La forteresse de Burlats
- Ginette Flora Amouma

- 28 janv.
- 3 min de lecture

Burlats est une commune sise dans le département du Tarn, dans la région de l’Occitanie. C’est une terre de granit, couverte de forêts, à l’Est de Castres. C’est dans les vallons où coulent des rivières, où l’on entend dévaler les clameurs des cascades que se dressent des édifices isolés dans les végétations environnantes. Ils sont comme animés par un besoin de conjurer les coups portés par les ardeurs et les convoitises des affaires du monde.
C’est ainsi que commence l’histoire d’Adelaïde de Toulouse, fille du Comte de Toulouse (Haute-Garonne) et de Constance de France, (fille du roi Louis VI le Gros).
Adelaïde devint vicomtesse du Tarn par son mariage avec Roger II Trencavel, vicomte d’Albi et de Carcassonne.
Nous sommes en l’An 1158. Constance de France, répudiée par le comte de Toulouse, vient se refugier dans sa forteresse de Burlats et donne naissance à Adelaïde qui n’oubliera pas les jours tranquilles de son enfance dans cette maison romane du XIIème siècle.
Adelaïde de Toulouse et le vicomte Roger II de Trencavel
Elle est catholique, il admire et s’aligne sur la foi cathare, considérée comme une hérésie par l’Eglise. Ils se marient parce que c’est un contrat qui arrange les intérêts familiaux. Toute sa vie, elle balance entre les deux bords, ménageant les esprits, en essayant avec diplomatie et sang-froid d’atténuer et de calmer les animosités des uns et des autres dans cette guérilla entre les deux camps. Adelaïde voit son père et son clan de Toulouse se livrer un conflit larvé contre l’avancée des Cathares sur son fief.
Roger II d'Albi et de Carcassonne décide d’éloigner sa femme de ses affaires politiques où elle excelle à faire preuve de diplomatie et à tenir tête à des situations délicates, ce qui dénote une nature hors du commun.
Il l’isole dans la forteresse de Burlats mais c’est sans compter sur la force de caractère d’Adelaïde qui fait de ce lieu un salon littéraire et musical en invitant les poètes, les musiciens et les plus grands troubadours de cette époque. Pendant une dizaine d’années, elle préside à une cour de lettrés venus de toute l’Occitanie pour lui chanter ou lui réciter des vers.
Il me plaît de sentir l’haleine du vent
En avril, avant que mai n’arrive,
Et que tout au long de la nuit sereine
Chantent le rossignol et le geai…
L’allégresse vient à moi
Quand les parfums de la brise
Envahissent mon cœur
Elle est plus blanche qu’Hélène
Plus jolie qu’une fleur qui naît,
Elle est riche, et courtoise,
Cœur pur sans méchanceté,
Nulle part n’est sa pareille…
Arnaud de Mareuil
D’elle, on ne retient pas ses qualités d’ambassadrice. On ne retient bientôt d’elle que l’attachement sincère et hors du commun que lui voue un troubadour Arnaud de Mareuil, un des rares ménestrels à « n’avoir aimé et chanté que pour une seule dame ».
Ainsi la forteresse a été surtout un lieu où deux femmes ont trouvé une paix intérieure pour se guérir ou du moins s’éloigner des drames qu’elles ont vécus, l’une Constance pour avoir été répudiée et l’autre Adelaïde, la fille de la première, qui revient sur les lieux de son enfance après avoir connu une union malheureuse, les déchirements familiaux et la mélancolie d’un amour impossible.
Poésie et piété n’étaient que substituts pour dissimuler une solitude abyssale.
Dans son château, elle reçoit le roi Alphonse d’Aragon qui ne cache pas toute l’admiration qu’il éprouve pour elle. La légende dit qu’entre Adelaïde et Alphonse, il y eut un vécu, une attraction plus que platonique.
En 1185, c’est la naissance de Raymond-Roger. Quand en 1194, Roger II de Trencavel décède, la Régence est confiée à un cathare qui s’occupe d’élever l’enfant dans la foi cathare.
Adelaïde rejoint son fils dès sa majorité pour participer à son gouvernement jusqu’à ce qu’elle trouve la mort un jour d’hiver de l’An 1200.
Son fils mourra à l’âge de 24 ans dans la guerre que se sont livrés les catholiques et les Cathares.
Le pavillon d'Adélaïde

Les troubles du 16ème siècle ont abîmé l’édifice. Des réparations sur les murs et la toiture ont permis son utilisation comme entrepôt.
Vers 1850, il abrite une manufacture textile.
En 1923, le monument est classé dans le patrimoine culturel de la région.
En 1958, toute activité de l’usine cesse et l’édifice est acquis par le Parc Régional du Haut Languedoc.
En 1982, l’ensemble est restauré. Ne sont conservées de sa construction d’origine que les arcades du rez de chaussée et les fenêtres géminées des façades Sud et Est.
Le calcaire, le grès et la maçonnerie font partie des matériaux utilisés.
Le pavillon posé dans le silence d’une nature au langage mystérieux nous apprend beaucoup sur les chantiers laissés par l’histoire humaine.
Ginette Flora
Janvier 2025




Marcher dans les pas d'Adelaïde de Toulouse est une découverte de toute beauté.
Belle journée, Ginette ! 🌞
une belle visite, Ginette .. un endroit méconnu , merci de Toi ❤️