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La page d'Odile - Fragment 4


Nature et sentiments

 

De grandes émotions parcourent  mon être, me sidèrent comme la foudre que je verrais au loin, sans en être affectée.

De précieux moments sont restés intacts dans ma mémoire et s’animent comme des bouées de sauvetage quand un brouillard cérébral s’installe.


D’autres paysages me transportent, m’enrichissent, me purifient, me mettent en harmonie avec cette nature si variée qui nous est offerte :

J’ai ce souvenir près du lac de Roselend. J’y étais déjà venue…. Je souhaitais y revenir pour retrouver l’émotion si magique que ce paysage réveillait. Ce fut un cadeau d’une grande pureté. Je ne pouvais retenir mes larmes, heureuses qui coulaient. Ce moment était d’une grâce extrême dans cette nature préservée et je voulais de toutes mes forces garder ce moment comme une lettre intime qu’on ne jette pas.


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© artcycle - Lac de Roselend - Helena Monniello


Une autre rencontre, une atmosphère magique, la visite de la basilique d’Orcival : l’hiver, les pierres noires voilées de blanc. Ce prêtre, là, à cet instant qui m’entraîne dans un dialogue surnaturel, moi non croyante, je me suis livrée, donnée. Je garde de cet échange catéchistique une émotion pure, comme une prière pour l’humanité.


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© Webnode  aquarelles – Christine Perrin


La Laponie, le Spitsberg, le Québec, le grand froid m’attirent pour une raison différente qui fait appel aux premières émotions d’immunité, de fragilité, d’exception naturelle, sauvage et indomptée (ou presque). J’aime avoir le sentiment que mes pas sont les premiers, que mon regard est unique et je sais que mon psychisme se nourrit de cela aussi. Ces lieux sont intimement liés à ce que je suis, à ce que je pense être.


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© aquarelle aurore boréales – etsy canada



A cet instant me revient le dialogue du Renard et du Petit Prince :

-... Qu'est ce que signifie ""apprivoiser""?          
_ C'est une chose trop oubliée, dit le renard. Ca signifie ""créer des liens''....""Si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde... Si tu m'apprivoises, ma vie sera comme ensoleillée ! Je connaîtrai un bruit de pas qui sera différent de tous les autres. Les autres pas me font rentrer sous terre. Le tien m'appellera hors du terrier, comme une musique""         

Je ne veux pas apprivoiser la Nature. Je souhaite qu'elle me surprenne, qu'elle me laisse muette. (C'est dur pour moi de l'être!!!)

Saint Valery sur Somme m'émeut énormément. Pour des raisons semblables à un autre voyage fait à Venise. Ces marées qui régulièrement font et défont les paysages marins, sans cesse différents, sans cesse renouvelés au gré des nuages, des pluies, des rayons lumineux ou opaques du soleil, des vents doux ou violents et à chaque fois, au même endroit, cette nature me renvoie un spectacle nouveau qui me laisse béate, qui me dope, qui me fascine. Quelles forces sont capables de modifier ces paysages ! Que la Nature est généreuse à qui sait la sentir !


J’ai cet autre souvenir, en Irlande, à la pointe de Beara. La voiture posée. Quelques pas et plus rien. Une île, une îlette, rattachée au continent par un treuil suspendu. Des falaises blanches, hautes, des parcs à moutons, des collines.

Comme il en existe en Irlande, un escabeau de bois permet aux hommes (donc il y en a quand même si loin de tout !) de franchir la clôture et de marcher dans le pré des moutons que je ne voyais pas. Je m’apprêtais à longer un étroit chemin, à peine piétiné, qui longeait la falaise quand, tout à coup, dévalant la pente, un colley se précipita vers moi. Figée, j’attendis qu’il arrive à ma hauteur et il se comporta comme avec ses moutons. Il me devança sur ce bord de falaise, se plaçant tout le temps entre le vide et moi. Ce fut un moment magique : je venais de perdre mon chien et j’avais le sentiment que celui-ci revenait vers moi pour un dernier adieu en continuant à me protéger comme il avait toujours tenté de le faire.

Cet instant, lié à cette nature, sauvage, ventée, accidentée, me plonge dans une étroite relation avec un environnement que l’on pourrait qualifier d’hostile mais si apaisant pour moi.


 Inishlaken- en trois mouvements Concerto pour 2 violons de Bill Whelan, qui évoque la découverte de l'île d'Inishlaken située au large des côtes irlandaises, des grands espaces et de sa faune.

Ci-après le 1er mouvement qui avec le currach, embarcation irlandaise, légère en bois est une entrée dans l'île.





 

"Riverdance" de Bill Whelan





La nature, c’est aussi les atmosphères qu’elle dégage. Le beau ne signifie pas la même chose pour chacun, ce qui me parait un don de la nature arrive à l’instant où l’esprit, le corps, l’émotion sont sollicités pour prendre conscience de l’exceptionnel, pour soi et que l’on voudrait partager….


Venise m’a fait vibrer : Venise pour les couleurs de la lagune, sans cesse renouvelées, pour cette brume qui s’installe et qui donne aux façades, aux monuments, à l’eau, une atmosphère si particulière. Quand un pâle soleil tente de transpercer cette ambiance ouatée, encore une fois, pour moi, la magie opère. J’aime les rues étroites, intimes, ces ruelles que j’emprunte ne sachant où elles mènent et je n’ai pas peur. Je ne vois personne, je suis enveloppée dans un halo émotionnel qui me protège !!!



 

Merci pour tout cela…


La page d'Odile- Nature et sentiments

Mise en page et choix des illustrations de Ginette Flora

Juillet 2025


2 commentaires


Des fragments qui font la part belle aux sentiments et en réveillent indubitabkement d'autres chez le lecteur ! Je pense ici à la basilique Notre-Dame d'Orcival, à peine à 100 kms de chez moi, que j'ai eu grand plaisir à découvrir ! Merci pour ces fragments de Vie, Odile ! ^^

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viviane parseghian
24 juil.

Magnifique d'émotions .... Merci Odile, c'est beau ♥️

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