Erik Satie- L'homme au chapeau noir
- Ginette Flora Amouma

- 24 sept. 2024
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 1 mai
C’est un musicien pianiste français né en mai 1866 à Honfleur en Normandie et mort en 1925 à Paris des suites d’une longue maladie.
Il est considéré comme un compositeur inclassable, qui a une place à part dans le paysage musical français.. Il a été estampillé comme étant un compositeur au style d’un surréalisme moderne, oscillant entre un style néo-classique et une tentation d’évasion vers l’absurde.
© peinture de Suzanne Valadon
1/ Honfleur et Paris
D’origine écossaise par sa mère et normande par son père, il a une fratrie composée de son frère et de ses deux sœurs. Il perd sa mère et une de ses sœurs. Son enfance est ballottée entre la Normandie et la capitale où son père s’est installé et a refait sa vie.
Il est élevé par ses grands-parents paternels à Honfleur mais au décès de leur grand-mère, les deux frères retournent vivre avec leur père à Paris où la nouvelle femme de leur père, professeure de piano, inculque à Erik les notions de musique classique et les techniques du piano.
Il fait des études de musique au Conservatoire de Paris auxquelles il renonce faute d’y trouver un encouragement de la part de ses professeurs.
Sa première composition est « Allegro » en 1884.
Allegro 1884 ( piano )
De 1887 à 1898 : Montmartre
En 1887, il s’installe à Montmartre, gagne sa vie en donnant des concerts.
Il compose « les 4 ogives » pour piano et fréquente les milieux artistiques, les salons en rencontrant les artistes de cet univers de bohème, et à ceux à qui il aura insufflé une sorte de renouveau en matière mélodique, il leur laisse un héritage singulier.
Ogives
En 1888, il compose les trois valses « les gymnopédies » pour piano, orchestrées par Claude Debussy. De nos jours, « les gymnopédies » sont les œuvres les plus jouées.
Pour des raisons économiques, il compose des mélodies faciles et légères, vite écoutées, vite plébiscitées et qui justement assureront sa renommée posthume. Ce sont des compositions de danses de cabaret, des valses à peine soutenues qui le remettent sur les rails de la société. Il rencontre Maurice Ravel, reprend des cours de musique, passe ses examens de cours de contrepoint au Conservatoire de Paris et obtient les meilleures notes.
Gymnopédie N°1 ( piano )
En1889 et 1890, il compose » les gnossiennes ».
Le mot est dérivé de Knossos, l’île grecque qui est le lieu mythique des légendes grecques de Thésée, Ariane, Phèdre et le Minotaure.
Le mot est un néologisme qui vient de « gnose » qui veut dire connaissance. Le philosophe et compositeur Jankélévitch dit de cette musique :
« Le temps gnossien, c’est le temps immobile, stoppé dans l’ostinato d’une chorégraphie »
Gnossienne N°1 (piano)
Il rencontre et s’entoure de beaucoup d’amis issus des cercles et des salons. Il accepte un emploi d’organiste dans un ordre religieux mais il n’y reste pas longtemps. En 1893, il a une liaison avec Suzanne Valadon, une artiste peintre mais la période idyllique ne dure pas. Quand elle s’en va, Erik Satie compose " Les danses gothiques " puis par un sursaut de révolte contre lui-même, il compose « Vexations » pour s’infliger une punition, dit-il.
Cette mélodie est une suite répétitive d’un motif languissant qui dure une minute. Elle a une valeur musicale avant-gardiste par réaction aux diverses vexations qu’il a subies.
Elle est redécouverte en 1949 puis est devenue l’élément de protestation et de révolte contre des injustices. Plus elle est jouée dans la durée, plus elle est efficace. Elle a permis de faire aboutir certaines actions et revendications sociales.
Cette œuvre donnera lieu à d’innombrables marathons pianistiques dans le monde entier.
Vexations
De 1898 à 1925 - Arcueil
© dessin de paul Signac
Il s’installe à Arcueil dans un studio en 1898 et rencontre Jean Cocteau avec qui il compose le ballet « Parade ». Il forme avec Cocteau « Le groupe des Six » qui est un ensemble de six compositeurs qui donnent des concerts. Ce groupe résiste au temps puis est dissous pour être remplacé par « L’école d’Arcueil ». Erik Satie s’entoure de jeunes musiciens qui sont davantage occupés à s’interroger sur leur devenir qu’à suivre les créations d’un homme qui a des aspirations différentes des leurs. Le groupe ne résiste pas cette fois à un autre temps, celui de la jeunesse. Les amis d’Erik Satie le lui font comprendre quand le compositeur souffre des premiers signes de sa maladie.
Erik Satie compose "Socrate" en 1918, son chef d’œuvre, qui est un drame symphonique inspiré par « Les dialogues de Platon ».
C’est une période nouvelle où il se lance dans la création d’une musique moderne.
La fin d’Erik Satie et son incroyable influence dans le monde des arts scéniques.
Au début de l’année 1925, il est hospitalisé à l’hôpital St Joseph pour une durée indéterminée. Il a sa chambre. Il y meurt en juillet 1925 alors qu’il travaillait sur un drame en 3 actes : Paul et Virginie.
Il vivait dans un studio à Arcueil dans une pauvreté extrême sans que ses amis aient pu soupçonner sa pénible situation matérielle.
Mais l’homme se cachait derrière son inaltérable humour qui confinait à l’ironie et au cynisme. Il était très entouré mais très discret et avait toujours refusé d’inviter chez lui quel qu'ami que ce fut, ne disant rien de lui et s’esquivant par une de ses postures humoristiques. L’homme savait se taire tout en étant très convivial. C’est ainsi que son humour devint légendaire. Il lui valut une place à part dans le paysage des artistes du début du XXème siècle.
Ses œuvres sont utilisées dans de nombreuses réalisations cinématographiques.
© dessin de Picasso
Ginette Flora
Septembre 2024







Le peu que je connaissais de cet artiste ne m'avait pas invitée à plus de curiosité... erreur ! En écoutant sa musique et en lisant le commentaire de Fred, j'ai fait mes premiers à sa rencontre. Merci Ginette.
Chère Ginette, c'est un grand plaisir que tu m'as fait là en dressant le portrait d'Erik Satie qui pour moi représente un peu le pendant musical de René Magritte ! D'ailleurs, dans un ancien recueil de poèmes, j'évoque ces deux artistes fort appréciés ! Concernant l'œuvre de Satie comme pour tant d'autres compositeurs, force est de constater que suivant les interprétations qui en sont faites, chaque version ne vehicule pas nécessairement la même charge émotionnelle. Il m'est arrivé de trouver des pianos fades dans l'exécution des Gymnopédies ! Les versions que tu proposes à l'écoute sont réellement intéressantes. En l'occurrence, j'ai vraiment apprécié l'interprétation de Gnossienne n°1 par Alessio Nanni. Bref, il n'y a pas de hasard, j'évoquais récemment le…
Joli voyage vers ce musicien que je connais un peu et que j'ai redécouvert avec toi ... Merci , Ginette ❤️et Suzanne Valadon, j'adore .. le portrait est superbe ! ...et Quel homme, ce Monsieur !
Les compositions de Satie me touchent beaucoup, que ce soit au piano au violoncelle,
ou plus récemment à la guitare ! Merci Ginette d'avoir parlé de lui !