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La page d'Odile - Fragment 2

Dernière mise à jour : 19 juil.


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© paysage sous la neige de J. Lavernhe

Histoire


Il  y a l’Histoire de la planète avec ses longues respirations, ses coups de chaud, ses coups de froid.

Il  y a l’Histoire de nos pays avec leurs moments de guerre, leurs moments de paix.

Il y a aussi les histoires des hommes, les réelles, déformées, transformées par le temps, les légendes, histoires virtuelles et cultuelles, très anciennes qui ont parcouru les siècles de bouche à oreille puis d’oral à écrit, modifiées, adaptées, façonnées par la qualité du narrateur et de l’auditeur.

Qu’il s’agisse des mythes et des légendes, qu’il s’agisse de contes et d’histoires des écrivains ou des inventeurs, CELLES et CEUX qui ont traversé les temps ont laissé aux parents, aux enseignants et éducateurs  suffisamment de références, de mots à dire, de mots à entendre, de mots à comprendre pour que les enfants en soient imprégnés. Nos qualités sociales s’y réfèrent, nos qualités humaines s’y retrouvent, même les défauts, les vices figurent déjà sur les pierres gravées de l’antiquité.

 

Et il y a mon Histoire de Vie, ce minuscule tressaillement dans l’immensité humaine, aussi infime qu’une poussière de vie.

Nulle trace ne survivra, peut être juste quelques mots posés là, en cet instant, légères empreintes grises sur ce papier blanc, aussi éphémères que des molécules vivantes.

Dans mon histoire éducative, j’ai été bercée, sans force, avec beaucoup de plaisir par certains écrivains qui comblaient mon esprit romanesque, assoiffé de vies exceptionnelles sur lesquelles j’aurais pu assoir la mienne, ordinaire, très ordinaire, presque ennuyeuse.

Autour de moi, les adultes évoluaient, me démontrant par leurs disputes que l’Amour n’est pas éternel, que les violences verbales détruisent la confiance d’une enfant bien plus vite et profondément qu’une paire de claques.

Je me suis construite  avec le temps de l’adolescence, mes propres valeurs, mes grandes aspirations de vie. Aidée surtout par une imagination fertile et des illusions probablement débordantes, j’ai réussi à me glisser dans un idéal de jeune fille de 20 ans.

Beaucoup de tout cela a volé en éclats, un mariage décevant, des relations compliquées avant de retrouver le goût de vivre et de rêver.  Il a fallu recomposer les partitions, redonner un sens à ce chemin …pour que les blessures d’hier forgent une parcours de vie positif. Je suis fière de cela, je ne regrette rien.

Quelles qu’ont été les pierres sur mon chemin, je porte mon histoire comme un étendard, fière, heureuse et libre.

 

Et par bonheur suprême, ce fils que j’ai aimé si fort déjà en moi, tout petit, a été un soutien, un bâton de vie. Je l’aime profondément pour ce protecteur qu’il fut pour lui quand je n’étais pas à la hauteur et pour moi quand enfin on pouvait partager.

Aujourd’hui, engagé dans sa vie, il me protège toujours et je lui en suis infiniment reconnaissante.

Son Histoire sera imprégnée des absences et des longs moments de présence de sa mère.

Mais cela…..est une autre Histoire.

Odile Rousseau



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© ETSY- aquarelles des neiges


Neige


Neige vole devant mes yeux.

Elle est si chaleureuse pour mon cœur quand rien ne m’empêche d’en profiter et si  ennemie quand je dois prendre la voiture.

Alors je vais tenter d’écrire ce qui me rend heureuse, si heureuse et si sereine.

 

Le blanc de la neige est plus qu’une couleur, qu’une matière : c’est aussi pour moi une émotion heureuse, un silence sonore, un nettoyage de mon être qui se débarrasse de toutes les impuretés  dans ma tête et de toutes mes pensées négatives.

 

            BLANC : c’est déjà la pureté. Alors forcément quand la neige fond et qu’elle se mélange à la terre mouillée, c’est trop tard. Pourvu que j’en aie pris le meilleur avant.

 

            MATIERE : ces flocons de neige qui sont de la vapeur d’eau cristallisée, qui tombent comme une averse de pluie ou comme une tempête violente  poussée par le vent, qui courent dans les rues à l’horizontale avant de s’écraser en douceur sur une façade de maison ou sur le visage. Picotements légers ou cinglants… Ciel qui semble se déchirer et glisser doucement sur terre ; flocons qui dansent comme des papillons sans savoir où se poser, superbes plumes irrégulières et légères, un souffle… et elles s’enfuient plus loin.

Chaque flocon porte sa propre identité, jamais pareil à un autre mais si semblable.

J’aime la caresse amicale, parfois sensuelle de ces flocons qui viennent aléatoirement se poser sur un vêtement, une main, un visage. Je dis sensuel car la féérie qui se dégage de cette atmosphère m’est douce comme un moment d’échanges corporels, comme d’éphémères et délicates attentions amoureuses.

 

             SILENCE : il m’arrive de savoir quand tombe la neige, volets fermés, uniquement par l’étouffement des bruits extérieurs. Tout s’arrête. As-tu déjà entendu tomber la neige ? Ca fait du bruit, dans l’espace et par terre ! Chaque son nous parvient de façon différente quand il neige : une sensation de volume, de cocon dans lequel je me sens bien. As-tu déjà écouté le son des flocons sur un vêtement, au sol ?

Par terre la qualité de la neige et du sol entraîne une perception sonore différente. Et quand on marche dans cette atmosphère ouatée, nos pas provoquent des bruits qui sont encore aussi différents selon, encore une fois, de la qualité de la neige, du sol et de l’épaisseur.

La neige glacée craque sous nos pieds. La neige sèche ressemble au bicarbonate de sodium et se tasse sous nos pieds en produisant  un son d’écrasement parfaitement  audible.

Je n’aime pas la neige mouillée !!!


            EMOTION : dans ce monde de lumière spécifique à la neige, je me sens en totale harmonie. Les flocons qui tombent (car il faut qu’ils tombent), qui se posent sur moi, qui passent devant mes yeux, sur mes oreilles me purifient de l’intérieur. Je me sens nettoyée comme neuve, débarrassée des souillures cérébrales, émotionnelles… Les flocons ressemblent à de petites fées dont l’œuvre est de décaper mon organisme dans sa totalité, de lui retirer tout ce qui peut être pour moi et donc pour les autres du négatif.

Et ça fonctionne !!!

J’ai de très beaux souvenirs de marches tranquilles, seule ou accompagnée, de jour ou mieux à la nuit tombante. Les flocons deviennent de minuscules lanternes qui dansent dans la lumière. Car bizarrement, il ne me semble pas qu’il fasse nuit noire quand il neige.

 

J’ai transmis cette perception magique à mon fils, à mon petit fils, peut être. Il n’est pas encore dans la contemplation, je pense qu’il lui faudra un peu de temps pour s’arrêter et sentir. Mais il aime déjà le blanc et le froid. C’est ce dernier élément que je veux aborder maintenant

 

            FROID : je ne sais depuis quand remonte cette préférence pour le froid (et non pour le chaud).

J’ai des souvenirs de promenades avec ma grand-mère dans le froid, dans la neige, comme sous la pluie. Bien habillée, je ne craignais rien.

Je n’ai rêvé que de pays froids, de banquise, de pôle nord, de silence, de blanc. J’ai pu m’offrir tous ces plaisirs, au Québec, au Spitzberg, en Laponie. Je me sens comblée d’avoir réalisé ces rêves. Je me sens émue aux larmes en écrivant ces lignes car ce sont de si beaux instants de bonheur partagés, un épanouissement personnel, de très grande sérénité et de moments magiques. Je ne suis pas écrivain pour les décrire, je me demande si cela se dévoile ; chacun dans un même lieu, au même instant vit des émotions et des perceptions différentes, alors…..

J’en reste là. Mais quand arrive l’hiver, quand le ciel pourrait tourner à la neige, je voudrais être là, seule ou intimement accompagnée pour vivre et revivre ces si belles émotions qui me font tant de bien.

Odile Rousseau



Spiegel im spiegel ( miroir dans le miroir ) est composé  en 1978.

C’est une composition quasi mystique qui est jouée sur un rythme immobile et qui renvoie au langage du silence. C’’est une sorte de motif continu d’accord.

La musique ainsi désincarnée appelle une autre dimension, celle de la foi pour Arvo Part pour qui le sacré à une grande importance.

On pourrait y voir un message caché, le sens de la vie qui continue dans la traversée des courants voisins et contraires.  L'histoire d'une vie comme Odile l'indique dans son texte "Histoire".


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Le ruban celtique

 

Ca doit être la dix millième fois

Que je dors près de toi,

Dix millième fois

Que je me réveille près de toi !

 

On n’a pas vraiment vieilli

Parce qu’on se sent capable de tout encore

Mais on a gagné quelques plis

Sur le corps.

 

Si la vie me fait oublier quelques rendez vous

Pour cause de mollesse, de fatigue ;

Si on n’exige pas  pour demain

Aussi bien que ce qui s’est déjà passé,

J’ai encore en mémoire,

Nos débuts, nos espoirs.

 

Je ne rougis pas de ce qu’on est devenu

Avec notre enfant,  20 ans plus tard,

Vingt ans de toi,  vingt ans de moi

A partager nos douceurs, nos peurs

Nos joies, nos bonheurs.

 

Et si on n’exige pas au moins

Aussi bien que ce qui vient de se passer

Il faudra ouvrir la mémoire

Sur ces  20 ans écoulés

Et continuer notre chemin

          Pour en faire une légende, demain.  ( Odile Rousseau)






Fur Alina

C’est une pièce pour piano qui donne une idée du style d’Arvo Part, le compositeur estonien qui travaille avec trois notes d’un accord. Ce sont comme des sons de cloche d’où le mot tintinnabulation  attribué à son style. Il utilise des rythmes simples " noire, blanche, noire, blanche"  comme le fait l’interprète sur la vidéo. On la voit appuyer sur la touche blanche puis sur la touche noire  et recommencer.  

En articulant son jeu entre trois notes principales, le compositeur a un accord d’une gamme.

C’est ainsi qu’on dit qu’Arvo Part est dans la simplicité. Il utilise des notes répétitives et n’use pas de modulations c'est-à-dire de  changement de tonalité et de mode.

En écoutant Fur Alina, on peut penser à cette blancheur, ce dépouillement et cette sérénité silencieuse qui se dégagent du texte « Neige » d’Odile.


  Textes et Poésies d'Odile Rousseau

Sur présentation et choix d'illustrations de Ginette Flora

Juin 2025 

 

 

7 commentaires


Des instants de vies intimes ou sensorielles. Ce sont de beaux partages Odile.

Merci de les partager. Cela me touche !

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Invité
15 juil.
En réponse à

Merci , je suis sensible à votre lecture.

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viviane parseghian
25 juin

Magnifique , un plein d'émotions ... c'est beau, Odile ... j'ai adoré !♥️

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Invité
15 juil.
En réponse à

Merci , je suis sensible à votre lecture.

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Un article varié , intime où chaque élément, tel un diamant, est taillé à la perfection ce qui en augmente l'éclat ! Merci pour ce partage, Odile ! ^^

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Invité
15 juil.
En réponse à

Merci , je suis sensible à votre lecture.

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