elle expérimente paraissent spontanées mais son journal donne une toute autre idée, celle d’un travail mûrement réfléchi.

Extrait de son journal :

« Les objets sont figurés, modelés mais pas d’une façon poussée comme ayant une réalité. Ils sont là comme prétextes à faire ressortir des surfaces de couleurs, des accents de lumière, des lignes dominantes choisies »

Le phare, paysage - 1957

« Ligne, forme, couleur sont abstraites dans mes constructions qui font large part à la déformation et à l’invention… mais pour l’amateur qui regarde, l’ensemble devient concret en évoquant chez lui un mouvement réel. »

« Il me semble que je suis une fontaine jaillissante, un jet d’eau qui, au départ, jaillit en colonne unique d’un blanc homogène, puis s’évase en éventail et retombe en filets séparés colorés diversement suivant le terrain rencontré. Ainsi l’œuvre peut-elle être diverse suivant l’instant qu’elle décrit ou la rencontre qu’elle affronte. Cette réflexion m’ouvre tous les chemins, toutes les sources d’inspiration les plus diverses. »

Palavas - 1958                        

Colette Richarme décède en 1991. Pendant soixante-dix ans, elle aura poursuivi ses recherches dans le silence de son atelier montpelliérain, laissant plus de six cents huiles et près de deux mille dessins et gouaches.

                                                 Son atelier montpelliérain                       

(1)  Académie de la Grande Chaumière : fondée en 1904 par la Suissesse Martha Stettler (1870-1945) et la Russe Alice Dannenberg (1861-1948). Dédié à la fois à la peinture et à la sculpture, l’établissement fut très réputé au début du XXe siècle et sera dirigé par Martha et Alice jusqu'en 1944.

Colette Richarme en 1989

Une chronique de Colette Alice

Octobre 2025