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Heinrich Franz Von Biber ou le violon dans tous ses états

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C'est un compositeur violoniste austro-tchèque. Né en 1644 en Bohème et mort à Salzbourg en 1704, il maîtrise le technique du violon, en ajoute d'autres et montre avec virtuosité toutes les possibilités que peut donner un archet.

Il est maître de chapelle et occupe différents postes avant d'être nommé maître de chapelle à Salzbourg, attaché au service du prince de Salzbourg.

Non seulement c'est un violoniste virtuose mais il se sait à l'aise dans tous les genres musicaux.

Ses techniques de jeu sur les cordes lui permettent d'accéder à des notes qui sont de considérables apports pour l'étude du violon.

Il invente la technique du jeu désaccordé appelée " la scordatura" qui consiste à pincer différemment les cordes du violon selon qu'on veuille augmenter ou diminuer la tonalité du rythme.

Il savait jouer simultanément sur deux ou trois cordes.

Son œuvre englobe des sonates, des parties musicales et des oeuvres éparses comme l'Arien en mi mineur et la Battalia qui a été orchestrée au Concert des Nations, cet orchestre crée par Jordi Savall et dont le but est d'interpréter les symphonies des périodes qui vont du baroque au romantisme.


Le Rosaire ( 1681)


Ses 15 sonates des Mystères ou le Rosaire recouvrent les différentes façons d'accorder le violon. Elles s'achèvent sur la Passacaille pour violon seul. Le morceau est considéré comme un monument dans la littérature musicale et d'aucuns disent que cela a probablement inspiré J.S. Bach.

La musique de Biber est riche et porte jusqu'à l'ivresse le sentiment euphorique que génère son jeu.

Cette musique est laissée à l'interprétation tant elle favorise plusieurs niveaux d'écoute. Le violon est davantage célébré pour ses capacités à libérer l'extase. C'est la pièce maîtresse de l'œuvre de Biber. La richesse narrative y est véhiculée par des formes et des variations rythmées, les tonalités, les accords et les mesures sont d'une grande inventivité. Les critiques s'accordent à dire que les sonates de Biber sont autant d'ordre spirituel que d'ordre profane.









8 sonates pour violon ( 1681 )

Là où l'imagination s'emballe, Biber fait des prodiges. On est complètement enlevé, capturé, retenu par les possibilités que le compositeur tire de l'archet.







Le dernier recueil " Harmonia artificioso ariosa " est composé de sept parties où Biber réinvente la musique de violon.







Les oeuvres éparses


Battalia




Le mystère Biber


C'est en lisant les critiques et les appréciations formulées par les grands consommateurs de musique classique que j'ai pu constater la pauvreté de mon oreille qui n'écoutait pas plus haut que la première émotion posée sur mes sens.

Mais je me dis que c'est de la première émotion que jaillissent les autres, que mature la sensibilité comme les pas sur les feuilles mortes dont le bruit de crispation puis de ruptures viennent s'immoler dans nos cœurs.

C'est l'automne, c'est Octobre et la musique de Biber est surnaturelle. Car le musicien en accordant et désaccordant son violon produit des effets inhabituels. Les notes crispent et se ramassent ainsi à mesure qu'on écoute Biber.

La découverte de la musque de Biber est récente et l'ensemble " Les veilleurs de nuit " a beaucoup contribué à sa renaissance.

L'ensemble musical d'Alice Piérot interprète en 2016 le Rosaire ou les 15 sonates des Mystères de Biber. Un accord par violon et par sonate. Les accords des violons ont été accordés de quinze manières différentes durant la prestation des mystères sacrés du Rosaire.

Biber dédicace ainsi son œuvre au Prince de Salzbourg :

"Voici un recueil de pièces de toutes sortes pour lesquelles j'ai réglé les quatre cordes de ma lyre de quinze manières différentes : sonates, préludes, allemandes, courantes, sarabandes, airs, une chaconne, des variations, etc. avec basse continue, travaillées avec le plus grand soin et la plus grande recherche que mes dispositions ont permis. Si vous voulez connaître la clé de ce nombre, la voici : j'ai consacré le tout à la gloire des XV Mystères Sacrés que vous honorez avec tant d'ardeur. Pour Vous, Noble Altesse, je dédie à genoux, votre fidèle serviteur, » Von Biber

Le Rosaire est consacré au mois d'Octobre. Cette pièce musicale est une énigme pour les musicologues qui s'interrogent encore sur les mystères qui entourent ces sonates.

Tout y est suggéré : musique et liturgie, des références à la Rose des prières pendant tout le mois d'Octobre car c'est le mois où l'on médite sur le :

- Le Mystère Joyeux ; naissance et vie

- Le Mystère Douloureux : la passion et la crucifixion

- Le Mystère Glorieux : la résurrection

Et Biber termine par une pièce pour violon seul "la Passacaille" placée sous le signe de l'Ange gardien. Il y a quelque chose d'humain dans le Rosaire. L'absence de voix, les effets sonores à mesure que les tableaux sacrés se succèdent amènent vers la méditation sur la destinée humaine elle aussi divisée en plusieurs mystères.

Le Rosaire est-il tourné vers notre abîme intérieur où logerait une présence ?


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Ginette Flora

Octobre 2024





4 commentaires


Colette Kahn
Colette Kahn
08 oct. 2024

Comment ne pas penser à Verlaine en écoutant cette musique. Merci pour ce partage, Ginette.

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Il y a très certainement des clés d'écoute. Les mélomanes n'écoutent pas de la même manière que les profanes que nous sommes.

En écoutant chaque jour une œuvre classique, j'en suis toujours à Chopin, je m'aperçois qu'on s'habitue à cet univers et qu'en le connaissant mieux, on va plus loin qu'une simple écoute.

Cela aussi relève du secret des inconditionnels de la musique savante.

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" C'est l'automne, c'est Octobre et la musique de Biber est surnaturelle"...c'est tellement ça ...merci Ginette, tu me rends riche de découvertes incroyables ...❤️

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Ce fut comme une illumination ! Je suis tombée sur lui comme l'automne est tombée sur nous !!


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