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Denez Prigent, le troubadour breton


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Denez Prigent est né en 1966 à Santec dans le Finistère. C'est un auteur-compositeur chanteur en langue bretonne.

Il affectionne les genres de musique bretonne comme

- le kan ha diskan qui est un chant à danser

- et le gwerz qui est un chant dramatique. C'est un conte chanté qui développe une histoire sur des thèmes tragiques.

Il est marqué par une enfance et une jeunesse passées auprès de sa grand-mère qui lui transmet la culture bretonne, langue, chant, musique, traditions, culture en passant aussi par le dessin et la peinture.

Tous ces supports artistiques opèrent des correspondances dans sa recherche d'une spiritualité connectée à la nature.


Il commence à chanter sur scène à l'âge de 16 ans en interprétant des chants traditionnels a cappella.

C'était juste sa voix qu'il faisait entendre lui qui sillonne la lande bretonne et sa culture. Sa voix, c'est son langage, il voulait qu'on entende la voix de sa grand-mère par qui il a tout appris de sa terre bretonne.

Puis il grandit au milieu des légendes qui courent la lande bretonne. Il entre dans la sacralité d'une musique qui donne à la langue une résonance particulière. Certains chants sont intraduisibles.

C'est de ce voyage qu'il en tire une épopée, lui le chevalier des temps modernes.




Dans les années 1990, il se fait connaître en participant à des festivals.

En 1992, il chante a cappella aux Transmusicales de Rennes.

C'est le temps où il sillonne les terres, aux festivals de Montreux en Suisse, de Québec, d'Allemagne, d'Autriche, du Portugal, d'Ecosse...

Au contact des musiques étrangères, il renouvelle sa musique. Il écrit en breton car dit-il :

"Le breton a su garder son côté sacré."

Ce qui rend parfois intraduisible certaines tournures de phrases.

Il participe aux festivals interceltiques de Lorient puis à celui de Cornouailles à Quimper et Il est invité à chanter dans les festivals internationaux. Il découvre le voyage, l'inconnu, l'autre musique et commence à faire passer quelques accords nouveaux dans sa musique tout en gardant le terreau originel.

Il quitte ses anciennes activités d'enseignant de langue bretonne et son travail à Radio France Armorique pour ne plus se concentrer que sur ses nouvelles compositions.


Ecrit en 1999, le titre signifie : " J'attends"



J'ai attendu, attendu longtemps

Dans l'ombre sombre des tours brunes

Dans l'ombre des tours pluvieuses

Vous me verrez attendre toujours


Un beau jour il reviendra

Par dessus les champs, par dessus les mers

Reviendra le vent vert

Emportera avec lui mon coeur blessé


Je serai emporté grâce à son souffle

Loin dans le courant selon son désir

Selon son plaisir loin de ce monde

Entre la mer et les étoiles

Gortoz a ran

Denez , 1999


Le chant séduit aussitôt par la mélancolie qu'il module tout au long de son passage. C'est une tristesse qui submerge l'attente et parce qu'elle parle d'attente, de coeur blessé , on peut laisser libre cours à l'interprétation qui convient.

L'attente de l'homme parti en guerre, l'attente de l'enfant perdu, errant sans famille, l'attente d'un être qu'on a senti se poser sur son destin et puis le basculement qui survient dans le chant et qui projette cette attente dans l'espoir d'en être délivré.

Il y a cet autre sentiment qui est le désir d'une autre vie qui nous absoudrait de ce mal métaphysique.

Le chant oppresse, il figure dans les génériques de films, il est repris dans maints récits et documentaires, feuilletons ...

Cornemuse et flûte accompagnent le vibrato.

On l'a comparé à un cantique.


Les années 2000

La thématique de Denez est centrée sur la nature où il se ressource. Il parle des silences bruissants de la nature, du frémissement du ruisseau, du vent dans les branches. Il parle de la vraie solitude qui apaise et sacralise l'humain et non pas de la solitude qui fige le corps devant les écrans.

En 2016, il participe au Festival des Vieilles Charrues.

En 2018, il sort l'album " Mil hent" où il s'ouvre sur des rythmes techno tout en conservant des accords classiques.

Son album (2018) "Mil hent " rassemble 13 pistes. En voici une :




Je prendrai les chemins verts que me fredonne la brise

Et les étincelles d'argent de la rosée sur les fougères de la butte

Je prendrai les chemins sinueux que me hurle l'épervier

Et la clarté rousse du clair de lune quand le vent se déchaîne


Je prendrai les chemins secrets où m'invite le joyeux paysan

Sur la pointe des toits rouges dansent les fumées blanches et glaciales

Je prendrai les routes d'or que me chante l'écume des étoiles

Et dans les cieux resplendissants d'Octobre les " bagadous" d'oiseaux


Je prendrai les chemins perdus que me racontent les brouillards

Et les fantômes roses des nuages dans le miroir de la source

Je prendrai les chemins creux que me dicte mon coeur

Car je trouve les vôtres trop directs pour moi.

Va hent

Denez, 2018


En Juin 2020, il sort l'album "Irvi" qui veut dire " chemin insubmersible " qui parle de la légende du chemin reliant deux terres, île à continent et qui n'est praticable qu'à marée basse. La force métaphorique des légendes celtiques donne au langage musical de Denez une attirance irrésistible : il chante le lien entre deux mondes. Pas seulement celui qui conduit la vie à la mort mais aussi celui qui flotte, qui résiste en apparaissant entre le corps et l'âme.

Et depuis 2021, les albums se suivent, il chante dans les cathédrales et les chapelles.


En 2023, c'est entouré d'un ensemble instrumental qu'il chante ses ballades celtiques.





Car Denez, au contact des nombreux musiciens, renouvelle sa musique. Il écoute les chants du monde, se rapproche des instruments propres à chaque culture, il va vers l'inconnu.

Il diversifie son répertoire en l'étendant aux modulations arméniennes, indiennes, andalouses, iraniennes...

A son actif, on peut dénombrer 9 albums, 3 live et une pléiade de concerts donnés dans toutes les villes de France et du monde.

Denez dessine aussi, il peint la côte bretonne, ses phares, ses rochers, sa rude pierre sauvage, un noroît cinglant l'anime, le ranime, le tient éveillé.

La notion de chemin est un thème récurrent chez Denez qui évoque les marcheurs, les troubadours qui parcourent la Bretagne en chantant et ce voyage devient un des sujets les plus examinés par Denez.

Conteur, poète, dessinateur, peintre, il compose sans cesse tout en sachant qu'il ne pourra jamais tout publier.

Denez cherche son chemin à travers la peinture, le dessin, la poésie et le chant. Il pose ses pas sur un chemin qu'il est seul à connaître mais quand on l'entend, on se dit qu'il est bien doux de se laisser embarquer !

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Ginette Flora

Mai 2024

4 commentaires


Colette Kahn
Colette Kahn
03 juin 2024

Oui, je me suis laissée embarquer...

Merci pour cette découverte, Ginette !

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Et là aussi , je suis tombée par hasard sur ce troubadour et je me suis laissée charmer !

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Bien belle découverte que ce troubadour ... Merci à toi ! Doux week end Ginette ..❤️

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Doux weekend à toi aussi, Viviane.

Oui, il y a encore des bardes qui sillonnent la terre !

J'en suis toujours charmée !

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